"Si la finale des Coupes des nations de Barcelone était maintenue, j’ai déjà un schéma en tête”, Thierry Pomel
Alors que les concours ont pu progressivement reprendre mi-juin, le sélectionneur de l'équipe de France de saut d'obstacles Thierry Pomel a également pu renouer avec son activité professionnelle. Après un long confinement lors duquel il en a profité pour se reposer après une année chargée, le chef des troupes bleues navigue à vue d'oeil pour planifier ces prochains mois. Entretien réalisé au Fontainebleau Classic Summer Tour.
Comment allez-vous et comment vivez-vous le retour sur les terrains de concours ?
Tout d’abord, je vais très bien, même si cette période reste quand même difficile. Les concours ont pu reprendre récemment et nous en sommes très heureux. En plus, je dois dire qu’être Français et pouvoir compter sur des organisateurs, comme l’équipe de GRANDPRIX Events, qui proposent de beaux événements malgré la période, nous rend très fiers. Nous avons la chance de pouvoir compter de beaux concours comme celui de Fontainebleau ce week-end, de Deauville mi-août, mais aussi de Grimaud, où se déroulent plusieurs CSI 4 et 5* grâce au haras des Grillons de Monsieur Fegaier. Nous avons de la chance, surtout lorsqu’on regarde l’actualité sportive du reste de l’Europe, où il ne se passe pas grand chose... Il faut savoir se contenter de ce que nous avons pour le moment. Honnêtement, nos cavaliers français ont la chance de pouvoir se produire sur des concours de qualité et de reprendre leur activité.
Comment avez-vous vécu ces derniers mois ?
À partir du moment où nous avons été confinés, cela a sonné l’arrêt complet de mes activités professionnelles. À titre personnel, j'en ai profité pour me vider complètement l'esprit. J’ai voulu sortir toutes les choses négatives de ma tête, me reposer et réinitialiser mon disque dur. Malgré tout, j’ai évidemment gardé contact avec mes cavaliers, avec qui j'ai régulièrement discuté au téléphone afin de prendre des nouvelles.
En mai et juin, la Fédération française d'équitation a organisé des stages de regroupement pour les cavaliers des Groupes 1 et 2. Quels ont été les retours sur ces stages ?
Dès que cela a été possible, par l’intermédiaire de notre Directrice technique nationale Sophie Dubourg et le staff fédéral, nous sommes allés vers les cavaliers afin de leur proposer des stages d’entraînement avec des parcours de remise en route. Je pense que cela a été apprécié car nous avons vu beaucoup de cavaliers qui ont pu amener chacun plusieurs chevaux et remettre la mécanique en route. Compte tenu du nombre du cavaliers que nous avons pu voir, je pense qu’ils ont été très satisfaits de l’organisation de ces stages! Et ceux qui n’avaient pas envie de venir sont restés à la maison. Ceci dit, les portes n'étaient pas grandes ouvertes parce que, évidemment, ces stages étaient réservés à une certaine élite des effectifs français, comme les stages de préparation classiques, mais nous avons tout de même pu accueillir beaucoup de monde.
“Les cavaliers ont besoin de faire des concours car cela reste leur gagne-pain”
Comment abordez-vous ces prochains mois avec les cavaliers appartenant aux Groupes 1 et 2 ?
Nous vivons davantage au mois le mois qu’au jour le jour. Nous pouvons tout d’abord compter sur le Grand National, qui a repris il y a plusieurs semaines, et dont nos cavaliers sont je pense très satisfaits. Ce circuit est une bonne remise en route pour certains et une véritable reprise pour d’autres. Pour les cavaliers internationaux, ces derniers peuvent également courir les CSI 2* qui sont maintenus, ainsi que les CSI 3, 4 et 5* dont je parlais précédemment. Ne nous plaignons pas trop pour l’instant… Il faut croiser les doigts et espérer que les concours encore maintenus pourront se tenir, notamment celui de Lyon, mais aussi Rouen et Saint-Lô. Quant au circuit de la Coupe du monde, dont de nombreuses étapes ont déjà été annulées, il faudra s’adapter.
Quid de la finale de la Coupe des nations Longines de Barcelone, qui semble être de plus en plus en danger avec la récente promulgation d’un deuxième reconfinement partiel ?
En ce qui concerne les cavaliers de tête, nous pensons évidemment à Barcelone, mais son maintien semble de plus en plus compliqué au vu des actualités en Espagne… Nous avançons pas à pas. Je ne me projette pas vraiment. Si toutefois cette finale était maintenue, j’ai déjà un schéma en tête, évidemment, et les couples concernés sont déjà informés. Mais je n’aime pas me projeter dans le vide, donc tout cela est assez délicat… Il faut souhaiter que ce virus s’atténue ou disparaisse.
Le cavalier canadien Éric Lamaze a publié un long message hier sur les réseaux sociaux au sujet du grand nombre d’engagés dans les épreuves du CSI 3* de Lier. Avez-vous un avis sur la question ?
Éric a réagi sur le fait qu’il n’était malheureusement pas qualifié pour l’épreuve comptant pour le classement mondial (alors qu’il l’était pour le Grand Prix grâce à une pré-qualification, ndlr). C’est la dure loi du sport, et le sport est encore plus compliqué en ce moment. Un concours comptant plus de 240 cavaliers, avec le fait qu’il y ait des qualifications pour le Grand Prix, c’est très dur. Les places sont chères car vous partez de 240 cavaliers pour arriver à 60 qualifiés pour l’épreuve finale. Mais ces concours ont le mérite d’exister en ces temps difficiles et de proposer de superbes infrastructures pour un grand nombre de cavaliers. Peut-être que l’on pourrait étaler le concours sur une plus longue période pour satisfaire un peu tout le monde, je ne sais pas... En tout cas, je constate qu’il y a souvent des reproches ou des remarques sur différents problèmes, mais que personne ne propose jamais de solutions. Personnellement, je mène une réflexion mais je n’ai pas de solutions. Les cavaliers peuvent aller en concours, et ils y vont, et chacun en connaît les règles lorsqu'il s'engage. D'autant que les cavaliers ont besoin de faire des concours car cela reste leur gagne-pain. Je n’oublie pas qu’il s’agit quand même d’un métier pour beaucoup de gens ! Sans omettre que les concours sont des occasions de pratiquer du commerce et de dynamiser l’économie de la filière équestre. Et je remercie tous les organisateurs de permettre à des gens d’exercer leur profession. Je suis d’accord que c’est difficile, mais la situation est difficile.
Quelle est la position du staff fédéral et de la FFE au sujet de l’annulation des championnats d’Europe, qui auraient dû se tenir à Budapest l’année prochaine ?
À titre personnel, je suis un fervent défenseur des championnats d’Europe et j’aurais aimé qu’ils soient maintenus, comme à peu près tous les chefs d’équipe de nations européennes. D’autant que nous ne sommes pas sûrs du tout que les Jeux olympiques de Tokyo pourront être maintenus l’année prochaine, c’est plus qu’une incertitude. Les Européens permettent du beau sport.