Les organisateurs réclament de la FEI une baisse des dotations minimales en CSI
Les organisateurs de concours lancent un signal d’alarme collectif. Dans un courrier transmis hier à Ingmar de Vos et Kevin Staut, présidents respectifs de la Fédération équestre internationale (FEI) et du Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles (IJRC), et signé des mains de Peter Bollen et Ian Allison, son président et son vice-président, Equestrian Organisers (le nouveau nom de l’International Equestrian Organisers Alliance) demande notamment à la FEI d’abaisser jusqu’au printemps 2021 les minima de dotations des CSI 3*, 4* et 5* ainsi que ceux des épreuves comptant pour le classement mondial. Selon ce syndicat, faute d’un geste fort de la FEI et d’une solidarité des autres parties prenantes – il est d’ailleurs étonnant que cette lettre n’ait pas été aussi adressée au Club des propriétaires – il ne faudra pas s’étonner que presque tous les grands concours soient annulés… Voici la lettre en intégralité.
“Bruxelles, le 7 juin 2020,
Cher président de la FEI, Ingmar de Vos,
Cher président de l’IJRC, Kevin Staut,
Les trois derniers mois ont constitué un chapitre dont nous nous souviendrons longtemps pour de nombreuses raisons. Nous vivons dans une ère qui a mis à l’épreuve tous les éléments de notre communauté équestre… et du monde.
En tant qu’organisateurs, nous avons été impactés de manière variée et matérielle depuis le début de la crise COVID-19. Le retour à un état de normalité reste une supposition. Ce retour entraînera des risques supplémentaires et une certaine innovation, ainsi qu’une attente (exigence) de conformité et d’appréciation du nouveau monde dans lequel nous opérons et organisons nos événements. Le protocole pour une sécurité accrue face à la pandémie de Covid-19 récemment publié par la FEI est certainement un document très bien pensé et nécessaire, fournissant des orientations essentielles pour repartir de l’avant. Ce sera très certainement un pilier fondamental pour la reconstruction de notre sport. Et cela entraînera également des coûts supplémentaires et des défis de gestion pour les organisateurs.
Notre organisation travaille fièrement et en étroite alliance avec la FEI, l’IJRC et toutes les autres parties prenantes, reconnaît un devoir de diligence – et des responsabilités juridiques et financières – pour faire en sorte que les sports équestres reprennent selon un modèle efficace, responsable et durable. Il est important que le sport puisse entamer sa renaissance pour l’ensemble de l’économie équestre, non seulement les organisateurs et les cavaliers, mais aussi pour tout le spectre des affaires autour du sport équestre. Après trois mois complets d’activités suspendues dans le monde, il pourrait bien y avoir de la lumière au bout du tunnel. Sortir de ce tunnel sera très difficile pour beaucoup; beaucoup, semble-t-il, ne pourront peut-être pas continuer dans ce sport où ils ont investi leur vie et des ressources incommensurables. Lors de nombreuses conférences téléphoniques avec nos membres, nous avons clairement identifié les défis suivants pour le reste de l’année 2020 et le premier semestre de 2021:
- De nombreuses entreprises voient leurs revenus baisser de façon importante. Pour survivre à cette crise, ils doivent réduire leurs coûts. Le premier coût qu’ils réduisent est celui liés au sponsoring et aux réservations d’espaces d’hospitalité. Nous estimons que ces revenus pour les CSI 3*, 4* et 5* seront réduits d’au moins 40 % en 2020 et au premier semestre de 2021.
- En ces temps difficiles, il est presque impossible de trouver de nouveaux sponsors, car toutes les entreprises sont sur en mode survie.
- En raison de la distanciation sociale, les gens auront peur ou seront légalement privés d’assister à de grands rassemblements tels que les CSI indoor de niveaux 3*, 4* et 5*. Même lorsqu’il n’y avait pas de limitations en termes d’accueil de public, nous nous attendons à une baisse des ventes de billets entre 20 et 30%. Pour de nombreux concours indoor, la vente de billets représente 30 à 50% des revenus. Le fait qu’il y ait moins de public aura également une influence négative importante sur les revenus liés à la restauration, aux ventes d’espace d’exposition commerciale, ainsi que de sponsoring.
