“Honnêtement, je ne pensais pas m’entendre aussi bien et aussi vite avec Up To You*GFE”, Ramatou Ouedrago

Aussi discrète que talentueuse, la jeune Ramatou Ouedrago sillonne week-end après week-end les plus beaux concours de France dans l’optique de prendre de l’expérience tout en effectuant les meilleures performances possibles. Entourée d’une équipe solide et d’un piquet de chevaux d’une grande qualité, Ramatou est aujourd’hui l’un des piliers de l’équipe de France Juniors. GRANDPRIX a souhaité en connaître davantage sur cette pilote en herbe. Entretien.



Comment vous sentez-vous, quelques mois après la fin du confinement et de ces mois particuliers? 

Honnêtement, plutôt bien! Heureusement, j’ai pu rattraper assez rapidement le temps perdu avec mes chevaux notamment grâce à la bonne gestion du leur travail par mon entraîneur Manuel Henry. Notre collaboration dure depuis des années et il connaît ma mère depuis plus de vingt-cinq ans puisqu’il a aussi travaillé avec mes frères et sœurs. D’ailleurs, c’est devenu un ami de la famille. Résultat, ça n’a pas été très compliqué pour moi de reprendre. 

Vous abordez votre majorité cette année. Comment prévoyez-vous votre future vie d’adulte? Souhaitez-vous vous lancer à 100% dans le métier de cavalière? 

Pour l’instant, j’espère réussir à devenir cavalière. En parallèle, quand j’aurai terminé mes années lycée, je vais suivre des cours supérieurs dans une école de commerce à Valbonne (à quelques kilomètres de Nice, ndlr) dans l’optique d’avoir un plan B en plus du cheval. 

Vous êtes installée dans une région qui compte relativement peu de concours par rapport au nord de la France ou la Normandie. Comment gérez-vous tous vos déplacements ? 

C’est certain qu’il n’y a assez peu de concours intéressants à côté de la maison ! (rires) Alors nous sommes obligés de faire beaucoup de kilomètres pour se rendre aux stages fédéraux ou les étapes du Grand National. Nous nous adaptons. Ceci dit, à deux heures de camions nous avons le Hubside Jumping de Grimaud, qui organise des concours quasiment tous les week-ends en ce moment alors nous en profitons autant que possible.

Alexandrine Hécart est proche de vous pour l’achat de vos chevaux. Pouvez-vous nous parler de cette collaboration?

Effectivement, j’ai deux chevaux qui proviennent directement du haras de la Roque : Ultime et Ty’Punch de la Roque. J’avais aussi Une Star de la Roque, une autre jument que montais ma sœur, mais aujourd’hui elle est partie au poulinage. Tout a commencé quand Alexandrine (Hécart, ndlr) s’est arrangée pour me permettre de monter Ogano. J’ai gagné l’un de mes premiers championnats avec lui, qui était le cheval de sa fille Adeline. Et c’est comme ça que la relation de confiance entre nos deux familles a débuté.

© Sportfot



“Je n’ai jamais senti aucune discrimination”

Pour mieux vous connaître, pouvez-vous nous citer un cavalier 5* que vous admirez particulièrement?

J’adore regarder Scott Brash. Déjà parce qu’il monte un fils de mon cheval Consul! (rires) Il monte vraiment très bien, il est très classique et ne doute jamais. J'ai passé mon temps à le regarder au Longines Deauville Classic, et j’admire la gestion de ses chevaux. 

Comment se passent vos débuts avec Up To You*GFE et comment a débuté votre histoire?

Pour l’instant, ce n’est que du bonheur. Tout est tellement facile avec lui. Honnêtement, je ne pensais pas m’entendre aussi bien si vite avec lui. Il est arrivé début juillet. Avec Consul on s’entend aussi très bien, ce qui a attiré l’oeil d’Arnaud Evain (responsable du Groupe France Élevage, ndlr), et il nous a proposé de louer Up to You pendant une année au moins. Pour la suite, j’ai Consul qui va très bien en ce moment, c’est quasiment sûr qu’il sautera les Juniors cette fin de saison. Up To Youest destiné à sauter les Jeunes Cavaliers l’année prochaine. 

Avez-vous dans vos écuries un cheval spécialement prometteur? 

Je monte notamment Théroème de Poheton. C’est un cheval très spécial puisqu’il a peur des autres chevaux (rires) mais il a beaucoup de force. Il est déjà habitué à sauter 1,50m. Je suis persuadée que nous allons apprendre à nous connaître et devenir encore plus performants. 

Qu’est ce qui vous intéresse le plus chez un cheval? 

Pour moi, la priorité chez un cheval reste son mental. Il faut qu’il ait envie de sauter, de tout donner pour son cavalier. Ensuite, qu’il n’ait pas envie de toucher les barres et qu’il soit assez posé dans sa tête. Qu’il ne soit pas dépassé ou préoccupé par ce qu’il se passe autour de la piste. 

Comment utilisez-vous votre notoriété sur les réseaux sociaux?

En premier lieu, je les utilise pour communiquer sur mes performances. J’adore ce côté transparent et le fait de partager presque en temps réel mes résultats avec ma communauté, qui est vraiment très active!

Ces derniers temps, et notamment depuis l'homicide de l'Afro-américain George Floyd aux États-Unis, la discrimination a été très médiatisée et a entraîné des vagues de soutien et d'indignation. Loin de vouloir vous enfermer dans ce sujet, en tant que femme noire, quel regard portez-vous sur ce combat et avez-vous déjà été personnellement victime de discrimination? 

C’est un sujet que je prends évidemment très au sérieux mais je n’en ai jamais personnellement subi les conséquences. Je n’ai jamais connu de problème là dessus. Peut-être que ça vient du fait que ma mère connaisse beaucoup de monde dans le milieu… Je n’ai jamais senti aucune discrimination ni aucun jugement sur ce sujet.