Morgane Tresch, itinéraire d'une groom de champions du monde

Ce n’est pas un, mais deux champions du monde qui ont croisé la route de la Française Morgane Tresch, groom passionnée et passionnante, qui œuvre aujourd’hui aux côtés du multimédaillé néerlandais Jeroen Dubbeldam. Pour GRANDPRIX heroes, Morgane a accepté de revenir sur son parcours professionnel haut en couleurs.



© Collection privée

Bien loin des Pays-Bas où elle est actuellement installée, Morgane Tresch naît à Lyon, en Rhône-Alpes, le 9 septembre 1986. Aînée d’une fratrie de trois filles, la jeune enfant s’oriente vers les cours de poney à l’âge de six ans. “Une de mes tantes adorait les chevaux, mais notre famille n’était pas du tout orientée vers l’équitation. Lorsque mes parents m’ont proposé de pratiquer un sport, j’ai effectué quelques séances au centre équestre La Clairière du Findez, situé à Francheville, dans le Rhône (à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de Lyon, ndlr)... et je leur ai dit que je voulais faire ça toute ma vie!”, amorce Morgane avec un sourire. La petite cavalière évolue d’année en année et a la joie d’accueillir, à l’âge de dix ans, un poney Welsh (Glanusk Fir Cone x Shimpling Pioneer) nommé Sahib de Ray, son premier compagnon, puis trois ans plus tard Initiale du Findez (SF, Aydin des Malais x Huit de Cœur), née chez l’éleveur Jean-Michel Good, propriétaire du fameux centre équestre de Francheville. “Je ne remercierai jamais assez mes parents ainsi que ma regrettée grand-mère de m’avoir permis de rencontrer ces deux magnifiques compagnons”, glisse la jeune femme avec émotion. Après avoir évolué pendant un an sur le Cycle classique sous la selle de son éleveur, Initiale du Findez passe sous celle de Morgane, de 2002 à 2009. “Cette jument m’a beaucoup appris et m’a suivie tout au long de mes pérégrinations”, détaille-t-elle. “À la retraite désormais, elle a donné deux poulains en 2016 et 2017 à Philippe Pertus (gérant de l’élevage de Tus, ndlr) - l’éleveur à qui je l’ai confiée, basé à Sainte-Même, en Charente-Maritime - et coule des jours heureux au pré.” 

À seize ans, après avoir effectué un stage avec Jérôme Blanchet, instructeur à l’école nationale d’équitation de Saumur (ENE), et confortée dans son souhait de travailler dans le monde du cheval, Morgane Tresch se dirige vers un baccalauréat professionnel de conduite et gestion d’une entreprise avec option élevage équin (CGEA), en partenariat avec les écuries du Tournebride, à Dardilly, à une dizaine de kilomètres de là. “Mon stage en apprentissage, extrêmement bénéfique, s’est effectué chez Denys Troussier (cavalier, entraîneur et éleveur basé à Vaulnaveys-leHaut, en Isère, ndlr). Diplôme en poche, je suis retournée auprès de Marc Montginoux (directeur du centre équestre du Tournebride, ndlr), pour m’atteler cette fois au brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJPES) d’équitation. Pour décrocher ce diplôme, j’ai pu compter sur BB Corlato (Hols, Concerto II x Corrado), un hongre talentueux prêté pour l’occasion”, poursuit Morgane. 

UNE HISTOIRE DE RENCONTRES.

Morgane croise une première fois le Bellifontain Jacques Bonnet en 2007, à l’occasion d’un stage effectué à Dardilly. Le courant passe bien avec l’ancien cavalier de l’illustre Apache d’Adriers (SF, Double Espoir x Felix), devenu un grand reproducteur après une belle carrière sportive, qui avait notamment notamment disputé les Coupes des nations des CSIO 5* de Rome, Rotterdam, Hickstead, Saint-Gall, ou encore Aix-la-Chapelle. “Presque deux ans plus tard, alors que je n’avais pas encore pris mes fonctions de monitrice, j’ai retrouvé M. Bonnet par hasard, dans un concours en région parisienne. Après avoir effectué ma détente sous ses conseils, je l’ai ramené chez lui en fin de journée, afin de le dépanner. Pendant le trajet en voiture, il m’a proposé d’effectuer un essai chez lui, en tant que cavalière. J’ai accepté et je me suis rapidement installée à Varennes-sur-Seine, à une vingtaine de kilomètres de Fontainebleau.” Un jour, par hasard, Morgane se retrouve à seconder le groom-concours de l’écurie. D’emblée séduite par le métier, elle le pratique rapidement aux côtés de deux sœurs, également installées dans les écuries Bonnet, et s’initie rapidement aux voyages et aux événements sportifs durant près de six mois. 

