Comment réagissez-vous à l’annonce de votre sélection? 

Je suis très heureux de figurer dans cette sélection pour la troisième année. Cette saison est très compliquée et il y a eu beaucoup d’incertitudes liées au coronavirus pour ces championnats, donc c’est une belle surprise.

Quels sont vos objectifs sur ces championnats? 

L’objectif est d’accéder à la grande finale, la Reprise Libre en Musique (RLM), comme ce fut le cas l’année dernière, tout en améliorant nos scores. L’an passé, nous avons été notés à plus de 69% dans l’Intermédiaire II, plus de 68% dans le Grand Prix et presque 72% sur la RLM. L’idée est de ne pas faire moins.

Comment allez-vous vous préparer dans les prochaines semaines? 

Nous allons garder le même rythme, qui nous convient bien. Je ne vais absolument rien changer. En principe, en début de semaine, nous effectuons un travail de base, et sur la fin de semaine nous nous exerçons plus spécifiquement sur les mouvements des reprises. Je laisse également un temps pour du travail à la longe, des balades et du repos.

Pouvez-vous nous parler plus en détails de Scherzo ZC? 

Scherzo a dix-huit ans et il est dans une forme olympique. C’est vraiment sa plus grande qualité! C’est un vrai guerrier qui ne me laissera jamais tomber. Il a toujours cette envie et cette énergie, ce qui me fait plaisir. C’est d’ailleurs ce qui plait aux juges et ressort dans mes protocoles. Il a un trot très expressif et va toujours de l’avant. Parfois, il peut se contracter dans son attitude, mais sinon je ne lui trouve pas de vrais défauts. 

“Avec Scherzo, nous sommes un vieux couple”

Cela va être vos troisièmes championnats d’Europe consécutifs chez les moins de vingt-cinq ans. Qu’avez-vous retenu des précédentes éditions?

En 2018, c’était mes premiers championnats. Avec des reprises jugées à 66%, je n’avais pas réalisé de contre-performance. J’étais très impressionné, ce qui a engendré des fautes, notamment sur la ligne de changement de pied. L’année dernière, j’y suis allé en étant beaucoup plus serein et cela s’était très bien passé. Je voulais bien faire, mais nous n’avions pas fixé d’objectif en terme de pourcentage. Cette année est ma dernière saison dans cette catégorie et Scherzo sera bientôt à la retraite, donc j’y vais avec plus d’ambitions.

Comment s’est passée la reprise des compétitions nationales pour vous? 

Les concours de Mâcon et Pompadour se sont bien passés. J’avais déjà fait le Grand Prix à Mâcon en mars donc mon cheval avait déjà concouru cette année. Cela nous a permis de nous remettre dans le bain, car nous n’étions pas habitués à une pause aussi longue à cette période de l’année. Les années précédentes, nous retrouvions régulièrement les terrains dès le mois de février et je participais notamment à de nombreuses compétitions internationales. Il était vraiment tant que cela reprenne et prendre part à deux compétitions était essentiel pour retrouver le rythme.

Est-un inconvénient de ne pas avoir fait de concours internationaux cette année et d’attaquer directement dans cette ambiance de championnat?

Pour moi personnellement non. Mon cheval est expérimenté. J’aurais concouru avec un nouveau cheval cela aurait été différent, mais ces Europes vont être notre troisième championnat. Nous sommes un peu un vieux couple et nous nous connaissons par cœur ! Je n’ai pas de pression par rapport à ça. Bien sûr, cela reste un championnat et c’est un concours durant lequel nous voulons vraiment nous appliquer et bien faire.

Comment s’est déroulé votre confinement? 

J’ai la chance d’avoir mes écuries. De ce fait, l’entraînement de mon cheval n’a pas été modifié. Le travail a été allégé, car nous ne savions pas quand les concours allaient reprendre. Nous avons surtout fait du travail de base. Nous étions en contact avec l’encadrement fédéral, qui nous a tenu informé des évolutions liées à l’organisation des compétitions. À leur annonce de la possible tenue du concours de Mâcon, j’ai commencé à retravailler un peu plus intensivement afin d’être prêt.

“Julia Chevanne s’inquiète autant du cheval que du cavalier”

Pouvez-vous nous parler de vos débuts?

Mes parents travaillent dans le milieu de la restauration et sont passionnés. Ils ont toujours eu des chevaux, pour le plaisir, mais il n’y a que moi qui ai accroché à cette passion au point de vouloir devenir professionnel et me lancer dans cette belle aventure. Même si je ne suis pas issu du milieu, mes parents m’ont beaucoup soutenu. J’ai pu prendre des cours avec des cavaliers réputés, comme Carlos Pinto, Alizée Froment, Marina Caplain Saint André ou encore Isabelle Judet. Actuellement, je m’entraîne avec Julia Chevanne. Au début, je n’avais pas bon niveau mais j’ai peu à peu progressé pour arriver au niveau Grand Prix à vingt ans.

Qu’avez-vous appris d’important aux côtés de Julia Chevanne, qui a participé à deux Jeux olympiques? 

Cela fait trois ans que je m’entraîne à ses côtés et c’est une personne dont je suis proche. Tout est très simple et technique à la fois. Elle ne laisse rien passer ! Ensemble, nous pouvons parler de tout et elle est plus qu’un simple coach. Elle s’inquiète autant du cheval que du cavalier. Elle s’assure que le cavalier est dans un bon état d’esprit. C’est sa plus grande force et c’est pour cela que j’ai pu grandir de cette façon-là. Il peut m’arriver d’être stressé, alors nous échangeons énormément. Parfois, nous modifions aussi notre façon de faire en essayant de nouvelles choses. Je trouve ça plutôt rare et cela fonctionne très bien.    

J’avais envisagé de travailler avec un préparateur mental notamment après mes premiers championnats d’Europe, mais cela ne s’était pas fait. Au final, Julia m’aide beaucoup sur cet aspect-là et nos points de vue convergent, donc je n’en ai pas eu besoin.

Vous avez commencé la compétition en 2012 et n’êtes pas passé par le circuit Poneys et Juniors. Est-ce un inconvénient? 

J’avais commencé en Jeunes Cavaliers avec mon ancien cheval de Grand Prix, Tornado. J’avais participé à quelques concours internationaux donc j’avais un aperçu de l’ambiance, même si je n’avais pas été sélectionné en championnats d’Europe. Mon premier championnat m’a beaucoup impressionné et certaines petites fautes en piste sont dues à cela. Même si cela est possible de commencer directement en championnats chez les Moins de vingt-cinq ans, je pense que c’est bien d’avoir de l’expérience et de commencer plus tôt si on en a l’opportunité. Cela permet d’y aller ensuite avec beaucoup plus de sérénité.

Comme vous nous le disiez, il s’agit de votre dernière année chez les Moins de vingt-cinq ans. Comment s’annonce la suite? 

Pour la suite, je souhaiterais former des jeunes chevaux vers le Grand Prix mais également pouvoir m’appuyer sur un cheval d’expérience, pour rebondir assez rapidement et effectuer ma transition chez les Séniors. Avec Scherzo, je vais terminer la saison sur quelques Grands Prix pour prendre de l’expérience, avant qu’il ne prenne sa retraite.