"Cela reste un rêve de pouvoir encore porter cette veste bleue”, Alexandra Francart

Présente au Fontainebleau Classic Summer Tour 2, Alexandra Francart, ici pour former ses jeunes recrues, poursuit son bonhomme de chemin avec la sympathie et la simplicité qui la caractérisent. Désormais âgée de quarante ans tout pile, la Française est revenue sur ses derniers mois, ses nouvelles recrues, ses objectifs et son envie de revêtir à nouveau la veste bleue de l'équipe de France.



Comment se passe votre concours ici, au Fontainebleau Classic Summer Tour 2? 

Le concours se passe plutôt bien. J’ai profité du CSI 2* pour lancer Mixcoac LS La Silla, qui appartient à Fabrice Dumartin. Il n'est pas très loin du niveau Grand Prix 2*, et il s’est d'ailleurs classé hier dans l’épreuve qualificative donc il a parfaitement rempli son contrat! J’ai également amené un cheval de sept ans, Drako de Maugre, qui se prépare pour la Grande Semaine, qui a très bien sauté. J’ai deux chevaux qui appartiennent à Éric Geneste : Accroche Toi, qui est déjà plutôt régulier sur 1,45m, et Allumeuse, qui elle va participer au Grand Prix du CSI 1*. 

Vous pouvez compter sur un piquet de jeunes chevaux plutôt conséquent et prometteur. Quel est votre programme avec eux? 

J’ai des objectifs avec tous mes chevaux, mais j’ai plusieurs jeunes chevaux qui se démarquent un peu plus. Dans les écuries, nous avons trois chevaux de cinq ans et trois chevaux de six ans, et ont malheureusement été un peu victimes de la situation liée au Covid-19 car leur formation en compétition a été interrompue. J’aime bien préparer les jeunes chevaux, plutôt à partir de sept ans, où il s’agit finalement de leur première vraie année de concours. Notre objectif est bien sûr la Grande Semaine, car c’est une sacrée vitrine pour les professionnels, mais à la fin, tant que nos chevaux sont prêts à franchir le cap des sept ans, l’objectif est atteint. 

Début 2019, vous avez vendu votre ancien cheval de tête, Volnay Duboisdeville, avec qui vous avez participé aux Jeux équestres mondiaux de Tryon. Avez-vous de ses nouvelles? Continuez-vous à le suivre avec son nouveau cavalier Teddy Vlock? 

Disons que je le suis sans le suivre. L’histoire s’est terminée, et je n’ai pas envie de vivre dans le passé. Volnay m’a accompagnée pendant la période sportive la plus extraordinaire et fantastique, mais je refuse de trop regarder dans le rétroviseur. Je n’en parle pas tous les jours et je ne fais pas toujours des références à lui. Mais évidemment, d’un petit coin de l’œil, je continue à prendre des nouvelles, et j’ai d’ailleurs appris la bonne nouvelle qu’il venait de signer une belle performance (il a terminé douzième dans le Grand Prix 3* de Traverse City début août après un super sans-faute, ndlr)! J’ai regardé quelques parcours et je vois que ça se passe très bien avec son nouveau cavalier, donc nous sommes très contents.



"Je dois dire que j’ai vraiment apprécié cette ambiance cocooning pendant les Coupes des nations”

© Scoopdyga

Depuis la vente de Volnay du Boisdeville, et votre retrait de l’équipe de France, il y a eu pas mal de changements au sein de la Fédération française d’équitation. Comment trouvez-vous le nouveau staff fédéral? 

J’ai pu bénéficier des stages fédéraux cet hiver et j’ai adoré. C’est très bien encadré, et le travail sur le plat avec Barnabas Mandi et en saut d’obstacles avec Henk Nooren est vraiment intéressant. Ces deux formateurs sont très complémentaires, et le staff est bon. Le job est rempli. Maintenant, c'est difficile pour moi de trouver un vrai différentiel entre le staff d’avant et celui d’aujourd’hui, car je n’ai finalement couru à haut niveau que pendant six mois. Je n’ai pas assez de recul. Je pense qu’ils étaient arrivés à la fin d’un cycle, et qu'il fallait recommencer quelque chose de nouveau. Ce qu’ils ont mis en place est très cohérent et cela me convient plutôt bien, donc je suppose que cela doit satisfaire pas mal de cavaliers. Donc je vois plutôt ce nouveau système d’un bon œil! 