- Il est très possible que les autorités nationales limitent la présence de public aux événements de masse organisés dans des halls (par exemple, une personne pour 3 m2), ce qui provoquerait une baisse des ventes de billets de 50%. De nombreux organisateurs ont calculé les conséquences de cette situation sur leur budget. Cela signifierait une perte de 500.000 à 800.000 euros. Certains ont indiqué que les pertes se chiffreraient en millions! Aucun organisateur ne prendra ou ne devrait prendre un tel risque.
- Les organisateurs auront des coûts considérablement accrus pour la santé, la sécurité et la surveillance, en raison de toutes les mesures supplémentaires qui doivent être prises face au Covid-19.
“Si nous n’agissons pas immédiatement, tous les CSI 3*, 4* et 5* seront sûrement annulés pour les six prochains mois”
Pour un CSI 3*, 4* ou 5*, la solution la plus simple est naturellement d’annuler. Aujourd’hui, de plus en plus d’événements sont en train d’être annulés, et cela devrait continuer. Cependant, certains organisateurs comprennent à quel point il est important que le grand sport reprenne ses droits, au profit de toute la communauté équestre. Ils ne pourront organiser leur prochain CSI 3*, 4* et 5* que s’ils peuvent mettre en œuvre et gérer sérieusement une réduction de coûts d’au moins 500.000 euros par événement. Si nous n’agissons pas immédiatement, tous les CSI 3*, 4* et 5* seront sûrement annulés pour les six prochains mois. Nous devons agir maintenant pour éviter cela.
Nous comprenons parfaitement que la FEI accorde toute son attention à la myriade de problèmes auxquels notre communauté est confrontée. À cet égard, les organisateurs se sentent tenus d’avoir un dialogue continu avec la FEI pour permettre une planification préventive afin de réussir stratégiquement et tactiquement cette reprise des sports équestres. De toute évidence, nous pensons que ce dialogue doit reconnaître les priorités que nous voyons dans le rendement à court et à moyen afin de nous donner les meilleures chances de succès durable à long terme. Les organisateurs équestres estiment actuellement que les questions suivantes nécessitent des décisions et des directives immédiates de la FEI:
- Une réduction des critères minimaux de dotation des CSI, CSIO et CSI-W de niveaux 3*, 4* et 5* de 40%, jusqu’à la fin de la prochaine saison indoor, soit jusqu’à la finale de la Coupe du monde 2021. Le prizemoney représente 20 à 40% du budget des CSI 3*, 4* et 5*, et même plus dans certains cas. Les organisateurs doivent avoir la possibilité de réduire cette dépense si c’est nécessaire à la survie de leur événement.
- Une réduction de 30% de la dotation minimale des épreuves comptant pour le classement mondial, en conséquence de la réduction de la dotation totale offerte, jusqu’à la finale de la Coupe du monde 2021, ou au-delà. De fait, c’est peut être le moment opportun d’introduire un nouveau système de classement certains des différents modèles évalués par l’IJRC par le passé.
- Une réduction des frais prélevés par la FEI commençant dès immédiatement et s’étalant sur une durée de deux ans jusqu’à la fin de 2021.
- Un ajustement des mesures et de la flexibilité concernant les officiels de la FEI afin d’atténuer les coûts et les incertitudes liés aux voyages internationaux et aux exigences temporaires aux frontières. La FEI doit choisir des officiels qui vivent le plus près possible de l’événement, afin de réduire les frais de voyage des officiels sélectionnés par la FEI.
Le conseil d’administration d’Equestrian Organisers se réunit chaque mois pour discuter de tous les éléments variés et urgents auxquels nous sommes confrontés dans la communauté équestre. De plus, nous avons un certain nombre de directeurs et de membres de comités d’organisation qui sont continuellement engagés dans tout l’éventail d’activités de notre communauté. Les événements récents ont souligné – plus que jamais – l’importance d’une communication ouverte et respectueuse. Notre conseil d’administration prévoit de travailler progressivement avec la FEI et l’IJRC pour veiller à ce que les sports équestres puissent redémarrer et perdurer de manière à répondre aux besoins de toutes nos parties prenantes.
Nous vous serions reconnaissants de pouvoir entamer dès que possible un dialogue avec la FEI et l’IJRC concernant les propositions susmentionnées. Au nom du conseil d’administration d’Equestrian Organisers, sincèrement vôtre.”