“L’histoire se termine ici mais redémarrera ailleurs”, Kamel Boudra
Le 18 mai, le groupe Altice, dont fait partie RMC Sport, annonçait un vaste plan d’économies, notamment lancé pour surmonter les effets de la crise sanitaire actuelle. BFM et RMC en ont été les victimes collatérales. Pour cette dernière, exit l’athlétisme, le tennis, mais aussi l’équitation, portée par Kamel Boudra et ses équipes depuis trois saisons. Au lendemain de cette annonce, l’emblématique présentateur et commentateur qui s’est fait connaître au micro de la très souvent regrettée Equidia Life s’est confié à GRANDPRIX sur la situation et ses espoirs.
Pourquoi les sports équestres ont-ils été rayés de la grille des programmes de RMC Sport ?
Les « petits » sports traversent une période très difficile, d’autant plus que les chaînes sportives n’ont rien à offrir à leurs clients depuis des mois. En conséquence, les gens se désabonnent et les annonceurs ne sont plus là. Tout le groupe a perdu beaucoup de publicité, c’est la raison pour laquelle l’omnisports ne fonctionne plus. Les sports équestres n’ont pas été les seuls touchés car le tennis et l’athlétisme ont également été victimes de ce plan d’économies. Cela faisait trois saisons que je travaillais pour RMC Sport aux côtés d’Alice Weill et de Camille Thomas. Nous avons pu bénéficier d’outils et d’un studio incroyables, sous l’œil d’une direction extrêmement professionnelle. Les rapports humains ont été excellents dans cette maison, ce qui est vraiment chouette.
Comment comptez-vous rebondir ?
L’histoire se termine, cela ne me fait pas rire, mais je me dis que c’est fini ici et que cela va redémarrer ailleurs. C’est la vie de la télé et du sport ! Il en va de même pour le football, qui se balade de chaîne en chaîne. Pendant le confinement, j’ai rediffusé sur mes réseaux sociaux d’anciens numéros de Profession cavaliers (tournés au début des années 2010, ndlr) qui ont attiré en tout plus d’un million de personnes. Je me dis que l’on peut donc fédérer et que les gens vous suivent en créant du contenu de qualité et en nous mettant modestement au service de leur passion. Pour ce qui est de la suite, je ne ferai donc pas n’importe quoi et j’attache un point d’honneur à la qualité des choses produites. Quoi qu’il en soit, on va revenir ! Comme j’aime à le dire depuis mardi, « ce n’est pas parce que j’ai essuyé un refus que je vais être éliminé ». Certes, pour l’équitation, il s’agit d’une perte importante. Nous avions créé une émission (Horse Series, un magazine exclusivement dédié aux sports équestres, ndlr) pour laquelle les invités venaient de toute l’Europe. Tout grandissait… Mais quoi qu’il en soit, il y a des choses bien plus grave. Pour l’heure, les projets futurs sont encore à l’état embryonnaire. J’ai déjà connu une transition, j’y arriverai cette fois encore. En tout cas, le soutien des gens m’encourage énormément. J’ai reçu des tonnes de messages en quelques heures, j’ai l’impression d’avoir gagné les Jeux olympiques alors que j’ai perdu mon job (rires) !
Plus largement, quel regard portez-vous sur l’impact de la crise sanitaire engendré par la pandémie de Covid-19 sur la filière équestre ?
Pour ce qui est des Jeunes chevaux, cela devrait aller grâce au ministère de l’Agriculture. La Société hippique française devrait voir sa saison sauvée (les concours réservés aux jeunes chevaux vont pouvoir reprendre dès le 25 mai, ndlr). Là où les choses doivent s’arranger, c’est au niveau international. J’ai bon espoir que la Coupe du monde puisse reprendre en octobre, c’est important. Je dois dire que cette conjoncture me fait peur, j’espère que ça va aller. Plus fondamentalement, je crois que la réflexion qui doit être menée à cause ou grâce à cette crise est presque politique. À chaque fois, je rencontre un problème pour vendre les sports équestres aux chaînes de télévision. Il y a trop de compétitions et de circuits partout, et tout le temps. Lorsque j’ai rencontré l’acheteur du groupe RMC et que j’ai tenté de lui expliquer quelles compétitions étaient importantes, il ne comprenait pas. À titre comparatif, il y a beaucoup moins de subtilités en football ou en F1. Je crois qu’il y a un véritable problème de coordination lorsque l’on voit que trois CSI 5* se déroulent un même week-end. Je pense que nous devrions calmer le jeu et revenir à des choses plus « biologiques » et proches de la nature des chevaux, sinon tout devient incompréhensible, c’est la surenchère et on arrive à l’overdose. D’autant plus qu’il n’y a pas un règlement qui est le même ! Il y a de fait une corrélation entre cela la difficulté à vendre l’équitation à une chaîne de télévision.