Varoune, ce cheval avec lequel Jos Verlooy “ne rentre jamais de concours les mains vides”
Formé par l’Allemand Harm Lahde et désormais associé au Belge Jos Verlooy, Varoune compte avec ce dernier deux titres consécutifs de champion national de saut d’obstacles, dont un acquis la semaine passée. Les deux cavaliers sont revenus sur l’évolution et les performances du compétitif hongre de douze ans. GRANDPRIX dresse le portrait de celui qui s’est un temps nommé Vogelfrei et qui s’impose aujourd’hui comme un atout de choix pour son partenaire belge.
Le week-end passé à Lanaken, Jos Verlooy et Varoune (OLD, Verdi TN x Cordalme Z) se sont imposés pour la seconde année consécutive à l’occasion du championnat belge de saut d’obstacles. En tête de A à Z, le couple n’a pas renversé une seule barre et n’a pas craqué malgré la pression. “J’étais très heureux après cette victoire. Il n’y a pas de championnats mondiaux ou européens cette année, donc le championnat de Belgique était l’un de mes objectifs principaux. Avant d’y aller, Varoune se sentait bien et je pense que j’étais l’un des favoris, ce qui m’a donné encore plus de motivation pour bien faire.” Le couple avait également à cœur de performer pour conserver son titre, acquis l’an passé par surprise. “Nous nous sommes rapidement bien entendus et compris dès le début. Lors de notre première victoire en championnat, nous ne concourions ensemble que depuis quatre mois!” Une première médaille d’or qui a d’ailleurs ravi Harm Lahde, présent sur place ce jour-là.
L’Allemand, cavalier des écuries Eichenhain à Blender, petit village de Basse-Saxe limitrophe de Verden, véritable ville de cheval qui accueille notamment les championnat du monde Jeunes Chevaux en dressage, a été le premier cavalier de Varoune. Sa réussite et aujourd’hui ses deux médailles d’or ne l’étonnent pas outre-mesure. “Effectivement, je m’attendais à cela”, affirme-t-il. “Nous avons déjà terminé quatrièmes lors du championnat d’Allemagne (à Balve en 2018, ndlr). Au championnat belge, le format est le même, avec quatre parcours. Il avait été très bon et n’avais fait tomber qu’une barre, lors du premier parcours. Varoune est un cheval agréable et facile à monter. Il a surtout cette envie de travailler.”
“Varoune a dû apprendre à aller vite”
Varoune est né en 2008 en Allemagne, chez Erich Stevens, éleveur à Molbergen, une ville qui se situe également en Basse-Saxe, entre Vechta et Oldenbourg. Il a pour père Verdi TN, le crack de Maikel van der Vleuten, dont il a hérité de la robe baie. Son illustre géniteur a notamment remporté l’or par équipes avec son pilote néerlandais lors des Jeux équestres mondiaux de Normandie en 2014 et les Européens l’année suivante. Acheté lors d’une vente aux enchères à la fin de son année de quatre ans, il se nommait alors Vogelfrei. “Son nom n’était pas censé changer. Varoune est son nom originel que lui a donné son éleveur. Cependant lors de la vente aux enchères, il s’appelait Vogelfrei. En allemand, cela signifie «libre comme un oiseau». Pour moi, c’était un excellent nom! Après, nous avons ajouté «Oak Grove’s», le nom des écuries des propriétaires. Je leur ai demandé si l’on pouvait laisser Vogelfrei derrière, car ce nom lui allait à la perfection. Nous voyions le cheval littéralement voler!”, détaille Harm. Pourtant, depuis que Jos Verlooy a pris les rênes du bai, ce dernier se nomme à nouveau Varoune.
L’Allemand a ensuite formé le bai lors d’épreuves Jeunes Chevaux, se qualifiant pour les finales du Bundeschampionate, les championnats nationaux des Jeunes Chevaux allemands. Il a également participé à deux reprises aux championnats du monde de Lanaken, à six et sept ans, signant cette année-là deux parcours vierge de pénalité lors des manches qualificatives. Varoune a débuté avec son cavalier les compétitions internationales. “Il a été très bon dès le début. Je l’avais notamment emmené à Oliva et il était déjà performant. Il a toujours été un cheval spectaculaire, qui attirait les regards. Je suis assez grand, sûrement un petit peu plus que Jos, donc Varoune paraît plutôt petit (il toise officiellement 1,65m, ndlr). Pourtant, il a tout d’un grand cheval.”
