“Mon objectif est de réaliser une grande performance en Grand Prix CSI 5*”, Titouan Schumacher
À vingt-six ans, Titouan Schumacher compte parmi les Français qui composent la relève, et s’impose peu à peu à haut niveau. Entre deux week-ends de compétitions à Grimaud, dans le Var, il a accepté de se confier au sujet de la reprise des concours, de l’importance du circuit du Longines Global Champions Tour et de sa League pour son ascension vers le haut niveau et sur Atome Z, son partenaire de longue date avec qui il a terminé deuxième par équipes et quatrième en individuel lors des Jeux méditerranéen en 2018.
Vous avez fait votre retour sur les terrains de compétition la semaine passée à Grimaud, avec notamment un seul point de temps dépassé dans le Grand Prix CSI 4* sur Atome Z, votre cheval de tête. Comment avez-vous vécu la reprise ?
Personnellement, j’étais très content de reprendre les concours. Je commençais à en avoir un peu marre de rester à la maison. Dans l’ensemble, cette reprise s’est bien passée, j’ai réussi à garder mes chevaux en forme. Il faut maintenant qu’ils reprennent le rythme de la compétition. Pour ce qui est de l’ambiance globale du concours, je dirais que c’est pratiquement normal, si ce n’est que c’est un peu vide (la première semaine s’est déroulée à huis clos ndlr).
Vous êtes à nouveau engagé cette semaine au Hubside Jumping, avez-vous des objectifs particuliers ?
Cette deuxième semaine nous permettra de continuer à reprendre le rythme. Eliot (Brimbelles Z, issu de l’élevage familial ndlr) prendra part au Grand Prix CSI 4*, à la place d’Atome. Il s’agira de son premier Grand Prix de ce niveau-là. L’objectif va être de lui donner de l’expérience sur ce type d’épreuve pour avoir un deuxième cheval de ce niveau. Cette semaine permettra de préparer Atome pour le Grand Prix CSI 5* de la semaine suivante. Je rentrerai chez moi à l’issue cette troisième semaine de concours.
Pouvez-vous évoquer la suite de votre saison ?
Prochainement, j’irai en Belgique pour participer à un ou deux CSI 3* avec mes autres chevaux. Je ferai également la tournée d’octobre à Vilamoura, au Portugal. Entre les deux, je suis encore un peu dans le flou, je vais avancer pas à pas.
“Le circuit du Global Champions Tour n’est que du bonus”
Jeune papa, comment s’est passé votre confinement ? Cet arrêt forcé des compétitions est finalement bien tombé…
D’un point de vue familial, c’était génial. J’ai pu profiter de ma fille deux fois plus qu’avant, même si j’ai la chance qu’elle me suive régulièrement en concours, au vu de son jeune âge. Du point de vue professionnel, ce confinement a été plus compliqué. On va dire qu’il y a quand même eu de bons côtés !
Comment avez-vous travaillé vos chevaux pendant cette période ?
J’en ai profité pour mettre mes chevaux de tête “en vacances”. Ils ont fait une pause de quinze jours-trois semaines car ils ont démarré fort en tout début de saison. Ensuite, nous avons remis tout le monde en condition. Nous avons travaillé les plus jeunes chevaux en continuant le travail de tous les jours, un peu comme un travail d’hiver. Nous avons essayé d’améliorer les petites choses qui nous font défaut sur le plat.
Avez-vous eu de nouvelles arrivées de chevaux pendant le confinement ?
Pas du tout ! Au contraire, j’ai plutôt fait un tri sélectif (rires) ! Nous avons vraiment réduit l’effectif de chevaux récemment. Je n’ai plus qu’une toute petite quinzaine de chevaux au travail, jeunes chevaux compris. Nous essayons de ne garder que les tous meilleurs pour pouvoir faire du très bon travail dessus.
Vous avez fait vos premiers pas en CSI 5* lors du Longines Global Champions Tour de Shanghai l’année dernière. Depuis, vous avez participé à plusieurs étapes du circuit et notamment terminé septième du Grand Prix à Doha en début d’année. Que vous apporte cette série ?