Par l’entremise d’une ancienne groom d’Élodie Laborde - ancienne cavalière de niveau 3* et à l’époque propriétaire du haras des Elfs, qui sera vendu en 2015 à Édouard Mathé -, Morgane entre en contact avec ce dernier afin d’honorer un contrat de groom longue durée en septembre 2009. Un premier temps installés à Le Vaudoué, chez feu l’ancien pilote de rallye Philippe Bugalski, Édouard Mathé et son équipe seront basés dans différentes écuries avant de loger un moment chez Philippe Pertus, un ami de la famille d’Édouard. “Nous avons participé à des concours 2 et 3*, avec des objectifs de commercialisation, j’ai donc eu beaucoup de chevaux entre les mains. Je garde notamment un excellent souvenir de Nagir (SF, Le Tot de Semilly x Elf III) et Vatson Sitte (SBS, Cardento x Chellano Z)”, reprend la jeune femme. Ainsi s’écoulent quatre belles années, jusqu’au jour où...



L’AMITIÉ AVEC PHILIPPE LE JEUNE.

En octobre 2013, un appel téléphonique vient changer la vie de Morgane. Le Belge Philippe Le Jeune, champion du monde individuel aux derniers Jeux équestres mondiaux à Lexington en 2010 avec Vigo d’Arsouilles (BWP, Nabab de rêve x Fleuri du Manoir), invite la jeune femme à venir travailler pour lui. “Quand le champion du monde vous appelle, vous ne réfléchissez pas trop!”, se remémore la Lyonnaise. Profitant de quelques jours de congés, elle se rend à Lennik, à vingt minutes de Bruxelles, afin d’y rencontrer Philippe Le Jeune et son épouse Lucia Vizzini, qui a également évolué à haut niveau, sous les couleurs italiennes. “Tout m’a immédiatement plu chez eux. L’ambiance familiale, l’écurie fonctionnelle, la santé et le moral des chevaux. Je suis arrivée un dimanche de novembre et, le lendemain, je partais à Vérone, en Italie, pour une étape de la Coupe du monde Longines ! J’ai ainsi pu goûter à mes premiers CSI 5* et le frisson du haut niveau. Cela faisait vraiment bizarre de croiser des cavaliers que je voyais jusqu’ici à la télévision... Heureusement, je m’y suis vite habituée!” Maastricht, l’ancien Gucci Masters de Paris, Genève, La Corogne, Malines... le cavalier et sa groom écument les concours européens les plus prestigieux. “J’ai eu la chance de monter Vigo d’Arsouilles, bien qu’il ait déjà été mis à la retraite”, poursuit Morgane. “C’était un cheval génial, doté d’une grande personnalité.” 

“Elle était - et est encore d’ailleurs - très professionnelle”, confie Philippe Le Jeune au sujet de son ancienne employée. “Méticuleuse, attentive au bien-être de mes chevaux, ordonnée, je lui faisais une confiance aveugle, d’autant qu’elle avait une très bonne conduite en camion. En concours, surtout à haut niveau, il faut que la machine soit bien huilée. Grâce à Morgane, je pouvais dormir sur mes deux oreilles et me concentrer uniquement sur le sport.” Le cavalier belge rencontre malheureusement un creux financier par la suite, qui marque également sa reconversion professionnelle puisqu’il est aujourd’hui à la tête d’une structure d’entraînement et de thalasso, et informe sa groom qu’il ne pourra bientôt plus la payer à sa juste valeur. “J’étais dévastée car je ne voulais pas quitter cet endroit idyllique”, se rappelle Morgane, la gorge serrée. “J’ai alors appelé mon amie d’enfance Caroline Martin, à l’époque groom française de l’Allemand Christian Ahlmann, et je lui ai demandé si elle avait connaissance d’une offre pour un poste de groom. Il s’est avéré que Judy-Ann Melchior (directrice de la maison Zangersheide, ancienne cavalière internationale belge et compagne de Christian, ndlr), cherchait quelqu’un.” Morgane en parle à Philippe et ce dernier contacte Judy-Ann pour appuyer sa candidature. Septembre 2014 marque donc un nouveau départ pour la jeune femme. 

