Samouraï du Thot, pensé en France pour le jumping, finalement brillant en complet outre-Rhin
Samouraï du Thot est un représentant de l’élevage français qui brille sous selle allemande depuis ses débuts. Associé depuis toujours à la souriante Julia Krajewski, il cumule les victoires et assure régulièrement son rôle d’ouvreur au sein de l’équipe allemande.
Comme son affixe l’indique, Samouraï du Thot est le fruit de l’élevage manchois de Jean-François Noël. Né en 2006, Samouraï est le fils de Milor Landais, qui amène le sang de Timorrak des Isles ainsi que Pot d’Or, et de Melitos du Thot par Flipper d’Elle. Melitos a pour mère la célèbre et productive Battante du Thot par Shaliman du Thot. C’est grâce au vainqueur de la finale de la Coupe du monde de 2007 avec le Suisse Beat Mändli, Idéo du Thot (Arioso du Theillet - ISO 180) que cette poulinière est mise sur le devant de la scène, suivie ensuite par La Luna du Thot (Flipper d’Elle - ISO 159). Melitos est donc la propre sœur de La Luna et produira après Samouraï l’excellent Varsovie du Thot (Kashmir Van’t Shuttershof), classé jusqu’à 1,50m avec Mégane Moissonnier avant d’être vendu en Suisse. Battante est à l’origine de très nombreux gagnants de saut d’obstacles, discipline de prédilection de l’éleveur venu chercher la fameuse Gerbe d’Or (Starter) en achetant sa première fille Kelfie (Ibrahim – ISO 122).
Prédestiné lui aussi au jumping, le jeune mais déjà très chic Samouraï du Thot croise la route de Myriam Meylemans, une cavalière belge installée en Allemagne, grande amatrice de chevaux français. Lors d’un précédant voyage en France, celle-ci avait d’ailleurs ramené un certain Opgun Louvo (Shogun II), neuf fois médaillé en grands championnats et doublement paré d’or aux Jeux équestres mondiaux de Normandie en 2014 avec l’Alldmande Sandra Auffarth. “Samouraï était un beau poulain, mais était tout petit, confie son éleveur. Il avait du chic, beaucoup de sang et sautait vraiment très bien. Il aurait pu faire une très belle carrière en jumping. Il y était destiné. Myriam Meylemans est venue nous voir un jour sur le terrain d’Auvers, où nous présentions les chevaux à l’entraînement. Elle a choisi Samouraï”. Au cours de sa carrière, Myriam s’installe dans les écuries de Julia Krajewski avec Samouraï. La rencontre entre les deux champions s’opère alors, “un peu par hasard”, comme l’avait expliqué la cavalière allemande dans un entretien donné au magazine GRANDPRIX en juin 2018.
Des débuts prometteurs
Après deux années de formation à quatre et cinq ans, Samouraï arrive sur le circuit international à l’âge de six ans et remporte le CCI 2*-L d’Hougthon Hall l’année suivante. Le bai se place également sur le podium lors des CCI 3*-S de Langenhagen et Everswinkel. L’année suivante, en 2014, il aborde le plus haut niveau truste les podiums des CCI 3*-S, avant de s’essayer avec beaucoup de promesses au CCI 4*-S à de Breda, fin 2014 aux Pays-Bas. Samouraï, alias “Petit Sam” fait l’étalage de ces prédispositions pour ce sport. “C’est un cheval formidable, un ami”, confie sa cavalière. Il est toujours de bonne humeur au quotidien et veut toujours bien faire. Mais parfois, il a envie de faire des bêtises”. Ces bêtises, ce sont parfois des refus en concours, comme lors du CCI 3*-S de Breda, en 2015. Malgré cela, le couple finit par gagner en régularité et remporte d’ailleurs le CCI 4*-S de Wiesbaden, abordant l’année olympique avec espoir.
En 2016, le couple remporte le CCI 4*-S de Renswoude avant de se confronter au plus haut niveau en juin dans le CCI 5*-L de Luhmühlen. En tête dès le dressage grâce à l’expression du Selle Français et au talent remarquable de la cavalière pour cette discipline, le duo perd son leadership en galopant avec précaution sur le technique cross allemand. “Samouraï avait un trot nettement plus expressif à cause des flaques d’eau de la carrière. Comme il est resté détendu, le pas et le galop se sont bien déroulés et nous avons pu marquer des points précieux. C’est un cheval doux et désormais nous avons l’expérience nécessaire pour aborder ce type de cross. Il est en forme et j’espère que nous ferons un tour fluide [lors de l’hippique]”, avait alors commenté l’Allemande à domicile. Finalement, tous deux ont décroché une troisième place grâce au splendide sans-faute d’un Samouraï bondissant. Julia et lui sont alors propulsés dans l’équipe allemande pour les Jeux olympiques de Rio de Janeiro.
