La FEI anticipe un déficit budgétaire de près de 8 millions d’euros en 2020
Hier, la première des trois journées de réunion trimestrielle du conseil d’administration de la Fédération équestre internationale était en grande partie consacrée aux questions budgétaires. Face à la pandémie de Covid-19, les dirigeants de la maison-mère de l’équitation anticipent un déficit budgétaire de près de 8 millions d’euros pour l’année 2020… malgré un plan d’économie substantiel.
Hier a débuté un marathon de trois jours de vidéoconférence pour la Fédération équestre internationale, dont le conseil d’administration est appelé à trancher sur un grand nombre de questions plus ou moins cruciales pour l’avenir des sports équestres, surtout à court et moyen termes, qui font face à d’énormes défis comme tous les autres sports et plus largement toutes les activités nécessitant des rassemblements humains. Ingmar de Vos, président de la FEI a ouvert cette réunion en accueillant les membres des quatre coins du monde en les remerciant pour leur flexibilité et leur disponibilité en ligne et à toute heure pendant la pandémie de Covid-19. “Il a souligné que le conseil d’administration avait une grande responsabilité au cours des prochains jours, avec beaucoup de discussions et de décisions qui auraient un grand impact sur le sport”, précise le communiqué de presse. “Notre rôle collectif est de faire ce qu’il faut et de veiller à ce que la raison l’emporte sur l’affect”, a déclaré le Belge. “En ces temps sans précédent, il y a de nombreux intérêts différents en jeu, mais nous devons rester unis derrière les décisions que nous prenons ensemble pour le sport dans son ensemble et la sécurité de la communauté.”
Les finances ont été l’un des sujets clés au menu de cette première journée, avec l’approbation unanime des comptes de l’année 2019 et un excédent à réaffecter sur différents fonds et projets. Les détails seront fournis dans le rapport annuel de la FEI, qui sera publié début juillet. Le directeur financier a ensuite présenté le budget révisé pour l’année 2020. “Les mesures d’économie de coûts mises en place à ce jour, ainsi que les plans futurs pour contrer la perte de revenus causée par la pandémie et les perturbations majeures du calendrier sportif ont été détaillés et bien accueillis par le tableau”, assure le communiqué fédéral. Compte tenu de toutes les informations disponibles, le directeur financier de la FEI a présenté un budget révisé pour 2020 prévoyant un déficit de 8.229.000 francs suisses, soit 7.704.401 euros environ.
Ce chiffre reflète une réduction estimée des recettes totales de 26.620.000 francs suisses, qui n’inclut pas la contribution du CIO normalement distribuée au cours d’une année olympique. “Une performance négative à ce jour sur le portefeuille a également été incluse dans la perte prévue pour 2020”, ajoute la FEI. Cependant, la perte de revenus sera compensée par une réduction rigoureuse des dépenses totales de 20.753.000 francs suisses, “comprenant des mesures temporaires de chômage partiel pour le personnel de la FEI ainsi que le report ou l’annulation de tous les projets non essentiels. Si cette perte globale est importante, le directeur financier a souligné qu’elle ne menaçait pas l’existence à court et moyen terme de la FEI et que la FEI continuerait sa quête de mesures économiques pour garantir qu’elle puisera au minimaux dans ses réserves.” Il a assuré que le conseil d’administration de la FEI surveillait la situation de manière proactive et effectuerait des ajustements quand et où cela sera nécessaire pour sauvegarder le sport et le bien-être financier de l’organisation. “Le responsable de l’audit et de la conformité s’est dit très favorable au budget révisé pour 2020, déclarant que la FEI avait été très proactive et efficace dans la réduction des coûts afin de minimiser l’impact sur le résultat net.”