L’ÉPOPÉE ZANGERSHEIDE. 

En route pour le célèbre haras Zangersheide, situé à Lanaken, en Belgique, Morgane ne manque pas de suivre la finale des Jeux équestres mondiaux de Normandie en 2014 et vibre à la victoire d’un certain Jeroen Dubbeldam... “Bien sûr, le haras Zangersheide est incroyable!”, s’enthousiasme Morgane. “Là-bas, il y avait tout: l’élevage, et quelques-uns des meilleurs chevaux du circuit. J’avais un attachement particulier pour la belle As Cold As Ice Z (Zang, Carthago x Ramiro Z, qui a brillamment évolué à haut niveau sous la selle de Judy-Ann Melchior, ndlr). Je m’occupais beaucoup d’elle et d’Ailina 6 (DSP, Chico’s Boy x Cowondo Z), l’autre jument de tête de Judy-Ann, ainsi que de Dominator 2000 Z (Zang, Diamant de Semilly x Cassini I), Comilfo Plus Z (Westf, Comme Il Faut x Balou du Rouet) et Take a Chance on Me Z (Zang, Taloubet Z x Aldatus Z), tous passés maintenant sous la selle de Christian Ahlmann. Nous allions d’ailleurs parfois chez Christian, en Allemagne (à Marl, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, ndlr), et je pouvais prendre soin de cracks comme Codex One (Hann, Contendro I x Glueckspilz) et Taloubet Z (KWPN, Galoubet A x Polydor). Mais j’en reviens encore à As Cold As Ice Z, qui était une jument profondément gentille à l’écurie et si battante en piste! Je garde en mémoire notre victoire par équipes lors de la Coupe des nations du CSIO 5* d’Hickstead en juillet 2015, et la finale des Coupes des nations de Barcelone la même année. Je revois encore cette scène, une heure avant le début de l’épreuve, où nous étions, Judy, Ice et moi, toutes les trois en train de dormir dans les écuries ! (Rires) Évidemment, je n’oublierai pas non plus notre magnifique double sans-faute dans la Coupe des nations du CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle en 2016, ainsi que notre neuvième place dans le mythique Grand Prix.” “J’ai également des souvenirs fantastiques”, appuie à son tour Judy-Ann Melchior. “As Cold As Ice Z est une jument de rêve, nous avons eu beaucoup de chance de l’avoir dans notre vie ; nous avons vécu de très belles années toutes les trois.” Désormais à la retraite, As Cold As Ice Z est devenue poulinière pour le prolifique stud-book Zangersheide. À l’occasion du championnat du monde des jeunes chevaux en 2019, organisé en parallèle des championnats de Belgique, Morgane a eu la possibilité d’aller revoir sa protégée dans les prés du haras Zangersheide. “À ma grande surprise, elle m’a reconnue tout de suite! Elle n’a pas changé, et reste toujours à chercher sa petite friandise et à attendre que je lui souffle dans le nez... C’était un moment très attendrissant.”

