“C'est une immense fierté que de voir le cheval dont on s’occupe au quotidien devenir le meilleur au monde”, Alan Davies

Sacrés champions olympiques en individuel et par équipes aux Jeux olympiques de Londres en 2012, puis médaillés d'or aux Jeux équestres mondiaux de Caen en 2014, aux championnats d'Europe en 2015 à Aix la Chapelle, aux Jeux olympiques de Londres en 2016, il n'existe pas un titre international que Charlotte Dujardin et Valegro n'aient décroché. En 2014, à l'occasion de la coupe du monde de l'Olympia International Horse Show de Londres, le couple battait son propre record du monde dans la Reprise Libre en Musique, établi deux ans auparavant sur cette même piste. Dans l'ombre du champion, Alan Davies, fidèle groom des écuries que le Britannique Carl Hester partage avec Charlotte Dujardin, a œuvré de longues années pour la réussite de son protégé, désormais retraité. Pour GRANDPRIX, il est revenu sur cet épisode mémorable de la carrière de celui dont il s'occupe toujours et qu'il surnomme affectueusement “Blueberry”.



© Collection privée

Quel genre de cheval est Valegro au quotidien?   

Il est formidable, je suis vraiment chanceux de pouvoir m'occuper de lui. Il est gentil, généreux et très conciliant. Il est obsédé par la nourriture et adore qu’on lui porte de l’attention. Nous nous faisons confiance mutuellement, il est comme mon meilleur ami. Partout où il va, je vais!   

Comment aviez-vous appréhendé cette semaine de compétition à l'Olympia de Londres?   

À l’approche de la compétition, Valegro était parfaitement serein, comme à son habitude. Nous nous sommes préparés comme nous l’aurions fait pour n’importe quelle autre compétition. Il est une star mais je me suis toujours efforcé à mettre ce détail de côté pour ne pas faire la différence entre lui et les autres chevaux. Mon rôle est de faire en sorte que les chevaux soient en bonne santé, heureux et que tout se passe dans le calme pour qu’ils puissent être aussi relâchés que possible. C’est également la raison pour laquelle je mets un point d’honneur à ce que leur routine reste toujours inchangée. Je suis toujours plus nerveux que Charlotte à l’approche d’une compétition. Elle reste généralement détendue en toute situation, mais je m’inquiète plus facilement. Je dois m’assurer que tout est en ordre, que les chevaux sont en bonne condition physique et mentale, mais également de l’état du matériel, et d’un tas d’autres choses… Comme je m’étais occupé de tout, Charlotte pouvait se concentrer sur ce qu’elle avait à faire. Toute l’équipe était heureuse d’aller à Londres car l'Olympia est un concours dont nous aimons particulièrement l’ambiance. Charlotte aime aussi s’y rendre à cette période de l’année car les fêtes approchent et elle va souvent faire les boutiques dans les grands magasins. Le public y est également toujours au rendez-vous!  

En regardant la reprise, vous êtes-vous rendu compte de l’exploit que Charlotte et Valegro étaient en train d’accomplir?  

Je savais qu’ils étaient bons, mais à ce moment là, je ne voulais pas penser au résultat. J’ai regardé la reprise et j’ai ensuite directement ramené Valegro aux écuries pour le doucher et lui prodiguer les soins habituels. Je n’avais alors aucune idée de la note. Lorsque Charlotte est revenue aux écuries, elle me l'a annoncé. Je savais qu’ils en étaient capables car Valegro est incroyable et le couple ne cessait de s’améliorer. Pour être honnête, cela ne m’a pas tellement surpris. C’est toutefois une immense fierté que de voir le cheval dont on s'occupe au quotidien devenir le meilleur au monde. D’autant plus lorsque l’on sait que ce cheval a mis tout son cœur dans ce qu’on lui demandait de faire.  

Le second record a-t-il eu une saveur différente du premier, deux ans auparavant?   

La seconde fois, l’ambiance était différente. Il y avait beaucoup de pression de la part du public qui attendait le couple au tournant. L’atmosphère était électrique! Une fois la reprise terminée, leur réaction depuis les tribunes a été formidable et très bruyante! (rires)   

Que ressent-on lorsque l’on est responsable de l’un des chevaux les plus célèbres du monde?   

C’est un sentiment très particulier. Valegro est très aimé du public et je l’aime aussi puisque je veille sur lui depuis longtemps, au quotidien. Devoir le partager avec le monde entier est un sentiment très étrange. Il est tout de même plaisant de voir à quel point les gens l’apprécient, mais lorsque certains essayent de l’approcher et de le caresser, je deviens très protecteur. Pour moi, il est un partenaire et un ami.  

Deux ans plus tard, au même endroit, s’est tenue une cérémonie à l’occasion de son départ en retraite. Qu’avez-vous ressenti?   

Ce soir-là, on m’a demandé de l’emmener moi-même au centre de la piste. Avant d’entrer, nous étions seuls, Valegro et moi, puisque tout le monde était déjà à l’intérieur. C’était un bon moment. Nous les avons ensuite rejoints sous les acclamations du public et c’était incroyable. Je n’avais jamais rien vécu de tel auparavant.  

Comment passe sa retraite désormais?  

Il continue de travailler, je le monte régulièrement et Charlotte occasionnellement. Il ne fait plus de dressage pur, mais seulement un peu d'exercice pour le garder en forme. Je l’emmène souvent en promenade dans les champs et il sort au paddock tous les jours pour profiter de l’herbe. Je pense qu’il est heureux, bien qu’il soit parfois un peu grognon lorsqu’il me voit monter dans le camion avec les autres chevaux.