La saison de concours continue à huis clos pour les professionnels

Peu après l’annonce du reconfinement sur l’Hexagone, la ministre des Sports Roxana Maracineanu a précisé que les sportifs professionnels et de haut niveau pourraient continuer à s’entraîner et à concourir. GRANDPRIX fait le point sur la situation et a donné la parole à trois organisateurs de concours.



Pour les cavaliers Amateurs et Clubs, la saison de concours 2020 aura été de courte durée ! Après avoir démarré sur les chapeaux de roue au début de l’été, toutes les échéances ont été annulées le 30 octobre et dans les jours qui ont suivi à la suite de l’annonce du reconfinement par le président de la République Emmanuel Macron. Les compétitions sportives professionnelles vont quant à elle pouvoir se poursuivre à huis clos, comme l’a annoncé la ministre des Sports Roxana Maracineanu : “Les sportifs de haut niveau et les sportifs professionnels pourront continuer à s’entraîner. Et ils pourront aussi continuer à faire des compétitions puisque les déplacements pour raisons professionnelles sont autorisés.” Pour le monde de l’équitation, cela signifie qu’il reste au programme des épreuves Pro ainsi que des épreuves préparatoires, accessibles aux cavaliers professionnels et aux amateurs munis d’un Kbis (à noter que les amateurs ont été autorisés à participer aux épreuves de niveau Pro 3). Sur toute la France oui, car même si les déplacements entre régions ne sont pas permis, circuler pour exercer son métier de compétiteur sera autorisé. Comment les organisateurs vont-ils gérer ce format ? Attendent-ils du monde ? Vont-ils rentrer dans leur frais ? Se sentent-ils soutenus ? Quelle est leur motivation à continuer à organiser des concours ? Éléments de réponses avec Philippe Rossi, Christophe Fournel et Nicolas Jalabert.



Philippe Rossi, directeur du Pôle européen du cheval (Boulerie Jump) à Yvré-l’Évêque (Sarthe)

Concours à huis clos organisé du 6 au 8 novembre, puis du 12 au 15 novembre (Grand National), puis du 27 au 29 novembre

On a déjà annulé la dernière tournée des As, qui était un gros concours pour nous. Il y avait un international prévu ce week-end, et les étrangers ayant annulé puisqu’ils ne peuvent plus se déplacer, on a réagi aussi vite qu’on a pu en le transformant en national pour les pros. Dans la mesure où l’on peut se le permettre, c’est important de maintenir un circuit national. On a vu les dégâts causés par l’arrêt brutal et total de la saison de mars à juin : les chevaux, comme les cavaliers ont eu du mal à repartir. On a conservé un programme équivalent à l’international initialement prévu, avec un Grand Prix à 1,45m, et des épreuves intermédiaires et plus petites. C’est une bonne nouvelle que les Pro 3 soient ouvertes aux licences Amateurs car du coup, les moniteurs (entre autres) vont pouvoir sortir leurs chevaux. Jusqu’à la clôture des engagements, on se donnait la possibilité de ne pas ouvrir si le nombre de participants n’était pas suffisant, car on ne peut pas se permettre de perdre de l’argent, mais j’ai le sentiment que les cavaliers jouent vraiment le jeu. Ce weekend il n’y a pas beaucoup de concours à huis clos organisés car il a fallu réagir très vite, mais dans les semaines à venir cela va se généraliser en France. Lors du Grand National qui aura lieu mi-novembre, je vais discuter avec les cavaliers présents pour savoir quel type d’épreuves pros nous proposerons fin novembre. Et on planifie déjà décembre, car je fais partie de ceux qui pensent que le confinement va durer, et mieux vaut de toute manière assurer ses arrières. On navigue à vue, les conditions ne sont pas évidentes. Le restaurant est fermé, on va fonctionner avec de la vente à emporter mais les chiffres ne sont pas du tout les mêmes, les boutiques ne seront certainement pas toutes ouvertes… On a baissé les dotations mais conservé les 14 000 euros pour le Grand Prix. Tout cela a un coût et les temps sont durs, mais c’est notre choix d’ouvrir ou non, il existe tout un tas d’aides qui nous permettent de choisir d’organiser un concours ou pas, alors assumons nos responsabilités.

Christophe Fournel, gérant du centre équestre des Verries à Saint-Gély-du-Fesc (Hérault)

Concours à huis clos organisé du 6 au 8 novembre  

Le concours Amateurs et Pros initialement prévu était une grosse échéance pour nous : à une semaine de la clôture des engagements nous étions déjà à six-cents engagés, avec toutes les épreuves réservées aux Amateurs complètes. Il a fallu réagir en moins de vingt-quatre heures avec le service compétition de la FFE pour mettre en place un nouveau programme conforme aux conditions sanitaires en vigueur. Les cavaliers ont fait beaucoup de sacrifices : dotations absentes des épreuves préparatoires (la majorité sur ce concours) et réduites dans l’épreuve majeure de chaque journée. Les officiels se sont spontanément proposés de venir bénévolement si toutefois il n’y avait pas assez de participants, afin que la structure ne prenne pas le risque de perdre de l’argent. Tout le monde y met du sien, ça fait plaisir ! Enfin, sauf la fédération : j’aurais apprécié qu’elle fasse un geste sur la part des engagements que nous lui reversons, qui représente pour les épreuves préparatoires 25% du prix de l’engagement. C’est un peu dur, d’autant que nous recevons des directives souvent contradictoires et des mails concernants les conditions d’engagements le lundi de la clôture à 18h30.

Nicolas Jalabert, gérant du centre équestre d’Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales)

Concours à huis clos organisé le 3 novembre

Nous sommes dans une région où il y a peu d’occasions de sortir nos jeunes chevaux, et la SHF n’a jamais accepté d’étendre son circuit par ici. Alors nous nous sommes réunis avec d’autres centres équestres voisins et avons instauré un circuit calqué sur la base du circuit fédéral des jeunes chevaux. Il y a huit échéances de novembre à juin, en semaine. Nous proposons des épreuves préparatoires allant jusqu’à 1,20m. C’est habituellement ouvert à tous, cela permet aussi, en plus des cavaliers professionnels et des éleveurs, aux amateurs de se roder et aux moniteurs de centres équestres de former leur cavalerie pour leurs élèves. Nous avons choisi de maintenir notre concours à huis clos, car de toute façon, soit on fait cela, soit on ne fait rien… Habituellement, nous comptons environ soixante-dix engagés par échéance, contre vingt-six cette fois. Il n’y a pas la buvette, chacun apporte son sandwich. C’est plus une façon, à notre petite échelle, de soutenir la filière et ses membres en continuant à proposer un espace de sortie et de travail, car ce qui est certain c’est qu’on ne va pas gagner d’argent, on va déjà essayer de ne pas en perdre… Les prochaines échéances de notre petit circuit sont Perpignan fin novembre et Bages mi-décembre.