“Ma jument est tout à fait capable de sauter ces épreuves”, Axelle Lagoubie

Engagée dans le CSI 4* de Saint-Lô, la très performante Axelle Lagoubie enchaîne les bons parcours avec tous ses chevaux, sur les circuits nationaux et internationaux depuis la sortie du confinement. GRANDPRIX a souhaité en savoir un peu plus sur le système de l’amazone, qui monte pour les écuries Bourdoncle. Souriante et extrêmement humble, la jeune femme garde toutefois un avis tranché sur certains sujets d’actualité. Entretien.



Comment vous sentez-vous ? 

Je vais bien ! (rires) Rien n’a vraiment changé pour nous après le confinement. Nous avons abordé la saison exactement comme les autres et puis mes chevaux ont beaucoup gagné. Globalement, c’était vraiment super.

Vous êtes capable de gagner sur le circuit national, sur les étapes du Grand National et en CSI 2* avec tous types de montures. Comment expliquez-vous cette réussite ? 

D’abord, mon système fonctionne beaucoup sur le commerce. En théorie, tous les chevaux sont à vendre. Nos propriétaires nous confient des chevaux dans le but de les vendre. Nous faisons du concours en essayant de les faire évoluer, de gagner, puis nous les vendons. Voilà notre vision des choses.  Concernant le haut niveau, seule Urane n’est pas à vendre. C’est une grande chance pour moi d’évoluer avec une telle jument sans la pression d’une éventuelle transaction. Les autres tendent à atteindre cet échelon mais seront potentiellement partis entre temps.

Pouvez-vous nous parler de votre fidèle Urane (Miami De Semilly x Drakkar Des Hutins) ? 

Urane est une jument que j’ai récupéré l’année dernière, début 2019. J’ai commencé gentiment en faisant de petites épreuves à 1.20m, à Auvers, chez Alain (Hinard, directeur du site Auvers Jump, ndlr). Nous sommes vites passés à des épreuves à 1.45m, 1.50m, dès la première saison. La jument avait déjà un peu sauté ça avec Guillaume Batillat (son ancien cavalier, ndlr). En fait, elle est géniale ! C’est une vraie jument de concours et elle a tous les moyens. D’après moi, c’est une jument que tout le monde aimerait avoir dans son écurie (rires). On dit souvent qu’il faut une année pour faire couple avec son cheval, et c’est exactement ce qui s’est passé pour nous. Les huit premiers mois, impossible de terminer un parcours sans faute même si nous ne faisions rarement tomber plus d’une barre… Concrètement, cette année Urane a été classée dans les Grands Nationaux de Notre Dame d’Estrée (quatrième, ndlr), Villers-Vicomte (deuxième, ndlr), a gagné le CSI 2* du Mans. Nous sortons donc d’une période super compétitive… Question préparation, Urane n’étant pas physiquement parfaite, je ne veux pas l’abîmer. Alors, à la maison elle ne fait pas des heures de galop, elle fait du marcheur et va au paddock tous les jours. Je préfère l’économiser et je me dis que tant qu’elle reste aussi performante, c’est qu’elle est en condition. En fait, on mise tout sur le moral. 

Nous constatons au fil des saisons que l’une de vos qualités premières à cheval est votre feeling. Accordez-vous beaucoup d’importance au fait de vous adapter à tous les chevaux, même les plus atypiques ? 

Je pense que de toute façon il faut s’adapter à chaque cheval, qu’il ne faut pas essayer de les mettre dans un moule particulier. J’ai l’habitude de monter énormément de jeunes chevaux, et c’est davantage dans ces moments que l’on apprend  à travailler en fonction d’eux. C’est indispensable pour être performant.  

Dans cette continuité, quel est votre avis sur les divers débats concernant le bien-être animal, notamment dans le monde des sports-équestres ? 

Tout le monde disait que ces scandales arrivaient dans le monde du cheval et c’est ce qui a fini par se passer. D’après moi, c’est un peu à côté de la plaque. On parle des guêtres postérieures à interdire, des éperons à limiter, tout comme certains types de mors… Ce sont de bonnes idées, mais ce n’est pas la base. Je pense que l’on devrait déjà penser aux bases, c’est-à-dire à la façon de monter : ne pas les arrêter au milieu d’un obstacle, par exemple. Des choses simples : être gentil avec eux, les aimer tout simplement !

Comment avez-vous abordé ce Jumping International 4* de Saint-Lô ? 

Honnêtement, je m’y suis préparé comme un concours normal. C’est vrai que j’ai fait la demande sans trop y croire. Quand j’ai vu le plateau incroyable qu’il y avait, je me suis un peu creusé les méninges en me demandant si c’était ma place (rires) ! Mais, tout compte fait, ce genre d’évènement tire vers le haut et encore une fois, ma jument est tout à fait capable de sauter ces épreuves-là. Au fur et à mesure des jours, je me détends un peu.