Concourant sous la selle du Suédois Rolf-Göran Bengtsson entre décembre 2015 et décembre 2016, “un choix des propriétaires”, Varoune poursuit sa progression, débutant discrètement en CSI 5* à l’occasion du mythique CHI de Genève, pour sa dernière apparition sous couleurs scandinaves. Le bai retrouve ensuite son premier cavalier, Harm Lahde, qui a pu profiter du travail effectué par le vice-champion olympique des Jeux de Hong-Kong pour continuer sur la bonne lancée amorcée. “Varoune était chez un excellent cavalier. J’ai directement repris le travail là où Rolf-Göran s’était arrêté, ce qui est plaisant. Nous avons donc concouru jusqu’en CSI 5*. Nous avons également obtenu de nombreux classements.” Même si le couple a abandonné lors des deux Grands Prix 5* courus en 2018, il a conclu la même année le Grand Prix du CSI 3* de Nörten-Hardenberg, coté à 1,60m, avec une seule faute. Leur association a pris fin sur une note positive, avec onze épreuves sans pénalité sur les dix-huit engagées en 2019. Une régularité que note également son cavalier actuel, le Belge Jos Verlooy. “Il adore accomplir des parcours sans faute, ce que l’on remarque d’ailleurs en regardant ses résultats. Nous nous classons régulièrement parmi les premiers. Je sais qu’en l’emmenant avec moi en concours, je ne reviendrai pas les mains vides. C’est un cheval avec lequel je peux être compétitif et obtenir de bons résultats.”
Cette compétitivité est le fruit du travail effectué par les différents cavaliers de Varoune, qui ne se distinguait pas par sa vitesse naturelle. “Il n’a pas vraiment de défaut mais n’était pas le cheval le plus rapide, malgré ses nombreux parcours sans faute. La vitesse est maintenant quelque chose qu’il maîtrise, on l’observe avec nos derniers résultats et ceux décrochés avec Jos. Mais c’est vraiment quelque chose que Varoune a dû apprendre”, révèle Harm.
“En concours, Varoune est dans son élément”
Depuis juin 2019, Varoune évolue aux côtés de Jos Verlooy et a été acquis par son père Axel, via sa structure Euro Horse, après un essai concluant. “C’est un cheval consciencieux que j’ai énormément apprécié. J’ai senti rapidement qu’il serait un très bon cheval de concours”, explique Jos à la question de savoir quels ont été ses premiers sentiments en selle sur le bai.
Le couple compte deux victoires en 2019 en plus de son titre national, lors d’une épreuve à 1,50m avec barrage au CSI 4*-W de Washington ainsi que lors du CSI 5* de Paris, et de nombreux classements. “Comme tous les bons chevaux, il sait quand il est en concours et ce qu’il va se passer. À la maison, il peut parfois être un peu paresseux à l’obstacle. Mais quand j’entre en piste, il a toujours envie de bien faire et de réaliser le parcours parfait. Il a énormément de sang. En concours, il est dans son élément!” Au quotidien, le hongre se détache par sa simplicité. “Il est facile à vivre avec un excellent caractère”, débute Jos, avant de détailler le programme de Varoune. “Je ne saute pas énormément avec lui à la maison. Il est monté deux fois par jour, dont une fois en forêt.”
À douze ans, Varoune a atteint l’âge de maturité pour performer, et sa progression semble loin d’être terminée. “Bien sûr qu’il a toujours une marge de progression. En un an déjà il a évolué et entre les deux championnats j’ai vu une grande différence, notamment en termes de maniabilité. Par exemple, j’ai beaucoup travaillé sur la manière d’aborder les obstacles. Il sautait de façon un peu spéciale, à sa manière, même s’il finissait sans pénalité. En un an, sa technique de saut s’est améliorée. Je pense que tant que l’on monte un cheval, il y a toujours de petits détails sur lesquels travailler.”
Avec ces belles performances, le bai est sur le point de prendre encore plus d’importance au sein du piquet du champion d’Europe par équipes et en bronze en individuel l’an passé. Ce dernier place de beaux espoirs en son complice. “Cette année est vraiment particulière. Je vais sans aucun doute l’engager des concours plus importants en tant que cheval de tête. Il est donc amené à courir des Grands Prix d’envergure dans le futur.” Un avenir qui devrait se conjuguer avec celui de Jos Verlooy, même s’il explique que “nous sommes une écurie de commerce, nous vivons de l’achat et de la vente de chevaux. Actuellement, il n’est pas à vendre, mais si un jour une offre importante nous est faite et que nous ne pouvons pas la refuser, alors nous le laisserons partir.”
Varoune a laissé d’excellents souvenirs à son premier cavalier, et semble parti pour combler de la même manière son jeune pilote belge. “Un souvenir que je chéris forcément est celui de notre quatrième place lors du championnat d’Allemagne. Il s’est vraiment battu et était en pleine forme. Varoune occupe une place particulière pour moi. Avec Oak Grove’s Heartfelt et Larry 210, il fait partie des chevaux qui ont compté dans ma carrière, car j’ai accompli énormément avec eux. Bien sûr, il a été dur de le vendre mais cela fait partie de notre métier, et je suis ravi qu’il soit désormais associé à un excellent cavalier”, précise Harm Lahde. “Nos deux victoires lors des championnats belges sont déjà un souvenir particulier”, conclut Jos Verlooy.