Très occupée par la gestion du haras Zangersheide, Judy-Ann Melchior lève le pied de la compétition en 2017. “Je voulais poursuivre mon métier de groom-concours, et en discutant de l’avenir avec JudyAnn, elle m’a conseillé de chercher une bonne place ailleurs. Quelques jours plus tard, en pleine nuit, alors que je n’arrivais pas à dormir, je suis tombée par hasard sur une annonce de Jeroen Dubbeldam sur les réseaux sociaux. Quand j’ai appris que la place était toujours libre, j’en ai parlé à Judy-Ann et Philippe (Le Jeune, ndlr), qui m’ont conseillé de tenter ma chance.” “Morgane gâtait tout le monde, cheval comme cavalier!”, complète Judy-Ann. “Nous étions évidemment tristes qu’elle nous quitte, mais c’était dans l’ordre des choses et elle méritait d’évoluer au sein d’une bonne écurie.” Après un premier appel téléphonique, Morgane se rend au CSI 2* d’Aix-la-Chapelle au mois de mai pour rencontrer Jeroen Dubbledam, qui y concourait. Le courant passe bien et les deux sont désireux de travailler ensemble. Après en avoir discuté avec Judy-Ann, Morgane achève son contrat en Belgique et s’installe fin mai 2017 chez le champion du monde en titre, à Weerselo, aux Pays-Bas.

© Collection privée



AUX CÔTÉS D’UN AUTRE CHAMPION DU MONDE.

“Intégrer une nouvelle écurie nécessite toujours un temps d’adaptation, mais cela s’est fait rapidement”, poursuit Morgane. “À peine arrivée, je partais déjà en concours! J’étais impressionnée et stressée lors de mon premier concours avec Zenith (KWPN, Rash R x Fuego du Prelet, double médaillé d’or aux mondiaux de Caen et aux Européens d’Aix-la-Chapelle en 2015, ndlr), qui était le meilleur cheval du monde… Ce cheval est finalement un grand enfant ! Il a son caractère et ses habitudes, mais une fois qu’il se trouve en confiance, tout se passe très bien.” Morgane complète à ce jour une équipe de sept personnes, Jeroen Dubbeldam et sa compagne belge Annelies Vorsselmans, Tonnie Kreuwel, manager d’écurie depuis plus de vingt ans, Femke Pieper, groom maison depuis presque dix ans, Suzanne van Sinten, groom concours d’Annelies, et enfin deux jeunes cavaliers voisins, Lars Wigger et Liz Menhuis. Les frères américains Lucas et Wilton Porter louent, eux, l’écurie attenante et profitent des conseils d’entraînement de Jeroen. “L’écurie est très agréable et a récemment réorganisé ses paddocks en herbe pour en proposer maintenant huit”, détaille Morgane. Tout est protégé dans un grand bâtiment, avec un manège central bordé d’écuries et d’un marcheur à quatre places. “En dehors des concours, nous commençons la journée à 7h15, avec Tonnie qui nourrit les chevaux, puis nous faisons les boxes et mettons les chevaux au marcheur ou au paddock, un par un. Zenith et De Sijem (Kwpn, Aram x Wahtamin XX), les deux anciens cracks de Jeroen, sortent souvent ensemble. À 9h00, nous prenons trente minutes de pause dans la cuisine pour déjeuner et organiser la journée. Ensuite, jusqu’à midi, Jeroen et Annelies vont monter leurs chevaux, et Tonnie longe les autres. L’après-midi, nous alternons entre chevaux montés ou amenés au paddock. Zenith est en complète retraite désormais, mais j’adorais le monter quand j’en avais l’occasion! Sauf en extérieur, où il a beaucoup trop de caractère... (Rires) Victime de deux hernies discales durant l’été 2019, j’ai dû beaucoup moins monter, mais je suis aussi heureuse à pied! En concours, le rythme est différent, bien sûr. Si nous ne disputons pas tous les concours 5* du circuit, nous sommes présents sur les grands événements... Jeroen est un homme de championnat, tout le monde a pu s’en rendre compte!” Jeroen Dubbeldam présente en effet l’un des plus beaux palmarès de l’histoire du saut d’obstacles, avec une médaille d’or individuelle et de bronze par équipes aux championnats d’Europe Jeunes Cavaliers en 1994, une médaille de bronze par équipes aux championnats d’Europe en 1999, le titre de champion olympique aux Jeux olympiques de Sydney en 2000, une médaille de bronze par équipes aux championnats d’Europe en 2005, une médaille d’or par équipes aux Jeux équestres mondiaux d’Aix-la-Chapelle en 2006, le double sacre en individuel et par équipes aux Jeux équestres mondiaux de Caen 2014 et, enfin, les deux titres aux championnats d’Europe d’Aix-la-Chapelle en 2015. “Disputer moins de CSI 5* ne me dérange pas du tout. Le travail est le même quel que soit le niveau du concours. En 5*, je retrouve néanmoins mes amis grooms et en profite pour enrichir mes connaissances personnelles.”