Des mesures de réduction des coûts
La secrétaire générale, Sabrina Ibáñez, a présenté les mesures d’économie de la FEI à ce jour ainsi que les plans d’urgence pour l’avenir. Elle a soulevé deux domaines clés dans lesquels la FEI avait considérablement réduit ses coûts afin d’atténuer l’impact sur le budget 2020: le report et/ou l’annulation de tous les projets non essentiels. La secrétaire générale a félicité le personnel du siège de la FEI pour son examen rigoureux de ses budgets et ses réductions de dépenses, lesquels “ont permis d’économiser 6,5 millions de francs suisses.” “Depuis le 15 avril, 60% du personnel de la FEI est en chômage partiel temporaire subventionné par le gouvernement suisse, ce qui permet d’économiser environ 1,5 million de francs suisses d’ici la fin de l’année et de sauvegarder des emplois à long terme. Il est prévu d’approfondir les mesures de chômage partiel en juillet et jusqu’à ce que le calendrier sportif commence à reprendre.” La subvention du gouvernement suisse a été confirmée jusqu’en octobre, avec la possibilité d’un nouveau renouvellement de six mois en cours de discussion.
La FEI a gelé ses recrutements pour tous les postes vacants, à l’exception de ceux des directeurs du saut d’obstacles, laissé vacant par le départ précipité de John Roche, fin février, et d’endurance, même si le processus de recrutement a été ralenti en raison de l’impossibilité de mener des entretiens physiques. “La secrétaire générale a remercié Manuel Bandeira de Mello, qui restera directeur de l’endurance jusqu’à ce qu’un remplaçant soit trouvé, ainsi que Deborah Riplinger, qui sera promue directrice du jumping par intérim à partir du 1er juillet et reportera son départ à la retraite jusqu’en juin 2021 pour permettre pour une passation en douceur avec le nouveau directeur une fois nommé.” En outre, “tous les cadres supérieurs se sont portés volontaires pour une réduction de salaire jusqu’à la fin de l’année 2020. Au nom du conseil d’administration de la FEI, le vice-président Mark Samuel a félicité le siège et les administrateurs de la FEI pour cette généreuse manifestation de solidarité, affirmant qu’elle démontrait la passion et le dévouement du personnel du siège pour soutenir l’organisation pendant cette crise.” Enfin, priorité a été accordée au travail à domicile et aux réunions en ligne par rapport aux déplacements, ce qui a permis de réduire considérablement les coûts.
Gestion des risques sanitaires et reprise des concours
Dans son exposé, le président de la commission médicale de la FEI, le Dr Mark Hart, a souligné “l’importance de la sécurité et l’application de la politique fédérale de sécurité accrue des compétitions pour la reprise mondiale des épreuves et le succès futur de ce sport”, décrit aussi le communiqué. “Il appartient aux fédérations nationales et aux organisateurs d’assurer la sécurité de tous les participants aux événements et, depuis la publication de la politique FEI en mai, plus de trente soumissions d’évaluation des risques pour les événements à venir ont été reçues par la FEI.” Afin de faciliter le travail des organisateurs, une nouvelle section FAQ est désormais disponible sur le hub Return to Play du site de la FEI.
La secrétaire générale a informé le conseil de l’impact de la pandémie de Covid-19 sur le calendrier de la FEI, avec des statistiques indiquant par mois et par discipline le nombre de compétitions internationales qui avaient été annulés jusqu’au 16 juin. Au total, 3.352 compétitions ont été annulées jusqu’à présent, dont 2.953 directement attribuables à la pandémie de Covid-19. Cela représentait environ 50% des compétitions prévues pour 2020, “et d’autres annulations sont prévues à l’avenir”, estime la FEI. Les chiffres présentés ont montré que les disciplines étaient affectées à des taux différents, le reining et para-attelage enregistrant un taux d’annulation de 100%, suivi de 82% pour la voltige et 75% pour l’attelage tandis que les autres disciplines affichent des taux autour de 40 à 50%. Il s’en est suivi une longue discussion sur les championnats programmés cette année et toutes les complications liées aux annulations, aux reports potentiels et aux changements de sites. “Toutes les discussions et résolutions sur l’attribution des championnats seront finalisées lors de la réunion du conseil d’administration de jeudi afin d’assurer la cohérence du processus décisionnel. Ces attributions et décisions seront annoncées le vendredi 26 juin”, conclut ce communiqué qui permet un peu plus encore de constater l’aspect terriblement massif de la crise en cours.