La Suisse acceptera-t-elle de prendre en charge l’entretien de ses chevaux de club pendant la crise?

En Suisse comme en France, les structures équestres font face à de graves difficultés depuis la prise de mesures de confinement pour lutter contre la propagation de la pandémie de Covid-19. Après un premier courrier visiblement resté sans réponse jusqu’à ce jour, la Fédération suisse des sports équestres (FSSE) et l’association Swiss Horse Professionals (SHP) se sont de nouveau adressés à la secrétaire d’État à l’Économie de Confédération helvétique (SECO), Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch, pour lui soumettre une proposition concrète d’une prestation de soutien en faveur des écoles d’équitation: prendre en charge l’entretien des chevaux de club pendant la crise. Pourrait-on appliquer des mesures similaires en France? Voici leur courrier.



“Madame la secrétaire d’État, 

Dans notre courrier daté du 26 mars dernier, nous vous avons rendue attentive à la problématique spécifique rencontrées par les écoles d’équitation dans le cadre des mesures fixées par l’Ordonnance 2 Covid-19 et en particulier au cas des chevaux utilisés pour l’enseignement de l’équitation. La situation se tend de jour en jour et, tout particulièrement dans la mesure où le Conseil fédéral a annoncé que les mesures actuellement en vigueur seraient intégralement maintenues jusqu’au 26 avril au minimum, les écoles d’équitations se trouvent confrontées à des difficultés croissantes. En effet, comme nous l’avions détaillé dans notre précédent courrier, les coûts inhérents à l’entretien des chevaux d’écoles sont incompressibles et le travail qu’ils nécessitent n’est pas réduit par l’interdiction de les utiliser dans des cours, bien au contraire. La situation est comparable à celle que vivrait un producteur laitier qui ne pourrait plus vendre son lait mais serait toutefois obligé de nourrir, d’entretenir et de traire ses vaches chaque jour. 

Au vu de cette situation nous demandons donc que la Confédération étudie la possibilité de soutenir à fonds perdu les écoles d’équitation pour la part de leurs charges liées aux chevaux d’école. Selon nos renseignements et estimations, il y a actuellement en Suisse environ cinq cents établissements qui dispensent des cours avec des chevaux leur appartenant et le nombre total de ces chevaux s’élèverait à environ cinq mille unités. Sur la base des chiffres que nous avons recueillis auprès de plusieurs établissements, le coût d’entretien d’un cheval d’école se situe entre 650 et 850 francs suisses par mois. Nous estimons donc qu’un montant de 800 par mois (soit un peu moins de 760 euros) et par cheval d’école permettrait aux écoles d’équitation de pouvoir, dès que la situation et les prescriptions du Conseil fédéral le permettront, reprendre leurs activités d’enseignement. Il est bien entendu important de s’assurer qu’une telle aide soit réservée aux chevaux utilisés pour l’enseignement. Cela est relativement aisé car tous les chevaux sont enregistrés individuellement dans la banque de données du trafic des animaux (BDTA) gérée par Identitas SA et ce avec leur propriétaire. La société Identitas SA que nous avons contactée, est disposée à fournir les données permettant ces contrôles.   

Concrètement nous proposons le fonctionnement suivant :
1. Chaque école d’équitation désireuse de profiter de ce soutien s’annonce auprès de Swiss Horse Professionals SHP
2. Elle indique dans sa demande le nombre et l’identité (numéro UELN) de ses chevaux/poneys d’école
3. Swiss Horse Professionals SHP contrôle et valide la demande
4. Une fois validée, la demande est transmise, avec les informations de paiement, à l’instance chargée des versements
5. Un montant de 800 francs par cheval/poney d’école est versé directement à l’école d’équitation pour la période allant du 14 mars 2020 au 13 avril 2020.
6. En fonction de l’évolution de la situation, un nouveau versement pro rata temporis sera effectué (au minimum mensuellement) et ce jusqu’à ce que l’utilisation des chevaux d’école pour des cours soit à nouveau autorisée.

Le coût total d’une telle action, qui dépend du calendrier des mesures d’assouplissement et du nombre d’établissements y recourant, peut être estimé entre 3 et 6 millions de francs, ce qui nous paraît absolument justifié eu égard au fait que, comme mentionné précédemment, les écoles d’équitation ne peuvent pas avoir recours aux prestations liées aux réductions d’horaire de travail, le travail restant quasiment identique que des cours soient donnés ou non.

Nous espérons une réponse rapide et positive de votre part, car tant l’avenir de nombreuses écoles d’équitation que celui des chevaux d’écoles qu’elles utilisent et, finalement celui du sport équestre en Suisse en dépendent. Nous restons bien entendu à votre entière disposition pour tout complément d’information et en vous remerciant par avance pour votre obligeance, nous vous présentons, Madame la secrétaire d’État, nos salutations distinguées.”