Avec Pony Corn, Stéphanie Bouché parodie le meilleur et le pire du monde équestre
En lançant son blog Pony Corn en 2017, Stéphanie Bouché n’avait pas prévu un tel d’engouement. Joli dommage collatéral du confinement imposé par la pandémie de Covid-19, son succès repose sur des vidéos parodiques, dans lesquelles la quasi-totalité les équitants peuvent se retrouver. Rencontre avec ce joyeux luron qui dézingue avec humour les codes du monde équestre.
Il y a le coach qui tacle chacun de ses élèves, la juge de dressage rigide et cassante, la vipère qui surcharge les stagiaires de travail, le parent de cavalier stressé à l’extrême, la propriétaire prête à emballer son cheval dans du papier-bulle, la vendeuse en sellerie méprisante, la groupie gênante en bord de piste… Depuis près de quatre mois, Stéphanie Bouché a quelque peu revu le projet Pony Corn… “Cela a un peu changé désormais, mais à la base, Pony Corn est un blog que j’ai créé en 2017 pour partager mes tutoriels et mes astuces de groom, le métier que j’exerce en freelance. Des gens me posaient régulièrement des questions donc j’avais trouvé ce moyen de leur répondre de façon un peu sérieuse. Puis ça a dégénéré… !” Alors qu’elle s’employait jusqu’en avril à dispenser ses astuces pour faciliter la vie des cavaliers, la passionnée s’adressait à une communauté relativement restreinte. Jusqu’au jour où elle poste sur les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle elle singe un moniteur au milieu d’un paddock de compétition. Là, le compteur s’emballe. “Pendant le confinement, je me suis retrouvée sans travail, comme beaucoup de personnes. Cela me manquait beaucoup donc je me suis dit que j’allais tenter de recréer les ambiances de compétition en vidéo pour délirer. Et cela a pris des proportions un peu inattendues. Je n’avais pas l’habitude de faire des vidéos comme celles-ci, j’en publiais seulement de temps en temps, sans que je ne parle. Je ne fais pas de théâtre et ce n’est pas quelque chose d’inné. Je ne sais pas pourquoi un jour j’ai eu l’idée de me filmer en imitant un entraineur au milieu du paddock. C’était un délire qui a fait marrer quelques personnes supplémentaires”, explique l’intéressée, qui a su se diversifier pour attirer toujours plus d'abonnés.
“Pendant le confinement, je me suis inscrite sur TikTok, comme beaucoup de gens. Sur ce réseau, cela a très vite pris. J’ai donc publié une deuxième vidéo, qui a été encore plus vue et commentée, puis celle dans laquelle je parodie un juge de dressage, qui a affolé les compteurs. Les gens ont alors commencé à m’envoyer des idées de thèmes. Finalement, cela ne s’est jamais arrêté”, poursuit-elle.
Bénévole à la cinéscénie du Puy-du-Fou, Stéphanie Bouché est passée de 3 000 abonnés à 30 000 sur Facebook et de zéro à 75 000 sur Tik Tok en moins de trois mois. Une ascension soudaine, qui prouve que le milieu équestre n’est peut-être pas si dépourvu d’autodérision que ce qu’on l’entend parfois. “Je reçois beaucoup de messages de personnes que je fais rire, particulièrement de gens qui se reconnaissent, comme les vétérinaires lorsque je parodie leur profession par exemple. Je pensais aussi que les équitants pouvaient parfois manquer un peu de recul et de second degré, mais finalement ce n’est pas le cas. Il arrive qu’une infime proportion de gens émette des critiques, mais cela reste très léger”, confirme l’humoriste improvisée.
“L’équitation est un puit d’humour inépuisable”
Pour mener à bien ses pitreries, Stéphanie Bouché n’est pas seule et peut compter sur son mari, “Mr Jud’Fruit”, qui apparaît à visage couvert et déguisé en cheval. “Il participe à quelques vidéos de temps à autres, mais c’est assez rare. Il ne parle jamais et ne montre pas son visage, ce n’est pas son truc, mais il gère la boutique en ligne et sa logistique. Il arrive aussi qu’il me filme, c’est mon acolyte”, décrit celle qui refuse de se décrire comme une influenceuse, mais qui avoue volontiers s’inspirer largement d’elle-même dans ses vidéos. “Il y a beaucoup d’autodérision dans ce que je fais, je me parodie énormément. La vidéo qui me représente le plus est certainement celle de la propriétaire excessivement stressée avec ses trente-six compléments alimentaires. Mes chevaux vivent chez moi donc je n’ai pas ce problème, mais s’ils étaient dans une écurie privée je serais presque comme cela (rires)”.
Lorsque l’on demande à Stéphanie Bouché qui est cette pauvre Popo que sa coach ne ménage pas, elle ne peut s’empêcher de rire. “Popo c’est moi, quand j’étais petite. On m’a tout le temps dit que j’étais nulle, que le monde du cheval n’était pas pour moi et qu’il fallait que j’arrête. J’ai fini par en faire mon métier et je trouve cela drôle d’avoir créé ce personnage. Popo est mon personnage préféré car elle ne baisse jamais les bras. Sa coach lui hurle dessus mais l’aime malgré tout car elle fait attention à elle, ne la met pas en danger, même si elle tombe sans cesse. Popo persévère et ne s’arrête jamais. Son histoire s’écrit au fil des parodies. J’ai reçu beaucoup de messages de gens qui me disent qu’ils étaient comme Popo mais qu’ils sont devenus propriétaires et qu’ils concourent. Nous sommes beaucoup dans ce cas !”, s’amuse-t-elle.
Pour ce qui est du running gag des “écrevisse en PLS”, son origine restera floue. “(rires) C’est une bonne question, car il faut savoir que les sketchs ne sont pas écrits à l’avance. Je note juste quelques idées qui me traversent l’esprit, et lorsque j’en ai suffisamment je me lance dans le tournage d’une vidéo. Il paraît que j’ai des expressions un peu loufoques, comme « les écrevisses en PLS » en effet. Étant donné que je ne fais que de l’improvisation, il y a parfois des choses invraisemblables qui sortent (rires)”, s’amuse celle qui ne craint pas de venir à court d’idées. “L’équitation est un puit d’humour inépuisable et les gens qui me suivent me donnent énormément d’idées”. Et c’est tant mieux !