L’équipe de France est une expérience qui a vraiment marqué votre carrière. Aimeriez-vous retenter l’expérience? 

Oui, bien sûr. Quand on pratique ce métier avec autant d’acharnement, comme je peux le faire moi et d’autres, cela reste un rêve de pouvoir encore porter cette veste bleue, courir sur des magnifiques pistes, et être cocoonée en équipe de France… Je dois dire que j’ai vraiment apprécié cette ambiance cocooning pendant les Coupes des nations. C’est un rêve d’y retourner. Je suis un peu dans l’état d’esprit de me dire que je l’ai fait au moins une fois dans ma carrière, que c’était cool, que j’en ai bien profité, que cela me plairait d’y retourner, et si je l’ai fait une fois, je peux le refaire ! Aux écuries, nous avons d’ailleurs une jument en laquelle je crois beaucoup, Betty du Prieure (avec qui elle a terminé cinquième du Grand National de Pernay la semaine dernière, ndlr). Elle a neuf ans et nous organisons tout dans l’optique qu’elle atteigne un jour les CSIO. C’est elle qui nous dira si elle en est capable. 

Quel regard portez-vous sur la crise du Covid-19 et ses conséquences sur le secteur équestre? 

Si je parle uniquement du côté sportif, je pense que cela a engendré beaucoup de choses positives pendant ces deux mois de confinement. C’est évident que cette période n’a pas été économiquement rentable, mais que ce soit pour les jeunes chevaux ou les plus vieux, avoir pu profiter d’une pause et de se reposer, nous avons été amenés à travailler sur les bases. Je pense que si ma jument tourne si bien actuellement, je pense que c’est parce que cette pause a eu de bons effets. Par exemple, pendant un mois, je n’ai pas sauté du tout pour ne pas risquer de tomber, de me casser quelque chose et de finir à l’hôpital! Je faisais très attention. Quelque part, je me suis presque réinventé et j’ai pris le temps d’aller au bout des choses parce que je n’avais que ça à faire. Quand on est dans la spirale de la compétition, avec des concours douze mois sur douze, je me rends compte que cela devient compliqué de revenir aux sources. Maintenant, économiquement, cette période est très dure. Nous allons faire comme tout le monde et essayer de tirer notre épingle du jeu, mais cela ne va pas être simple. La saison hivernale va être calme car la grande majorité des concours indoor sont annulés, mais ce n’est pas un désavantage car les chevaux d’âge pourront peut-être regagner en fraîcheur et durer un peu plus longtemps. C’est différent et nous arrivons à nous réinventer. En tout cas, malgré les difficultés économiques, je pense que nos chevaux ont aimé l’année 2020! 

Ce qui est compliqué, c’est qu’actuellement, il y a peut-être deux concours de niveau 1,50m par weekend, au lieu de quatre ou cinq habituellement. Donc cela fait que les cavaliers sont tous concentrés dans les mêmes concours. La semaine, j’étais au Grand National de Pernay, et on était presque quatre-vingt-dix par épreuve, comme à Villers-Vicomte et la majorité des autres concours. Je ne veux pas avoir la facilité de dire que les épreuves sont du coup plus dures qu’avant, mais un peu quand même! (Rires) Du coup, c’est aussi intéressant car parfois, on peut se rendre compte que nous ne sommes pas si éloignés des très grands cavaliers de CSI 5* car nous arrivons à rivaliser! Je n’ai pas peur de la concurrence, je dois juste cibler les bonnes épreuves pour les bons chevaux. La concurrence est stimulante!

Quel est votre programme pour les mois à venir? 

Pour l’instant, j’ai prévu d’aller à la Grande Semaine de Fontainebleau et au CSI 3* de Canteleu. Mon programme s’arrête fin septembre, et je n’ai pas encore de planning bien précis pour la suite.