“Nous avons besoin d’un calendrier rapidement afin d’avoir de la visibilité et pouvoir planifier le reste de la saison”, Luc Château
Comme beaucoup de ses confrères, Luc Château a pu faire sa rentrée dès hier à l’occasion de l’étape du Cycle Classique au Lion-d’Angers, où il a fait le déplacement avec onze (!) chevaux. Quelques heures avant de reprendre la compétition, le trentenaire a fait le point sur les conséquences de la crise sanitaire et a livré ses espoirs pour la suite de la saison.
Vous faites le voyage au Lion d’Angers avec onze Jeunes Chevaux, ce qui fait de vous le cavalier avec le plus grand nombre d’engagements. Comment abordez-vous le retour à la compétition ?
Je suis vraiment content de retrouver les terrains de compétitions, j’avais hâte que cela arrive depuis des semaines. Dans les épreuves réservées aux chevaux de six ans, j’ai trois chevaux qui débutent en concours complet et qui vont donc avoir besoin de rattraper le temps perdu. J’ai également deux chevaux de sept ans, qui n’avaient pas concouru à quatre et cinq ans et qui ne disposent donc que d’une année d’expérience. Ils manquent d’expérience et ont besoin d’en prendre un maximum.
Vous devez être sacrément heureux de reprendre la route des compétitions…
Oui, absolument. Le confinement a été un peu long, c’est donc une bonne chose que les compétitions réservées aux Jeunes Chevaux aient pu reprendre. Cela nous a tout de même permis de rattraper un peu le temps perdu avec ceux qui étaient en retard. Avec les chevaux d’âge, cela a été un peu plus frustrant car nous avons pu courir les épreuves du Grand National de Saumur où la saison avait bien débuté. Cela nous avait donné envie de poursuivre sur cette lancée mais nous avons finalement dû prendre notre mal en patience. On espère que la saison va pouvoir redémarrer assez rapidement.
Avez-vous profité du confinement pour vous adonner à des travaux pour lesquels vous êtes trop occupé en temps normal ?
Exactement, j’ai fait pas mal de bricolage. Nous avons aussi pu faire les foins qui sont bientôt terminés. Bien que confiné, j’ai conscience que j’ai été privilégié pendant cette période, je n’ai pas eu à me plaindre.
Vous êtes cavalier professionnel, éleveur aux côtés de vos parents et vous gérez également une structure accueillant du public, le haras des Châteaux, dans le Loir-et-Cher. Comment se portent vos activités et quels vont être les impacts de la crise sanitaire ?
Depuis le 11 mai, les cours ont repris au poney-club. Tout le monde revient progressivement, on sent que les gens avaient vraiment envie de sortir à nouveau. L’activité a pu reprendre son cours, d’autant plus que nous sommes en zone verte car notre région a été peu touchée par le virus. L’impact de la crise s’est particulièrement fait ressentir au niveau du poney-club, qui a dû être à l’arrêt pendant un trimestre. Nous travaillons avec deux jeunes instructeurs, Simon Gisclard et Elora de Artola, tous droit sortis de Saumur. Ils s’occupent principalement de la partie poney-club, mais ont donc eu plus de temps pour nous épauler sur les autres activités lors du confinement. La partie écurie de propriétaires n’a pas tellement été touchée car concernant les chevaux en pension, le roulement continue de se faire. Pour ce qui est de l’élevage, nous avions vendu les chevaux que nous avions prévu de céder, ce qui ne nous a donc pas pénalisés. Les deux premières naissances ont pu se dérouler dans de bonnes conditions, nous en attendons une troisième. Certaines juments sont déjà pleines pour l’année prochaine et Propriano (de l’Ébat, avec lequel il a notamment remporté le cross indoor de Saumur en janvier, terminé deuxième de celui de Bordeaux le mois suivant et gagné le CCIO 4*-S d’Houghton Hall en 2015, ndlr) est parti à Poitiers, au haras de La Font, où il fait de la monte en frais. Il a pu faire ses saillies, le seul soucis étant que la gérante et créatrice du haras Camille Baume a dû faire les navettes avec les juments, les particuliers n’ayant pas le droit de se déplacer. Indiscutablement, la partie de nos activités qui a été la plus touchée par la crise et le confinement est le poney-club. Heureusement que nous nous sommes diversifiés, c’est d’ailleurs pour cela que nous avons fait le choix de miser sur différentes branches du monde équestre.
S’il y a une Grande Semaine de concours complet, pourrait-elle être un objectif ?
Bien sûr. Je pense que la date sera un peu décalée mais j’espère vivement qu’elle pourra avoir lieu. Il s’agirait d’un bel objectif de saison.
Pensez-vous pouvoir prendre part à des compétitions de haut-niveau prochainement ?
Oui, même si pour l’heure nous ne savons pas quand celles-ci pourront avoir lieu. Quelques concours internationaux devraient pouvoir être mis en place afin que les chevaux puissent obtenir leurs qualifications pour le niveau supérieur. Nous avons besoin d’un calendrier rapidement afin d’avoir de la visibilité et pouvoir planifier le reste de la saison, pour savoir si nous devons privilégier les concours internationaux ou le Grand National. Il y a également toujours un point d’interrogation concernant le Mondial du Lion. Sa bonne tenue me semble compliquée à ce stade, mais si les choses se débloquent à tous les niveaux pourquoi pas. Nous sommes encore dans l’inconnu, je pense que nous allons en apprendre davantage au Lion d’Angers (un concours Jeunes Chevaux y a débuté hier, ndlr). Normalement, tout devrait se remettre en place progressivement. Je sais que l’organisation du CCI 5*-L de Pau espère vraiment que son évènement puisse se maintenir (ce qu’elle a fait savoir récemment par voie de communiqué, ndlr). On croise les doigts pour que le maximum d’organisateurs puisse organiser leur concours.