L'album photo de Flora de Mariposa
Le 30 juillet, Flora de Mariposa s’est éteinte, succombant à une endotoxémie foudroyante. Joyau de l’équipe de France, à qui elle a notamment offert un titre de vice-championne du monde à Caen en 2014 et l’or olympique par équipes à Rio de Janeiro en 2016, l’impétueuse et extraordinaire alezane a laissé derrière elle de nombreux inconsolables, qui ont toutefois eu la grande chance de croiser sa route. Aux côtés de ses derniers, GRANDPRIX heroes vous propose de revivre les moments-clés de son flamboyant itinéraire.
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Kurt De Clerq, connu pour avoir formé notamment Vigo d’Arsouilles, Sapphire, London ou encore Emerald van’t Ruytershof, a appris les bases à Flora sur le circuit des Jeunes Chevaux belge.
“J’ai formé Flora de ses quatre ans à ses six ans. C’était une fantastique jument. La première fois que je l’ai montée, j’ai tout de suite remarqué un respect incroyable. Elle se battait systématiquement pour sauter sans faute. Elle était très compétitive et très agréable à monter, car on avait l’impression que rien ne pouvait nous arriver. Elle avait le coup de saut et la technique de son père For Pleasure, avec énormément de moyens. Bien sûr, elle avait déjà un sacré caractère, surtout à la maison, mais elle se battait comme une lionne dès qu’elle rentrait en piste! Elle était spéciale, et se démarquait des autres. Honnêtement, c’était une très bonne élève et elle faisait tout avec beaucoup de facilité. Je me souviens d’un barrage lors d’une finale à 1,45m à Lanaken, alors qu’elle n’avait que six ans, et elle avait sauté le parcours les doigts dans le nez! Elle survolait tellement les difficultés que nous avons rapidement deviné qu’elle serait capable de sauter les plus grosses épreuves. Et puis, elle a eu la chance de tomber dans les bonnes écuries chez Johan Lessens puis Pénélope Leprevost. Je suis heureux d’avoir croisé sa route.”
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Fin 2012, Flora avait débarqué dans les écuries de la meilleure amazone française, Pénélope Leprevost, avant d’être acquise par le haras de Clarbec de Geneviève, Dominique et Élise Mégret, mécène principal de la Normande.
“Un ami nous a parlé de Flora quand elle avait sept ans. Les propriétaires de la jument, Johan et Patrick Lenssens, l’ont ensuite confiée à Pénélope afin que cette dernière puisse l’essayer dans les meilleures conditions possibles, et elle l’a tout de suite beaucoup aimée. Quand nous l’avons vue sauter avec Pénélope, nous avons été séduits par la facilité avec laquelle elle quittait le sol, sa légèreté et son extrême respect. Elle présentait toutes les qualités d’une future jument de haut niveau. Elle était tellement douée que tout était facile pour elle, ce qui explique pourquoi elle a gravi les échelons aussi rapidement. Nous voulions l’emmener progressivement au plus haut niveau, mais il n’était pas du tout prévu qu’elle participe aux JEM de Caen. Quand notre autre jument Dame Blanche Van Arenberg, qui devait prendre part à cette échéance, s’est blessée, elle est devenue le choix numéro un et a été propulsée plus vite que prévu sur le devant de la scène. Flora était une vraie guerrière qui donnait toujours le meilleur d’elle-même. Quelles que soient les difficultés qui se présentaient, elle ne doutait jamais et c’est ce formidable mental qui, associé à ses qualités physiques, en a fait une jument d’exception. Flora était une jument à part, avec une incroyable personnalité, qui ne laissait personne indifférent. Elle savait très bien communiquer avec les humains et exprimer ses volontés. On ne lui imposait pas les choses, c’est elle qui choisissait. C’était une reine et nous étions ses sujets.”
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En 2014, aux rênes de Pénélope Leprevost, Flora de Mariposa est sortie avec un double sans-faute de sa toute première Coupe des nations au CSIO 5* de Rome, sous les yeux de Philippe Guerdat, conquis.
