Rachel Wakefield est, avec sa « moitié » Michael Wynne, une figure majeure du commerce de chevaux dans l’univers du concours complet (ils œuvrent en la matière au sein de leur structure baptisée Uptown Eventing). En pleine pandémie, la jeune femme a montré une nouvelle facette de son talent en initiant un projet caritatif ambitieux destiné à soutenir le personnel soignant : The NAF Virtual 5* Eventing Competition. Le principe ? Une compétition internationale 5 étoiles de concours complet… virtuelle ! qui se déroulera du 6 au 10 mai prochain dates initialement prévues pour le mythique concours de Badminton, et sera diffusée en live sur internet. « Je voulais impliquer les gens au sein d’un événement fédérateur d’une façon amusante et en toute sécurité », explique-t-elle. 

Rachel raconte la genèse de projet : « J’ai pu observer dans les médias le désarroi du personnel soignant. Cela m’a donné envie de les aider. J’ai donc rédigé un post sur Facebook avec les grandes lignes du projet d’un événement sportif caritatif, et de nombreuses personnes se sont enthousiasmées. Alors les choses se sont précisées. Nous avons mis au point un format conforme aux règlementations de la Fédération britannique d’équitation ( BEF, British Equitation Federation), puis nous nous sommes lancés. Ensuite, tout s’est organisé via des groupes WhatsApp. Ça a été génial ! »

Une compétition virtuelle calquée en tous points sur le modèle réel

Génial, c'est le mot ! Un peu moins de quarante cavaliers professionnels de renom, toutes nationalités confondues, ont en effet répondu présent, de William Fox-Pitt (GB) à Boyd Martin (USA) en passant par Megan Jones (AUS), Joseph Murphy (IRL) et, pour la France, Thomas Carlile et Sébastien Cavaillon, entre autres. Ce dernier raconte la façon dont il s’est lancé dans ce projet inédit : « J’ai tout de suite été emballé, nos soignants ont besoin de nous ! J’ai toujours accepté de participer lorsque la cause me semble bonne... Je porte d’ailleurs systématiquement sur tous mes cross le Hannah’s Willberry Wonder Pony pour la lutte contre le cancer des enfants depuis qu’on me l’a proposé sur une étape de l’ERM. » 

Au programme, tout ce qu’il y a de plus classique : une visite vétérinaire, une reprise de dressage, un cross et un parcours de saut d’obstacles. Sauf que… Chaque compétiteur se filmera de chez lui. La visite vétérinaire consistera en un trot up, et c’est la tenue du cavalier et la prestance du couple qui seront jugées. Pour le dressage, chaque cavalier déroulera une reprise niveau 5 étoiles, qui sera jugée à travers leurs écrans par trois juges internationaux : Les Smith, Annabel Scrimgeour et Jane Tolley. Le cross verra les chevaux fortement économisés, puisqu’il s’agira d’épreuves essentiellement à pied mettant au défi les capacités sportives des cavaliers. Quant au saut d’obstacles, à l’heure où nous écrivons ces lignes, il n'a pas encore été décidé si chaque cavalier installera sur sa carrière un parcours dessiné par Steve Williams, ou si un plan b plus « pédestre » sera mis en place. « Il y a des défis physiques et d’adresse… On va dire que ça va car je suis sportif : en temps normal je vais deux fois par semaine à la salle de sport », s’amuse Sébastien Cavaillon.

Ce projet a inévitablement fait des vagues… Ainsi, à Badminton ça a un peu grondé à l’idée d’un Badminton virtuel, ce que le Virtual Eventing ne prétend pas du tout être, le seul point commun étant que les dates choisies sont les dates initiales du CCI5* de Badminton. La fédération britannique quant à elle a émis des craintes par rapport au fait que cette échéance pourrait être interprétée comme une incitation à monter à cheval, alors que les recommandations officielles sont de ne monter qu’en cas de nécessité absolue. Quant à la FEI, elle semble ne pas apprécier que des juges internationaux notent la reprise de dressage… Autant de « critiques » que Rachel dissout en martelant : « Chacun doit vraiment comprendre que nous faisons tout cela dans la seule intention de soutenir nos soignants, dans un but uniquement caritatif. » Un argument auquel Sébastien Cavaillon fait également écho : « Les éventuelles critiques ne sont pas fondées dans la mesure où tout cela est vraiment bon enfant, et uniquement pour la bonne cause, ce n’est en rien une compétition véritable. »

Une générosité… planétaire !

Oui, il est vraiment important de rappeler l’objectif exclusivement caritatif de l’initiative. Aucune dotation n’est prévue. Chaque pays lèvera des fonds pour une association caritative nationale. Si Rachel s’est pour la Grande-Bretagne associée à NHS Charities Together, en France les dons seront collectés pour la Fondation de France, à destination des hôpitaux français et de l’institut Pasteur. La procédure ? Tout un chacun peut, sur le site internet dédié (www.virtualeventing.com), faire un don du montant qu’il aura choisi.

Cette initiative fera-t-elle des petits ? Rachel se pose la question : « On ne sait pas ce que l’avenir nous apportera en la matière, mais pour le moment, la priorité est de lever des fonds pour soutenir le corps médical, c’est tout. » Ce à quoi Sébastien Cavaillon rajoute : « Il n’est pas évident de dire aujourd’hui si ces compétitions pourraient avoir un avenir, car on ne sait pas encore comment cela va être reçu par le public. » Il semble toutefois que la mouvance soit réelle, puisque nous n’avons pas manqué de noter l’initiative de l’ERM (Event Rider Masters) : contrainte d’annuler toutes ses échéances, l’entité n’a pas baissé les bras et vient de lancer la Simulated Event Rider Masters 2020 Season, en partenariat avec Equiratings : une saison virtuelle permettant au public de noter lui-même, à travers une application dédiée (Equiratings Eventing Manager App, EM App), les compétiteurs en partant de leurs performances passées. Une fois n’est pas coutume, le virtuel prend agréablement le pas sur le réel ! 

www.virtualeventing.com

Pour faire un don : https://fdf.friendraising.eu/virtual.eventing

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