Des déceptions en championnat mais des victoires incessantes
Au Brésil, les Jeux olympiques de Julia et Samouraï ne se dérouleront pas comme prévu. Après la joie d’être sélectionné à la suite du retrait d’Andreas Ostholt, le couple réalise un très bon dressage mais le difficile cross a raison du grand cœur de Samouraï. Le couple est éliminé.
L’année 2017 débute sur les chapeaux de roues avec des victoires nombreuses en niveau CCI 4* jusqu’au mois de juin, où le couple s’adjuge le CCI 5*-L de Luhmühlen à la suite d’une barre et de points de temps du couple leader composé de Bettinay Hoy et Designer 10. La joie de la jeune allemande, qui assure depuis de nombreuses années le rôle d’entraîneur de l’équipe allemande Juniors, est alors immense : “Samouraï était plus en forme que d’habitude et j’ai pu ainsi le pousser sur le cross avec beaucoup d’assurance. Je n’ai pas eu le moindre mauvais moment et je suis très fière de lui”. Très logiquement, le couple est en partance pour les championnats d’Europe de Strzegom, en Pologne.
Le pilier tient son rang dès le dressage mais ne peut éviter une dérobade sur une difficile combinaison du parcours polonais. Un sans-faute à l’hippique vient clôturer un beau concours et l’Allemagne repart avec une nouvelle médaille européenne en argent. Cependant, quelques mois après la fin des championnats, Samouraï du Thot et Julia sont pris dans la tourmente à la suite du résultat positif d’un contrôle anti-dopage effectué lors de ce championnat. C’est la stupeur au sein de l’écurie Krajewski qui ne comprend pas comment son champion a pu être contaminé. Ne pouvant prouver son innocence, l’amazone choisit d’accepter la sentence du tribunal de la Fédération équestre internationale (FEI).
En 2018, le couple reprend du service et truste les premières places, réalisant même un meilleur dressage que la championne d’Europe Ingrid Klimke lors du CCI 4*-S de Luhmühlen, avec 19,9 points. Mais c’est un nouveau coup dur au CCIO 4*-S d’Aix la Chapelle, où Samouraï exprime son désaccord devant l’obstacle n°16. “Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Explique Julia lors de la conférence de presse. Samouraï est très intelligent et s’il veut fait quelque chose, il le fait. J’avais un très bon sentiment quand je suis partie mais apparemment nous nous sommes perdus en route”. Mais cet épisode sera bien vite oublié ensuite, le vaillant Samouraï participant aux victoires dans les Coupes des nations de Waregem et Boekelo, les CCI 3*-S de Luhmühlen et Kreuth puis les CCI4*-S de Chatsworth et de Luhmühlen. Le couple est alors en lice pour les championnats d’Europe qui doit se dérouler fin août 2019 sur le terrain tant aimé par Sam de Luhmühlen. Malheureusement, le petit champion se fait une petite ecchymose qui met beaucoup de temps à cicatriser et ne peut défendre ses chances en son jardin. La saison 2020 recommence en juin à Luhmühlen pour l’un des couples stars allemand. Sam est en forme et se classe huitième du CCI 3*-S de Luhmühlen puis quatrième du CCI 4*-S de Strzegom avant de s’adjuger de bout en bout le CCI 4*-S d’Arville avec un score de 21,4 au dressage et seize points de temps sur le cross. “Je suis ravie de mon week-end. Samouraï termine le week-end comme il l’a commencé. Il a fait un très bon dressage, un beau tour sur le jumping et un très bon cross pour finir. […] Je suis fière et heureuse”.
Il manque désormais au couple aguerri une belle victoire en équipe avec un score à la hauteur de leur palmarès et de leur talent. Jean-François et Margareth Noel aimeraient également revoir en action le petit Sam qu’ils ont fait naitre mais combiner l’ensemble des plannings est compliqué. Samouraï a encore de très belles pages à écrire dans son histoire, associé à la très appliquée Julia Krajewski.