“L’idéal serait de pouvoir travailler en dehors du cheval tout en continuant à concourir à haut niveau en parallèle”, Anouk Canteloup
Double médaillée d’or en Junior aux championnats d’Europe Longines de concours complet de Fontainebleau en 2018, puis vice-championne d’Europe par équipes l’année suivante aux Pays-Bas, cette fois-ci chez les Jeunes Cavaliers, Anouk Canteloup a pu continuer à s’entraîner pendant le confinement aux côtés de son complice européen Daniel Del Impermeable. Malgré l’annulation du prochain championnat continental de complet, l’amazone reste positive. Elle s’est confiée à GRANDPRIX sur cette période sans concours, ses études et son envie de continuer à évoluer aux côtés de son crack gris.
Comment avez-vous vécu le confinement ?
Je l’ai bien vécu, voire très bien. En tant que cavalier on est quand même privilégié, notamment quand on a des chevaux à proximité ou à la maison. On a pu continuer à monter quotidiennement, contrairement à certains sportifs qui ont complètement arrêté de s’entraîner. C’était une vraie chance, j’ai pu travailler mon unique cheval tous les jours. Cela m’a aussi permis de me plonger pleinement dans mes révisions et de bien me concentrer car j’étais relativement peu occupée. Je suis de nature très casanière, donc je n’ai pas l’habitude de sortir beaucoup. Le matin je montais à cheval, l’après-midi je révisais, en fin d’après-midi je faisais du sport… J’ai aussi pu monter tous les matins un petit cheval de course à l’entraînement, pendant environ un mois et demi, ce qui était assez sympa car je ne l’avais jamais fait. Globalement, j’ai bien vécu le confinement, je faisais partie des chanceux.
En quoi a consisté le programme de votre cheval Daniel Del Impermeable pendant ces deux mois ?
Pour le programme de mon cheval, l’inconvénient est que nous n’avions plus accès à la forêt. En conséquence, nous avons été contraints de travailler en carrière pendant deux mois. On sait s’adapter avec beaucoup de travail sur le plat et des petites gymnastiques. Je dirais que le plus compliqué a été de le maintenir en forme physiquement, musculairement et dans son souffle, mais aussi de lui garder un bon moral et ne pas le blaser. La carrière pendant deux mois, c’est assez rébarbatif, mais en dehors de cela, tout s’est plutôt bien passé.
L’année dernière, vous avez été sacrée vice-championne d’Europe par équipes dans la catégorie Jeunes cavaliers aux Européens de Maarsbergen, aux Pays-Bas. Cette année, les Européens prévus à Hartpury, au Royaume-Uni, ont été annulés. Comment avez-vous accueilli la nouvelle ?
Je pense que comme moi, beaucoup de cavaliers sont déçus. À cela s’est ajoutée l’annulation des Jeux olympiques, mais il s’agissait de la solution la plus raisonnable. Pour nous, Jeunes Cavaliers, c’est frustrant, car nous n’avons que trois ans pour participer aux championnats. Ce sont des années précieuses. Quand on perd un an, on est forcément déçu mais on se prépare au mieux et on pense à la suite. Ce n’est pas grave, c’est comme ça.
Les championnats d’Europe Jeunes Cavaliers de Segersjö (du 26 au 29 août en Suède) seront-ils votre objectif la saison prochaine, qui sera votre dernière année dans les catégories jeunes ?
Absolument. J’ai envie de me préparer encore mieux pour l’année prochaine. Ce sera notre dernière chance d’y aller et de décrocher une médaille.
Pensez-vous pouvoir concourir à nouveau cette année ?
Pour l’instant, on est encore dans le flou. Je pense que nous allons tout de même pouvoir refaire quelques concours avant la fin de l’année. En tout cas, je continue de m’entraîner, j’essaie d’être prête pour pouvoir redémarrer dès que les concours reprendront. Nous verrons comment la suite s’annonce.
Actuellement, vous n’avez qu’un seul cheval, Daniel Del Impermeable. Souhaiteriez-vous récupérer un second cheval prochainement, pour préparer la relève ?
Pour l’instant non, mes études me prennent beaucoup de temps. J’aime bien me concentrer sur un seul cheval et vraiment me focaliser sur lui. Je me régale avec Daniel, pour l’instant je ne suis pas prête à passer à autre chose. J’espère aller le plus loin possible avec lui. La suite se fera naturellement, mais pour l’instant je préfère me consacrer à lui.
“Je fais confiance à la Fédération pour mettre en place les bonnes mesures sanitaires”
Vous êtes actuellement en études de chiropraxie. Comment se sont passées vos cours durant cette période de confinement ?
Avec le confinement, j’ai continué à faire mes cours théoriques en ligne et cela n'a pas changé grand-chose. La première année est souvent lourde et dense car elle ressemble un peu à une première année de médecine et l’école m’a permis de pouvoir la faire en deux ans. L’année dernière, j’ai pu valider certaines matières théoriques et pratiques, comme celles de palpations pour lesquelles on est obligé d’être à l’école. Cette année, il ne me restait que des matières théoriques, donc je n’avais plus besoin de me déplacer pour suivre les cours pratiques. J’essaie de faire un maximum de travail chez moi car cela me prenait tout de même une heure et demie aller et une heure et demie retour pour me rendre à l’école.
Souhaitez-vous devenir cavalière professionnelle ?
Je fais des études de chiropraxie car cela me passionne vraiment, ce n’est pas un second choix. Je souhaite garder l’équitation en loisir, mais ça ne veut pas dire ne pas faire de haut niveau, ce qui me fait rêver. Quand on y goûte, c’est difficile de le lâcher d’un coup, d’arrêter les compétitions et de ne faire que du loisir. J’aurais du mal à me passer de l’adrénaline que cela procure. L’idéal serait de pouvoir exercer mon métier et continuer à concourir à haut niveau en parallèle, avec un ou plusieurs chevaux.
Pensez-vous qu’il est important de continuer ses études et d’obtenir un diplôme, pour assurer son avenir ?
Cela dépend de chacun, mais je pense que se lancer à cent pour cent dans les chevaux représente un risque pour différentes raisons, notamment si l’on vient à avoir des problèmes de santé. Je pense qu’il est important d’être ouvert sur d’autres horizons. Par exemple, mon copain, Victor Levecque, étudie à Sciences Po. Je pense que cela l’aide beaucoup au quotidien pour gérer son entreprise. Cela lui permet de créer un réseau et de parfaire sa méthodologie. Étudier en parallèle du sport est à mon sens très important.
Quel impact pensez-vous que cette crise aura sur le complet ? Avez-vous peur pour votre discipline ?
Peur pour mon sport non, car cette crise a permis de remettre beaucoup d'aspects en question et de mener des réflexions, comme par exemple au sujet de la sécurité. Des choses vont être mises en place et tout devrait avancer dans le bon sens, en tout cas je l’espère. Par ailleurs, je fais confiance à la Fédération pour mettre en place les bonnes mesures sanitaires et que tout puisse reprendre le plus rapidement possible.