Daniel Deusser, l’élève modèle devenu numéro un mondial (partie 2)
Valeur sûre de la Mannschaft, à l’allure du parfait élève, Daniel Deusser a vécu une superbe saison 2016, gagnant trois Grands Prix CSI 5* , la médaille de bronze par équipes aux Jeux olympiques de Rio et la finale mondiale de la Coupe des nations à Barcelone. Au mérite de sa belle régularité, le cavalier allemand des écuries Stephex était redevenu numéro un mondial en janvier 2017. La récompense d’un parcours sans accroc, au cours duquel les rencontres ont été déterminantes.
La première partie de ce focus est parue hier.
Entre 2007 et 2010, Air Jordan Z a permis à Daniel Deusser de signer ses premières performances en CSI 4* et 5*, remportant notamment les Grands Prix de Brunswick, Valkenswaard et Deauville (ici en photo), et terminant deuxième de la finale de la Coupe du monde en 2007 à Las Vegas: “Ce n’est pas la meilleure photo de nous! (Rires) Air Jordan était un peu spécial et vraiment pas facile à monter, ce qui se voit très bien ici. Il avait des moyens énormes et se montrait très chaud et énergique en piste, bien plus qu’aux écuries, donc il était difficile à canaliser. Je l’ai récupéré alors que j’étais chez Jan Tops. Il appartenait à Leon et Judy-Ann Melchior, qui l’avaient acheté pour le compte du haras de Zangersheide. Il avait déjà eu quelques cavaliers avant moi, dont Judy-Ann (et le Brésilien Rodrigo Pessoa, ndlr). À un moment, elle a rencontré quelques difficultés et pensé qu’il lui fallait peut-être un cavalier physiquement un peu plus fort qu’elle. Je l’ai eu à l’essai quelques mois, et comme nous avons obtenu de très bons résultats ensemble, Jan Tops l’a officiellement acquis en 2008. C’est avec lui que je me suis révélé en CSI 5* et que j’ai pu participer à ma première finale de Coupe du monde. J’étais très fier et heureux de cette deuxième place, surtout que j’avais déjà réussi à me qualifier grâce à de bons classements. Air Jordan m’a clairement aidé à franchir un cap.”
Daniel Deusser est installé depuis 2012 dans les écuries Stephex, propriété de Stephan Conter, à Wolvertem près de Bruxelles: “Mes succès doivent beaucoup à Stephan. Non seulement il m’a ouvert les portes de ses magnifiques écuries, mais il m’a aussi offert l’opportunité de gérer ma propre équipe et de pratiquer mon sport comme je l’entends. Au-delà des cracks qu’il me permet de conserver durablement, il y a toujours un tas de chevaux à former ou à valoriser. Il m’a fallu un ou deux ans pour m’installer dans ce système, qui fonctionne parfaitement aujourd’hui. Je me maintiens constamment dans le top dix mondial; en janvier, j’ai même retrouvé la place de numéro un, que je savoure pleinement! Stephan et moi entretenons une relation idéale. Nous nous comprenons facilement et il m’accorde une grande confiance, ce que j’apprécie et dont j’avais besoin. Concernant le choix des chevaux, c’est au cas par cas. Si j’ai vraiment envie d’en essayer un, j’en parle à Stephan. Sinon, cela se fait en concertation avec toute l’équipe Stephex. Au printemps dernier, il m’en manquait un pour partir au CSI 5* de Madrid. Stephan m’a proposé d’emmener Equita van’t Zorgvliet (BWP, Cassini x Darco). Finalement, je l’ai gardée, et ne le regrette pas vu la suite des événements (depuis, le couple a notamment gagné les Grands Prix CSI5* de Los Angeles et Knokke et CSI5*-W de Lyon, ndlr)!”
En août 2013, Daniel Deusser a participé à ses premiers championnats Seniors, les Européens de Herning au Danemark, où il a décroché la médaille d’argent par équipes avec Cornet d’Amour aux côtés de Ludger Beerbaum, Carsten-Otto Nagel et Christian Ahlmann, respectivement associés à Chiara 222 (Holst, Contender x Coronado), Corradina 2 (Holst, Corrado I x Sandro) et Codex One (Han, Contendro x Glückspilz): “C’est un très beau souvenir, l’un de mes préférés. On n’oublie jamais sa première médaille! J’avais été sacré champion d’Allemagne juste avant, ce qui avait motivé ma sélection. Même si je côtoyais déjà les meilleurs Allemands en concours, j’étais le petit nouveau dans l’équipe. Se retrouver au milieu d’hommes comme Ludger, Christian et Carsten-Otto, qui montait encore la fabuleuse Corradina, c’était quelque chose! Cornet était dans une forme incroyable, je l’ai rarement senti aussi fort. Bizarrement, j’étais donc arrivé à Herning avec pas mal de confiance. Ces dernières années, l’Allemagne a un peu manqué de chance en championnats. L’hégémonie des années 1990 et 2000 appartient au passé. Nous avons toujours des cavaliers et chevaux de grande qualité, mais les scores sont de plus en plus serrés dans ces grands rendez-vous. Par exemple, avec une faute de moins aux Jeux équestres mondiaux de Normandie, nous aurions gagné alors que nous avons terminé quatrièmes! Dans ces conditions, il faut un peu de chance.”
