Après s’être organisé, le poney-club de Savennes rouvre ses portes
De nombreuses structures équestres ont subi la crise liée à la pandémie de Covid-19 de plein fouet. Si les activités se sont arrêtées dès la proclamation du confinement, les chevaux ont nécessité soins et entretien. Depuis le 11 mai, les centres équestres et poney-clubs ont pu accueillir de nouveau des cavaliers. Cependant, cela ne s’est pas fait sans précautions et aménagements. Le poney-club de Savennes, situé aux confins de la forêt de Chabrières dans la Creuse, à quelques kilomètres de Guéret, a dû se réorganiser pour appréhender au mieux le retour de ses licenciés. Un exemple qui illustre la réalité de beaucoup de structures équestres.
Pas question d’organiser - pour l’instant - une grande fête avec tous les cavaliers du poney-club de Savennes pour fêter la réouverture. Coronavirus oblige, les retrouvailles se sont faites avec les distances de sécurité réglementaires et dans le respect des autres mesures barrières. “J’ai mis en place des stations de gel hydroalcoolique, sous forme de distributeurs, à des endroits stratégiques dans les installations, notamment à l’entrée des écuries”, explique Claire Grosshenny Lang, qui s’occupe du côté administratif de la structure. Tout a été pensé pour répondre aux mesures barrière : chacun utilise son propre matériel, les aires communes sont désinfectées de façon régulière et les selleries sont condamnées. Le port du masque est également préconisé, notamment pour les parents, amenés à passer du temps sur place.
Malgré la nouvelle réglementation stricte, la centaine de licenciés est revenue avec le sourire, tout en restant responsable. “Les enfants jouent le jeu et respectent les consignes sanitaires”, atteste Claire Grosshenny Lang. Et à défaut de pouvoir se voir pendant le confinement, la grande famille du poney-club est restée connectée sur les réseaux sociaux, avec des défis et vidéos humoristiques.
Les yeux déjà rivés sur 2021
Pendant le confinement, la cavalerie de club a profité de quelques semaines de vacances, dans les prairies creusoises. Certains poneys ont continué le travail, notamment sous la selle du fils des gérants, Yannis Grosshenny Lang, permettant ainsi une reprise du travail optimale. Les chevaux de propriétaires ont aussi bénéficié d’un entretien continu. “Nous avons tenu à ce que nos propriétaires ne perdent pas le travail effectué avant le confinement. Nous avons continué à entretenir leurs montures musculairement et moralement”, souligne Maxime Kinet, moniteur au sein de la structure. “J’ai eu des nouvelles très régulières, par photos ou vidéos”, salue quant à elle Roxane Fournely, l’une des quatorze propriétaires de l'écurie.
Si l’annonce de l’annulation des championnats de France 2020 a attristé gérants et enfants, focalisés sur cet objectif depuis septembre dernier, les yeux se tournent vers la prochaine édition du Generali Open de France. “Nous ne nous laissons pas abattre et préparons déjà Lamotte 2021”, assure Claire Grosshenny Lang. D’ores et déjà, l’organisation se met en place pour la rentrée prochaine. “Certains cavaliers ont grandi et vont passer à cheval, d’autres ont progressé et vont concourir sur des épreuves plus importantes. Ils devront donc monter des poneys plus adaptés”, précise Maxime Kinet.
Les écuries, qui proposent la pratique de plusieurs disciplines, devraient être représentées en équifun et saut d’obstacles. “On commence déjà à chercher les poneys pour 2021. Nos coachs essayent de nous donner des objectifs et de nous remotiver”, reconnaît Jade Grenaud, cavalière aux écuries. “Je suis impatiente pour la saison à venir !” Et Roxane d’ajouter : “Pendant le confinement, par téléphone, les propriétaires de l’écurie ont continué à rechercher un nouveau cheval pour moi. Cela s’est concrétisé il y a quelques jours, et je les en remercie. Désormais, l’objectif est d’aller aux championnats de France avec lui !”
Une reprise d’activité nécessaire
Pour Philippe Grosshenny, gérant de la structure et cavalier professionnel, les objectifs ont aussi été modifiés. Privé de compétition, le pilote se concentrera sur ses jeunes montures, à travers le circuit de formation de la Société hippique française (SHF). “Économiquement, il fallait que ces concours reprennent, surtout vis-à-vis des clients qui nous confient leurs chevaux”, explique-t-il. La reprise des différentes activités restait nécessaire de tout point de vue. “La réouverture a été plus qu’attendue. Cela devenait assez urgent financièrement”, confie Maxime Kinet. En privilégiant le bien-être de la cavalerie, le poney-club s’est privé de certaines parcelles, originellement destinées à produire du foin pour l’hiver et qui ont finalement accueilli les équidés durant la période de confinement. “Nous avons perdu quelques pensionnaires et dû racheter du foin”, confirme Claire Grosshenny Lang.
Malgré tout, l’incertitude continue de régner. En effet, la SHF a annoncé vouloir mettre en place un système de points, pour verser ultérieurement les gains aux cavaliers. Cette dotation provient du Fonds éperon, qui dépend des courses hippiques, elles-mêmes en sursis en ces temps difficiles. “C’est avant tout la formation qui prime. Un cheval de quatre ans qui ne sort pas en concours prendra forcément du retard”, relativise toutefois le pilote. Si ses objectifs, notamment celui de la Grande semaine de Fontainebleau, ont aussi été modifiés, Philippe Grosshenny reprendra le chemin des compétitions début juin avec ses jeunes montures. De leur côté, les cavaliers du poney-club, qu’il entraîne de temps à autre lors de stages, espèrent pouvoir participer à quelques épreuves intra-club, dès le mois prochain. Une demande d’organisation de compétitions internes, comptant pour les championnats de Lamotte-Beuvron 2021 a été formulée auprès de la Fédération française d’équitation et du Comité régional de Nouvelle-Aquitaine. Dans tous les cas, au poney-club de Savennes, entre deux lavages de main, les esprits sont tournés vers le futur.