“Je suis née pour faire des championnats”, Margaux Rocuet

La Grande Semaine de Fontainebleau s’est achevée ce dimanche sur la victoire de Djibouti de Kerizac (SF, Caprice Boismargot x Le Tot de Sémilly), prometteuse monture de Margaux Rocuet, dans la finale des championnats de France dédiée aux chevaux de sept ans. À la deuxième place, on a retrouvé Dubaï du Cèdre (SF, Baloubet de Rouet x Diamant de Sémilly), également sous la selle de la Bretonne, qui tire le bilan de cette semaine riche en succès.



Quel bilan général tirez-vous de cette Grande Semaine ? 

C’est une semaine un peu particulière avec le changement de date et les conditions météorologiques, nous n’avons vraiment pas été gâtés. Se dire que nous n’allons pas faire courir notre champion sur le prestigieux Terrain d’honneur du Grand Parquet est un petit peu décevant. Pour avoir gagné des championnats l’an dernier et l’année d’avant, j’avoue que cette victoire n’a pas la même saveur sur le Petit Parquet. J’ai l’habitude de courir sur ce terrain depuis mes débuts et tellement de choses s’y sont passées! Il faut toutefois vivre avec son temps. Les terrains en herbe ne sont pas faciles à entretenir et demandent beaucoup d’investissement. De nombreux paramètres entrent en compte. Par ailleurs, nous n’avons pas du tout sauté sur herbe cette saison puisque le programme a été quelques peu chamboulé, alors peut-être que pour certains, ce n’était pas plus mal que de faire ces finales sur sable. 

Que représente pour vous le titre de champion de France de Djibouti de Kerizac ? 

Djibouti a une histoire particulière parce que c’est le chouchou de mon père. Il est à la maison depuis ses quatre ans et notre cavalier Valentin Besnard l’a formé jusqu’à ses six ans et a fait un travail incroyable avec lui. Je l’ai récupéré cette année et je me suis sentie un peu déstabilisée au début car c’est un cheval très puissant, avec beaucoup d’envergure. Mon équitation n’était pas forcément très adaptée à lui, il faut vraiment le fermer, faire travailler à chaque foulée et lui laisser beaucoup de place devant les obstacles pour qu’il puisse s’exprimer. Au début, j’ai eu un peu de mal à intégrer cela, mais au fur et à mesure des mois, les parcours se sont améliorés, jusqu’à cette belle victoire! C’est une histoire de famille. J’ai également la chance d’avoir de super propriétaires qui, comme beaucoup de gens, ont eu envie de faire partie de l’histoire et ont donc investi dans Djibouti. C’est ce qui me permet aujourd’hui d’être championne des sept ans avec lui car sans cette sécurité, nous n’aurions peut-être pas pu nous permettre de le garder. On nous l’a beaucoup demandé et je pense que cela n’est pas près de s’arrêter. S’il reste avec moi, nous nous jetterons dans le grand bain l’an prochain. L’objectif serait de prendre part à quelques belles épreuves, dont certaines comptant pour le classement mondial. Djibouti a toujours été très préservé, il n’est pas du tout usé par ses années de jeune cheval. Il n’y pas de réelle pression pour l’an prochain, je pense que l’année fatidique sera celle de ses neuf ans où nous rentrerons vraiment dans le vif du sujet. 




“En basculant des Jeunes Cavaliers aux Seniors, on ressent une sorte de vide”

Dubaï du Cèdre, vice-championne de France des chevaux de sept ans avec Margaux Rocuet.

Dubaï du Cèdre, vice-championne de France des chevaux de sept ans avec Margaux Rocuet.

© PSV/Morel

Une sélection en équipe de France avec lui vous fait-elle rêver?

Cet hiver et pendant le confinement, je me suis beaucoup amusée à poster des vidéos avec Djibouti en écrivant “Objectif Paris 2024” et lorsque l’on voit les moyens dont il dispose, il est vrai que ce serait fou de ne pas y penser. Je suis née pour faire des championnats, cela me transcende et j’ai besoin de cette pression pour être performante. J’ai commencé très tôt avec des championnats d’Europe et des Coupes des nations et lorsque l’on bascule des Jeunes Cavaliers aux Seniors, on ressent une sorte de vide et on a forcément envie de retrouver un cheval qui puisse nous permettre d’intégrer l’équipe Senior. Je pense que les chevaux de sept ans que nous avons à la maison, Djibouti, Dubaï du Cèdre et New Libero One d’Asschaut auront leur place à haut niveau. 

Justement, pouvez-vous en dire plus sur Dubaï du Cèdre, vice-championne des sept derrière Djibouti?

Dubaï appartient à Sylvain Pitois, son naisseur, et se trouve également chez nous depuis qu’elle a quatre ans. Lorsqu’elle entre en piste, c’est une guerrière et il faut d’ailleurs réussir à la contenir. Elle est très généreuse et je m’entends vraiment bien avec elle. C’est même celle que je trouve la plus facile à monter car elle correspond à mon équitation. Je suis très contente que Djibouti ait gagné, mais je suis également ravie qu’elle soit vice-championne car elle méritait la victoire autant que lui. 

Vous disposez d’un piquet de jeunes chevaux bien fourni. Est-ce un moyen pour vous de miser sur l’avenir?

Quatre-vingt pour-cent de l’activité de mon père est dédiée aux jeunes chevaux. Les chevaux d’âge dont je bénéficie me permettent de participer à des concours différents, mais évidemment, le rêve serait de retrouver un Ryon d’Anzex, un Vinchester ou une Quorida de Treho, mais pour moi cette fois-ci! (rires). Les jeunes chevaux permettent de rêver et mon père a un très bon œil pour les dénicher. 

Vous êtes venue à Fontainebleau accompagnée de beaucoup de chevaux. Pouvez-vous parler de l’équipe qui vous entoure et vous aide lors de tels évènement?

Il y a Corentin Derouet, qui était auparavant chez Éric Février et qui est l’un des meilleurs amis de Valentin Besnard. Nous nous connaissons bien car nous avons fait de nombreux concours ensemble et comme nous constituons une bonne équipe de jeunes, nous nous serrons les coudes. Alexandre Bosc est également arrivé cette année et monte les jeunes chevaux. Cette semaine, il est venu avec une seule jument, sans réel objectif de performance et il a finalement terminé champion des cinq ans! Bien-sûr sans Virginie Gérard, ma groom, cette Grande Semaine aurait été impossible à gérer. Elle avait seize chevaux à elle toute seule et elle a passé toute la semaine dans les boxes. Elle a fait un travail fantastique!