Le lundi 21 avril 2014 à Lyon, Daniel Deusser a décroché le plus beau titre de sa carrière en s’offrant la finale de la Coupe du monde avec Cornet d’Amour: “Pour l’instant, cette victoire reste mon plus beau souvenir et le plus grand succès individuel de ma carrière. C’était une semaine incroyable. Cornet a vraiment été parfait du début à la fin, ne renversant aucune barre. J’avais bien démarré le premier jour, et tout s’est accéléré par la suite, Cornet terminant avec un superbe double sans-faute en finale. L’atmosphère était vraiment inoubliable, et le public avait l’air heureux du sport que les cavaliers lui avaient offert. Actuellement, Cornet revient tout juste d’une longue pause consécutive à une blessure. Depuis cette victoire, il saute toujours très bien, mais nos résultats ne sont plus aussi brillants qu’il y a quelques années, notamment l’an passé où nous avons terminé troisièmes de la finale de la Coupe du monde à Göteborg. Nous devons progresser, et Cornet doit redevenir aussi fort physiquement qu’il l’était en 2014. Les championnats d’Europe de Göteborg pourraient être un objectif, mais franchement, je préfère ne pas me projeter. Il profitera d’une bonne pause après la saison indoor. Ensuite, nous verrons comment il se comporte à l’extérieur. Nous suivrons son évolution et nous adapterons.”
En couple depuis plus de dix ans, Daniel Deusser et Caroline Wauters, fille du regretté Éric Wauters, dont le nom est à jamais associé au CSI 5*-W de Malines, ont accueilli une petite Stella en février 2015. Une nouvelle qui a changé pas mal de choses dans la vie de l’athlète: “Cette photo a été prise en mai 2015 à Wiesbaden, ma ville d’origine. Stella avait trois mois! Caroline est clairement la personne qui compte le plus dans ma vie. Notre relation fonctionne très bien depuis toujours. Je sais que je n’ai pas un métier facile, mais Caroline me permet d’avoir une vie privée d’homme normal. Je me sens vraiment plus fort avec elle. Je voulais être père et ne le regrette pas, car cela m’apporte tant de bonheur. Cela m’a un peu changé, c’est vrai. Tous les parents le savent, cela modifie la perception de la vie. Parfois, je suis énervé pour des broutilles ou un parcours qui se passe mal, mais dès que je retrouve ma fille ou ma femme, je me rends compte que ce n’est rien et j’oublie tout. Cela permet de réaliser qu’il y a autre chose dans la vie que les chevaux et le sport, et joue aussi une part indiscutable dans mon succès actuel.”
En 2016 à Rio de Janeiro, Daniel Deusser a disputé ses premiers Jeux olympiques avec First Class van Eeckelghem, un hongre aussi atypique que surprenant. Le couple a décroché le bronze par équipes avec Christian Ahlmann, Meredith Michaels-Beerbaum et Ludger Beerbaum, associés à Taloubet Z (KWPN, Galoubet A x Polydor), Fibonacci 17 (SWB, For Feeling x Corland) et Casello (Holst, Casall Ask x Carolus I): “Ces Jeux ont été une expérience inoubliable: parce que c’étaient mes premiers, parce que nous avons gagné cette médaille de bronze par équipes, et parce que c’étaient les derniers de Ludger. À Rio, l’Allemagne a aligné trois sans-faute dans la qualificative individuelle, puis trois autres dans la première manche de l’épreuve par équipes. Nous avions l’impression que personne ne pourrait nous battre! Finalement, nous avons terminé troisièmes, mais nous étions tous très contents. En finale individuelle, First Class a signé un autre sans-faute, mais nos quatre points en seconde manche nous ont écartés du barrage. Pour de premiers JO, c’est un bilan positif. First Class a été exemplaire. Beaucoup de gens m’ont posé la question, mais non, il ne m’a pas tellement surpris. Il a été très régulier tout au long de la saison. Avant le printemps, il n’était pas mon premier choix pour les JO, mais comme Cornet d’Amour s’est blessé en avril, j’ai dû changer mes plans. First Class est respectueux et très puissant. En 2016, il a parfaitement assumé son rôle et prouvé qu’il était l’un des meilleurs du circuit! Il est un peu difficile à monter, pas aussi flexible que d’autres à cause de son physique atypique, mais il est excellent. Grâce à lui, j’ai vécu des choses géniales!”
Cet article d’archive est paru en février 2017 dans le magazine GRANDPRIX heroes n°98