CSIO Bel, le petit mais puissant nouvel atout de Simon Delestre
À l’occasion de la reprise de la compétition après le confinement, Simon Delestre a signé un excellente rentrée lors de l’Hubside Jumping de Grimaud, accompagné notamment de CSIO Bel. Ce Selle Français de huit ans, le Français, vingt-neuvième cavalier au classement mondial Longines, l’avait introduit sur le circuit international au printemps 2019. D’ailleurs, sa ressemblance avec Hermès Ryan des Hayettes, crackissime du Lorrain, a fait réagir plus d’un observateur. Coup d’œil sur les origines et les particularités du nouvel atout du tricolore.
Si CSIO Bel a été inscrit au Stud-book Selle Français, ses deux géniteurs sont étrangers. Et, petit clin d’œil, Tinka’s Boy (KWPN, Zuidpool x Zeus, ex-Gordios) et Granie V (ex-Rosella, Westph, Gonfaron x Ramiro’s Son I) ont en commun d’avoir tous deux brillé au plus haut niveau sous la selle du même cavalier, le Suisse Markus Fuchs. “Tout le monde ne le sait pas, mais la mère qui apparaît sur les papiers de CSIO Bel, Rosella, est bel et bien Granie!”, confirme Frédéric Neyrat, le naisseur du cheval et directeur de Béligneux Le Haras, à Servas dans l’Ain. À vrai dire, ce croisement était bien plus un souhait du cœur qu’un choix raisonné de la part de Markus Fuchs et du propriétaire de Granie, Adolfo Juri, de voir naître le produit des deux chevaux de tête du cavalier Suisse. “Granie a mis bas deux jumeaux. L’un, Chronos Jei, est revenu à M. Juri et l’autre, CSIO, est resté chez nous. Nous aurions vraiment aimé faire faire plus de poulains à cette incroyable jument, mais cela n’a malheureusement pas été possible. De fait, cela aurait été plus facile avec les moyens dont nous disposons aujourd’hui”, regrette l’éleveur.
Très jeune, CSIO Bel impressionne par son charisme et sa locomotion. “Il avait une manière de se déplacer qui laissait présager qu’il pourrait aller loin dans le sport. Dès le début, nous sentions qu’il pourrait être un cheval d’avenir parce qu’il bougeait d’une manière sensationnelle, avec beaucoup de poussée aux trois allures. C’est d’ailleurs caractéristique des produits de Tinka’s Boy. Ce sont des chevaux avec beaucoup d’énergie et de volonté. Et surtout, ils aiment sauter”, estime le Rhônalpin. Anthony Gruet, cavalier maison de BLH, en partie formé chez Simon Delestre et Michel Robert, monte CSIO Bel lors de ses premières épreuves nationales, à cinq et six ans. Ces deux saisons sur le Cycle classique de la Société hippique française se concluent lors du championnat interrégional (CIR) de Cluny.
Au printemps 2019, on retrouve le jeune cheval sous la selle de Simon Delestre, qui l’a justement acquis au CIR de Cluny. “La première chose que Simon a fait a été de le castrer. Nous étions un peu tristes, mais il aurait été de toute façon été difficile de promouvoir un cheval de ce gabarit en tant qu’étalon, alors c’était finalement une bonne décision”, admet Frédéric Neyrat. En effet, si l’amplitude trompeuse de son galop ne permet pas de le remarquer facilement, l’alezan ne mesure en fait que 1,56m. Une particularité rare à haut niveau, mais pas exceptionnelle.
“Ryan et CSIO Bel sont très différents”, Simon Delestre
Selon Frédéric Neyrat, cette petite taille, associée à une telle puissance locomotrice, font que CSIO n’est pas un cheval à placer entre toutes les mains. “Il lui fallait un cavalier de haut niveau. Peu nombreux sont les amateurs capables de monter de tels chevaux, car s’ils se trompent deux ou trois fois dans des parcours à 1,40m ou 1,45m, ces petits chevaux risquent de se faire peur et de ne plus vouloir sauter. Sa force dans les jarrets et sa qualité du galop avec une élévation suffisante du garrot sont toutefois des éléments qui permettent à des cavaliers professionnels de pouvoir compter sur certains chevaux plus petits que la moyenne. Ce qui m’a d’ailleurs rassuré dans la ressemblance frappante entre CSIO Bel et Hermès Ryan des Hayettes (qui toise 1,60m, ndlr). C’était la preuve que des chevaux de la même taille que CSIO pouvaient concourir et gagner au plus haut niveau (on pense aussi aux inoubliables Itot du Château et Cedric, anciens cracks respectifs de l’Australienne Edwina Tops-Alexander et de l’Américaine Laura Kraut, mais aussi à l’étalon Quick Star, qui avait révélé l’Américano-Allemande Meredith Michaels-Beerbaum, ou encore son fils Quick Study, alias Lutin de Semilly, exceptionnel avec l’Américaine Lauren Hough, qui a également brillé avec les petits Cornet 39 et Ohala, ndlr). CSIO Bel était vraiment fait pour Simon, avec qui Ryan avait déjà fait ses preuves. Ces deux-là se sont bien trouvés”, assure l’éleveur.
Aux côtés du tricolore, le Selle Français s’est déjà illustré en remportant un Grand Prix à 1,40m dédié aux chevaux de sept ans en juin 2019 à Knokke, en Belgique, puis a participé à plusieurs CSI 2* avant de prendre le départ de son premier CSI 4* la semaine dernière à l’occasion de l’Hubside Jumping de Grimaud. “Malgré leur ressemblance physique, Ryan et CSIO Bel sont très différents dans le fonctionnement et je ne ressens pas de similitudes en selle”, explique le champion lorrain. “Ils n’ont pas le même caractère, ni les mêmes points de force et les mêmes atouts. Par exemple, CSIO Bel est plus long que Ryan et a un peu plus d’action. En tout cas c’est une excellente recrue et il est extrêmement avancé pour un cheval de huit ans.” On a déjà hâte de revoir en piste ce couple si prometteur.
Revivez en vidéo la première épreuve à 1,50m de Simon Delestre et CSIO Bel, le 26 juin à l'Hubside Tour de Grimaud