DANS LE RÉTRO : Dans la Coupe des nations de La Baule en 2010, la France a mis un KO aux États-Unis
Nous sommes en mai 2010. Oubliées ces années noires de disette : la France nouvelle gagne! Tenante de la finale de la Coupe des nations en 2009, l’équipe de Laurent Elias réalise la meilleure entrée en matière qui soit pour cette édition 2010 : à La Baule, elle remporte la première étape de la Top League. La France sur la plus haute marche du podium de l’Officiel de France, ce n’était plus arrivé depuis… 2003!
C'est son boulot de sélectionneur, et disons qu’il le fait bien. Pour cette première étape de la Top League de la Coupe des nations, alors que d’autres couples français performants auraient également pu justifier de leur présence en équipe, Laurent Elias avait retenu quatre beaux mousquetaires et destriers : Pénélope Leprevost et Topinambour, Olivier Guillon et Lord de Theize, Michel Robert et Kellemoi de Pepita et enfin, Kevin Staut et Kraque Boom. Du tout neuf donc pour commencer, comme Topinambour qui ne courrait ici que sa deuxième Coupe des nations après celle de Lummen, et du plus confirmé pour clore les deux manches et peut-être ramasser les morceaux si casse il y a.
Et casse il y a eu! Sur le premier passage des dix nations qualifiées, six sont sans-faute ; pas la France. Dans le public, on murmure déjà que le parcours est trop simple, que l’épreuve ne restera pas dans les annales. “Le parcours est assez conforme à ce que j’aime construire“, se justifie le chef de piste Frédéric Cottier : “Il est technique pour les cavaliers, mais pas trop éprouvant pour les chevaux.“ Et effectivement, dès le deuxième représentant en piste, les choses se gâtent et les sans-faute sont plus rares. Conformément aux règles, à l’issue de la première manche, les deux équipes comptabilisant le plus grand nombre de points doivent s’arrêter : exit donc la Hollande et la Pologne, petit poucet heureux de son premier combat sur un tel ring : “Rendez-vous compte, l’an dernier, nous regardions l’épreuve de La Baule à la télévision et aujourd’hui nous la courrons : c’est extraordinaire“, s’enthousiasme Jan Chrzanowski : “L’équipe est globalement satisfaite de sa prestation : le quatrième cheval a particulièrement mal répondu car il a du remplacer au pied levé le cheval de tête de Tomasz Klein, blessé. Mais les trois autres ne font pas plus de deux fautes chacun : ce n’est pas si mauvais pour un tel niveau, que nous découvrons quasiment tous les quatre.“ À ce moment-là de la compétition, menée par trois équipes ex-æquo (la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne), tout est encore possible pour les huit nations encore en lice.
La deuxième manche : un match France-États-Unis
Dès la fin du premier passage de cette deuxième manche, la tendance semble donnée. Alors que de nombreuses équipes ont préféré laisser partir en quatrième position leur couple le plus sûr, la Grande-Bretagne a jeté son meilleur atout en entrée de jeu : Michael Whitaker et Gig Amai, huit points, amputent très largement les espoirs anglais dès le début de cette deuxième manche, et laissent un boulevard aux deux équipes favorites : la France et les Etats-Unis, qui ne vont cesser de se renvoyer la balle, créant dans le public une ambiance et un suspense finalement des plus enthousiasmants. Premiers à partir côté américain, Richard Spooner et Cristallo signent le sans-faute (leur deuxième sur cette Coupe des nations). Face à eux, Pénélope Leprevost et Topinambour renversent une barre, comme en première manche… Hillary Dobbs et Quincy B viennent inverser la tendance, alors en faveur des Américains : avec neuf points côté américain et le deuxième sans-faute de Kellemoi de Pepita, la France reprend la tête. Arrivent alors Mario Deslauriers et son Urico, sans-faute. Il fallait avoir le coeur solidement attaché, vous avaiton prévenus ! À Deslauriers, répondent Olivier Guillon et Lord de Theize : sans-faute, avantage à la France! Pour son dernier passage, l’équipe américaine sort son couple champion olympique, qui face au couple français champion d’Europe… ne tiendra pas! McLain Ward et Sapphire font une faute dès le premier obstacle, là où Kevin Staut et Kraque Boom alignent un clear round. La France s’impose chez elle, devant son public, pour le coup en folie!
“Le travail finit toujours par payer“
“Quel bonheur d’avoir à ses côtés de tels cavaliers“, commente alors Laurent Elias, euphorique ! “Des concours comme La Baule et des épreuves comme les Coupes des nations leur donnent réellement envie de se surpasser : le public vibre avec eux et les porte réellement. C’est sincèrement à leur honneur de sortir sur ces Coupes des nations, qui ne sont pas les concours les mieux dotés qui soient.“ Et le sélectionneur d’être approuvé par le doyen de l’équipe, Michel Robert : “L’an dernier à cette même période, je disais déjà que nous avions de magnifiques cavaliers, je pensais déjà à mes trois coéquipiers du jour avec lesquels je suis si heureux de gagner. J’aurais du être à Hambourg, sur le Global Champions Tour, mais lorsque Laurent m’a appelé, je n’ai pas su refuser : courir au sein de cette équipe est une vraie chance.“
Plus sérieusement, Olivier Guillon a souhaité revenir, après le tour d’honneur, sur les gros efforts réalisés au niveau fédéral et qui permettraient aujourd’hui à l’équipe d’assurer de tels résultats : “On nous permet de travailler avec Henk Nooren, ce qui est une grande chance. J’en ai profité il y a une quinzaine de jours et je sais que Pénélope et Kevin s’entraînent régulièrement avec lui depuis un an. Cela nous fait le plus grand bien.“ Interrogée sur ses deux fautes, Pénélope Leprevost explique être tout de même largement satisfaite de Topinambour : “Il est un peu jeune, et je ne l’ai pas monté au mieux aujourd’hui. Il a toujours eu du potentiel mais était au début un peu fort pour moi. Donc nous avons pris notre temps avant de sortir à ce niveau de compétition. C’est finalement allé plus vite que prévu et je crois qu’il a désormais toute sa place sur de gros concours comme La Baule maintenant. Il ne reste donc qu’à lui donner un peu de métier.“ Et du métier, Topinambour aura sans doute l’occasion d’en prendre sur les autres épreuves de la Top League : “Notre objectif cette année n’est pas tant de remporter la Coupe des nations que d’être toujours en Top League en 2011 tout en ayant préparé les Jeux équestres mondiaux sereinement“, souligne Laurent Elias. Après donc les autocongratulations, place de nouveau à la réalité d’une année sportive des plus chargées. Mais qui commence tellement bien pour l’équipe de France!
Cet article est paru dans le magazine GRANDPRIX de juin 2010.