“En début d’année 2014, j’avais discuté avec la famille Mégret en vue des Jeux équestres mondiaux de Normandie. À la suite de la blessure de Dame Blanche (van Arenberg, qui était la première cartouche du haras de Clarbec et de Pénélope Leprevost pour l’échéance, ndlr), je leur ai dit que Flora avait une chance d’être sélectionnée. Elle n’avait que neuf ans, donc il a fallu la ménager, la préserver et l’amener petit à petit. Elle est arrivée aux JEM alors qu’elle n’était pas du tout prédestinée à ça, mais elle s’est immédiatement montrée au niveau des autres, si ce n’est meilleure. J’adorais vraiment cette jument... C’était une guerrière, très respectueuse, et je savais qu’elle n’allait pas nous laisser tomber car elle avait un vrai caractère de battante! Selon moi, c’est le meilleur cheval que la France ait connu avec Orient Express*HDC (SF, Quick Star x Le Tot de Semilly) ces dernières années. C’est vraiment dommage qu’elle n’ait pas décroché de titre individuel dans sa carrière; elle a toujours été un peu malheureuse dans les championnats. Elle l’aurait amplement mérité. Je me souviens encore de la nuit que nous avons passée à Rio de Janeiro (aux Jeux olympiques, en 2016, où la jument avait contracté un début de coliques et passé la nuit à la clinique vétérinaire, ndlr); n’importe quel autre cheval aurait été dégoûté ou fatigué. Elle, une fois la selle sur le dos, a sauté du feu de dieu, comme si rien ne s’était passé! Pénélope connaîtra sans aucun doute de grands chevaux à nouveau, mais une deuxième Flora, c’est impossible. Elle fait partie des chevaux comme Baloubet du Rouet (SF, Galoubet A x Starter) ou Nino des Buissonnets (SF, Kannan x Narcos II), capables de gagner n’importe quelle épreuve.”
À seulement neuf ans, après un retentissant début de carrière à haut niveau avec Pénélope Leprevost, Flora avait été sélectionnée pour les Jeux équestres mondiaux de Normandie, en 2014, où elle a été sacrée vice-championne par équipes.
“Flora a été fantastique cette semaine... Les deux premiers jours, elle était un peu impressionnée, puis elle m’a plutôt sauvé la peau deux ou trois fois! C’est vraiment un sentiment extraordinaire de monter cette jument. Je pense que c’est la jument d’une vie, celle que tout le monde rêve de rencontrer un jour... C’était peut-être ma Jappeloup! Chaque tour avec elle, je le vivais avec plaisir. À l’époque où j’ai commencé à la monter, je crois que personne ne l’avait encore vraiment repérée. Elle était encore à former, bien sûr, mais je l’avais immédiatement trouvée hors du commun. J’ai tout de suite été séduite par la légèreté de ses sauts et son extraordinaire sens de la barre. J’ai l’impression que quelle que soit la façon dont j’abordais un obstacle, je n’avais aucun risque de fauter. Flora ne doutait de rien, c’était une lionne! Tout était tellement facile pour elle. C’était un vrai chat... Ce sentiment est tellement rare sur un cheval.”
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Jérôme Gaudoux, groom de Pénélope Leprevost pendant plusieurs années, avait noué une relation très particulière avec Flora de Mariposa.
“Je me rappelle que les débuts avec Flora ont été un peu compliqués car elle avait plutôt l’habitude que des filles s’occupent d’elle (ses anciennes grooms de concours Julie Martjin et Anne Riche notamment, ndlr). Elle était vraiment compliquée avec les hommes, donc le contact n’a pas été simple au départ, car elle avait beaucoup de caractère. Elle aimait ses habitudes et être toujours entourée des mêmes personnes, le changement l’inquiétait. Lorsqu’elle ne connaissait pas les personnes qui gravitaient autour d’elle, elle était assez solitaire, dans son coin. Elle avait tendance à coucher les oreilles ou à faire sentir qu’on n’était pas les bienvenus dans son box. En revanche, dès lors qu’elle se sentait en confiance, elle devenait vraiment plus agréable. J’ai pu gagner sa confiance en m’occupant d’elle au quotidien. Elle adorait les bonbons, donc on en avait souvent beaucoup sur nous. Flora était tellement exceptionnelle qu’il y a eu tellement de grands moments... Des juments comme elle, on n’en connaît qu’une seule dans une vie. Avec elle, c’était vraiment particulier car le sport commençait dès le moment où on la mettait dans le camion! Elle a beaucoup compté pour moi, j’ai des photos partout d’elle chez moi. C’est l’une des meilleures juments que j’ai croisée dans ma vie et il sera impossible de la remplacer.”
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Croisée avec Eurocommerce Berlin à l’âge de deux ans par la famille de Brabander, Flora de Mariposa avait donné la fabuleuse Ilena de Mariposa, qui évolue désormais avec Olivier Robert. Elle aussi est la propriété de la famille Mégret.
“Flora sera à jamais irremplaçable à nos yeux et dans notre cœur. Ilena est une jument délicate et très sensible, et elle présente comme sa mère des qualités exceptionnelles dont le même respect incommensurable. Son entente avec son cavalier actuel Olivier Robert se confirme de concours en concours et nous pensons que le couple pourra être performant en Grands Prix CSI 5* l’an prochain. Par la suite, nous la garderons bien évidemment à l’élevage. La jeune production d’Ilena est d’ailleurs très prometteuse, à l’image de Nora de Mariposa (BWP, Elvis Ter Putte) qui évolue sous la selle de Jérôme Guéry et présente beaucoup de similitudes avec sa grand-mère, ou encore Poker de Mariposa (BWP, Nabab de Rêve), l’étalon qui a le plus sailli aux Pays-Bas l’an dernier.”
Cet article est paru dans le magazine GRANDPRIX heroes n°118.