“Nous souhaitons résolument aller de l’avant”, Sylvie Robert

Comme annoncé dès hier soir, le salon Equita Lyon et son indissociable concours hippique international, disputé aux couleurs de Longines, devraient bien avoir lieu en 2020. Une bonne nouvelle pour les mordus d’équitation de haut niveau, alors que le calendrier sportif 2020 de la Fédération internationale se réduit un peu plus chaque jour. Une belle et noble intention aussi de la part du groupe GL events, géant mondial de l’événementiel dont le siège se situe à Lyon et qui est très attaché à ce rendez-vous organisé depuis vingt-six ans à Eurexpo, son centre de conventions et d’exposition. Entourée de ses équipes, Sylvie Robert, présidente de GL events Equestrian Sport, fera donc tout pour que le prochain week-end de la Toussaint soit synonyme de fête pour la grande famille du cheval.



Comment allez-vous et dans quel état d’esprit êtes-vous en ce moment?

Je me sens bien. Depuis notre annonce d’hier soir, j’ai reçu beaucoup de messages positifs et encourageants de la part de différents acteurs de la filière, ce qui fait évidemment chaud au cœur. Mon équipe et moi sommes très motivés et heureux de remettre le pied à l’étrier en vue du salon Equita Lyon et de Longines Equita Lyon, notre concours hippique international. Nous n’avons jamais vraiment arrêté de travailler dans le sens où nous avons entamé la préparation de l’édition 2020 dès la fin de l’édition 2019, mais nous avons effectivement lancé hier la commercialisation des espaces d’exposition et, par là même, confirmé officiellement notre intention d’être fidèles au poste, comme chaque automne depuis plus de vingt-cinq ans. Tout le monde est optimiste et hyper motivé, ce qui fait super plaisir à voir et à entendre. Notre machine de guerre est lancée!

C’est d’autant plus positif que la maison Hermès et vos équipes ont dû renoncer à organiser le Saut Hermès au Grand Palais, initialement programmé du 20 au 22 mars, juste après le début du confinement…

Le coup a été terrible parce que nous avons vraiment cru jusqu’à la dernière minute que nous pourrions délivrer ce magnifique événement avec une jauge journalière limitée à cinq mille personnes. Nous avions tout fait avec les autorités pour anticiper un maximum de scenarii, y compris une réduction de la jauge. Quand est tombé le décret qui a rendu impossible la tenue du Saut Hermès, nous avons dû nous résoudre à cette annulation. Les dirigeants de la maison Hermès étaient aussi désolés que nous parce qu’ils sont très attachés à cet événement. Et en quelques jours, nous avons vu le monde s’arrêter et les populations de très nombreux pays se retrouver confinées, ce qui était indispensable pour protéger notre santé. De nombreux concours ont été annulés, y compris le CHI de Bois-le-Duc, alors que tout était monté et que chevaux et cavaliers étaient déjà arrivés sur place, ce qui a dû être terrible. Et au-delà, tous les événements culturels et populaires ont été dû être annulés ou reportés, sans parler de toutes les entreprises et organisation dont l’activité a été stoppée ou extrêmement réduite… C’est incroyable. Tout le monde est impacté par cette crise, ce qui nous invite à la fois à la réflexion, à l’humilité, à un retour à l’essentiel et à prendre soin de autres et de soi.

On est à un peu moins de six mois de l’ouverture d’Equita Lyon. Sachant qu’on ne peut absolument pas prédire ce que sera la situation sanitaire fin octobre, ni même un ou deux mois avant, de quelle manière préparez-vous cette édition 2020?

Notre mot d’ordre est d’avancer, donc nous organisons la salon comme d’habitude, même si nous ne savons effectivement pas de quoi demain sera fait. La commercialisation de nos espaces d’exposition est lancée. La billetterie ne devrait plus tarder. Nous avons retravaillé tous nos documents de communication parce que nous avons décidé de conserver nos tarifs pratiqués en 2019 pour toutes les prestations proposées aux exposants, éleveurs, compétiteurs, visiteurs et hôtes de nos espaces d’hospitalité. Ce ne sera pas simple parce que les coûts augmentent mécaniquement chaque année, mais c’est un geste de solidarité vis-à-vis de toute la filière du cheval, à laquelle nous sommes profondément attachés. Nous espérons que tout se passera au mieux, y compris nos compétitions sportives, à commencer nos étapes des Coupes du monde de saut d’obstacles, pour laquelle un contrat pluriannuel a été signé avec la Fédération équestre internationale, dressage et attelage, sans oublier le Jumping Ponies’ Trophy, circuit Poneys indoor créé par la FEI. Nous travaillons main dans la main avec elle comme avec la Fédération française d’équitation. De plus, nos partenaires se sont globalement engagés à nous suivre, ce qui est évidemment fondamental à la réussite de notre événement. Je pense notamment à la Laiterie de Montaigu, qui s’est exprimée sur le site internet de GRANDPRIX avec des mots très agréables et rassurants.

Quelle sera la situation en France et dans le monde dans six mois? On ne le sait pas, mais on ne peut pas rester sans rien faire. Les affaires doivent reprendre. Le Tour de France, le tournoi de tennis de Roland-Garros et les championnats professionnels de football, rugby et autres devraient reprendre à la rentrée. Rien ne sera plus jamais pareil, mais nous voulons résolument aller de l’avant. Si nous devons nous adapter à de nouvelles exigences sanitaires, mettre en place des sens de circulation dans les allées du salon, par exemple, nous le ferons. Et nous espérons évidemment que la pandémie soit contenue et que les médecins trouvent des traitements efficaces permettant de réduire au maximum la mortalité liée au Covid-19.



“Ce qui se passe est clairement cataclysmique”

Compte tenu de toutes les annulations qui s’enchaînent depuis bientôt deux mois, Equita Lyon pourrait être une grande fête du cheval à la valeur très symbolique dans une telle année!

C’est ce que nous souhaitons pour toute notre filière, dans le respect des règles imposées et dans un esprit de responsabilité. Nous y mettrons toute notre énergie et tout notre cœur.

Vous présidez GL events Equestrian Sport, filiale d’un groupe leader mondial dans l’événementiel qui intervient à tous les niveaux dans les grands rassemblements humains. Ce secteur économique très important est à l’arrêt total depuis près de deux mois. Comment le groupe présidé par votre frère, Olivier Ginon, gère-t-il cette période inédite?

Ce qui se passe est clairement cataclysmique. Je suis actuellement à Lyon, au quatrième étage du siège du groupe, celui où travaille la direction. Aujourd’hui, nous ne sommes que six ou huit, beaucoup moins qu’avant le début de cette crise. En temps normal, environ quatre cents personnes se croisent chaque jour dans cet immeuble. Tous les sites du groupe sont fermés dans le monde entier. La direction générale se réunit tous les jours en visioconférence pour adapter sa stratégie. Bien entendu, l’un des objectifs est de réduire drastiquement les coûts. Beaucoup de collaborateurs sont au chômage partiel; un maximum d’autres sont en télétravail. Nous nous serrons les coudes et nous préparons à reprendre nos activités dès que nous le pourrons, dans toutes les régions du monde, y compris au Japon, où nous contribuerons à l’organisation des Jeux olympiques de Tokyo (qui ont été reportés à l’été 2021, ndlr). De nombreux autres rendez-vous sportifs, culturels ou commerciaux ont été remis à des dates ultérieures, et nous ferons tout pour en délivrer un maximum.



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