Pour moi, le Global a été une porte d’entrée vers le haut niveau. Il y a un peu plus d’un an, quand j’ai eu l’opportunité d’intégrer une équipe, ce fut incroyable pour moi. De plus, ma première étape a été celle de Shanghai, un CSI 5* au bout du monde. Au début, y participer nous permet de voir où l’on se situe pour se mettre au niveau, en entrant dans le grand bain. Cela m’a vraiment permis de me lancer. Avec les autres cavaliers de l’équipe (Titouan concourt avec les Doha Flacons lors de la Global Champions League ndlr), il y a une cohésion de groupe sur les terrains de concours. Nous montons tous pour la même équipe donc cela nous rapproche. Cela me permet d’échanger avec des cavaliers avec lesquels je n’aurais peut-être jamais eu l’occasion de dialoguer. Je rencontre aussi d’autres propriétaires. Le concept est assez attirant je trouve. Pour moi, ce circuit n’a été que du bonus.
Justement, comment avez-vous réagi à l’annonce de l’annulation du circuit du Global Champions Tour et de la Global Champions League ?
L’annulation est compréhensible, les organisateurs n’avaient pas les capacités de mettre en place toutes les étapes pour que ça ressemble vraiment à un championnat comme ils le souhaitent. Pour moi, ça me fait un énorme trou dans ma saison. Je devais encore participer à plusieurs étapes. Je suis déçu mais en même temps c’est pareil pour tout le monde, c’est une période difficile.
“Atome est atypique, mais attachant”
Vous évoluez avec Atome Z depuis 2013, passant des concours Jeunes Chevaux aux Grand Prix à 1,60m. Quel regard portez-vous sur votre parcours et avez-vous des rêves particuliers avec lui ?
C’est un cheval qui a toujours été atypique, mais très attachant. Notre parcours est assez incroyable. Personne n’aurait cru qu’il ferait ce genre d’épreuve un jour, et aussi bien. Concernant nos objectifs, je souhaiterais pour commencer réaliser une grande performance dans un Grand Prix CSI 5*. Pourquoi pas un championnat un jour… C’est à voir, cela sera en fonction d’Atome.
Avez-vous eu des propositions d’achat pour Atome et sera-t-il vendu un jour ?
Oui, j’ai déjà eu des propositions, comme pour tous les chevaux de ce niveau-là je suppose, mais en même temps assez peu. Le cheval est tellement atypique que les gens se disent “bon, il saute mais il est un peu spécial quand même !” Pour cette année et l’année prochaine, non, il n’est pas à vendre. En effet, si demain je le vends, je ne peux plus sauter un Grand Prix d’un bon niveau.
Dans quel sens Atome Z est-il si atypique ?
Il a ses codes. Il faut notamment bien choisir ses pistes car c’est impossible qu’il saute sur une piste en herbe. C’est un cheval qui saute dans le camion pour aller en concours, mais ne veut jamais aller sur la piste et rentre toujours en marche arrière. Je pense que c’est un des seuls chevaux du circuit qui est capable de me regarder droit dans les yeux au-dessus d’un oxer à 1,60m et quand même arriver à déplier ses postérieurs. Il est atypique dans tout son fonctionnement, mais il est très attachant en même temps. Il a un sacré caractère mais pour les chevaux de haut niveau, avec les parcours qu’ils doivent sauter, il en faut.
Vous êtes arrivé à haut niveau, tout l’enjeu est d’y rester. Avez-vous mis en place un système particulier au sein vos écuries ?
Mon système est surtout basé sur l’élevage familial. Nous faisons naître environ sept poulains par an. Cela permet un renouveau de chevaux assez conséquent à chaque saison. Grâce à l’élevage, je n’achète pas de chevaux. De toute manière, des chevaux prêts pour le haut niveau sont complètement inaccessibles financièrement. Après, il est vrai que je n’ai pas beaucoup de propriétaires. C’est un point que j’aimerais développer à l’avenir, que l’on me confie des chevaux à valoriser pour les commercialiser. D’un point de vue entraînement, j’ai longtemps travaillé avec Gilles Bertran de Balanda. Nous nous appelons encore souvent pour parler de tel ou tel cheval. À part cela, je ne travaille avec personne en particulier actuellement.
Avez-vous des jeunes qui se détachent actuellement pour le grand sport ?
Je pense avoir trois six ans vraiment bons, dont le propre frère d’Atome (Azote Brimbelles Z ndlr). Ils ne sont âgés que de six ans donc il peut encore se passer pleins de choses. Je ne vais pas non plus faire des plans sur la comète, mais je pense avoir des jeunes capables d’assurer la relève.