TROIS ANNÉES D’ÉMOTIONS. 

“Zenith occupe bien sûr une place importante dans ma vie. Que d’émotions quand Jeroen et lui ont gagné le Grand Prix 4* de Šamorín en 2017, puis le Grand Prix 3* de Saint-Lô quelques mois plus tard... et que dire de ses adieux à la compétition lors du CHI de Bois-le-Duc en mars 2019! Ce n’est pas rien d’arrêter une star comme lui”, poursuit la jeune groom. “J’aimerais également citer Oak Grove’s Carlyle (Holst, Casall x Corrado I), qui nous a permis d’entrer sur la liste des sélectionnables pour les Jeux olympiques de Tokyo (reportés à l’été 2021 en raison de la pandémie de Covid-19, ndlr). Participer aux grands événements, et bien sûr aux Jeux olympiques, est un rêve depuis que je suis toute petite... Je garde espoir.” 

Si jusqu’ici Morgane n’avait eu affaire qu’à des écuries francophones ou presque, il en est autrement aux Pays-Bas, même si Jeroen parle extrêmement bien le français, ayant passé six années en Suisse. “L’anglais n’était pas mon fort, mais il fallait que je progresse pour avancer. Pour m’aider, j’ai regardé “Top Gun”, mon film préféré, en version originale en boucle! Je connaissais les répliques par cœur en français (rires). Je tiens d’ailleurs à remercier vivement ma meilleure amie Julie, qui a supporté ma folie cinématographique et m’accompagne dans tous mes choix depuis ma collaboration avec Édouard Mathé! (Rires) J’essaye d’apprendre désormais le néerlandais, mais de manière plus classique. J’aime beaucoup mon métier, et j’adore pouvoir régulièrement voyager tout autour du monde, mais je pense que Jeroen sera le dernier cavalier pour lequel je travaille - une fois qu’il aura achevé sa carrière. Le métier de groom est très prenant, et il faut aussi savoir faire des coupures car on ne peut pas vivre à 200% tout le temps... Dès que je le peux, je rentre chez mes parents, à Lyon, pour retrouver ma famille et mes amis. Pour l’instant je vis au jour le jour, je profite de ma situation, de “mes” chevaux et de mes deux chiens, Ficell et Louis, qui me suivent partout. Je garde toutefois un œil sur mon passé pour évaluer mon parcours. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont permis de faire ce que j’ai toujours voulu, et sans qui je n’en serais pas là aujourd’hui. Ils m’ont toujours soutenue dans mes choix et motivée dans n’importe quelle situation. Et quel honneur d’avoir pu côtoyer tous ces chevaux-stars! Je pense aussi à toutes les personnes que j’ai pu croiser depuis tant d’années, avec qui j’ai pu travailler et apprendre, comme les vétérinaires, maréchaux-ferrants, ostéopathes, dentistes, selliers, et bien sûr propriétaires et cavaliers... Comment ne pas être reconnaissante?”

“Morgane est une excellente groom, travailleuse et précautionneuse“, glisse enfin avec bienveillance Jeroen Dubbeldam. “Multitâche, elle peut aussi bien longer, monter, que donner un coup de main! En outre, elle gère très bien les transports et la conduite en camion. Il est difficile de lui trouver un défaut... Mais comme nous avons tous des points à améliorer, je pencherais pour son exigence envers elle-même et les autres, qui l’empêche parfois d’avoir une vie plus douce.” Et Jeroen a-t-il lui aussi des défauts ou des manies de cavalier? “Il a une dizaine de selles et autant de paires d’étriers!”, révèle Morgane en rigolant. “Il en change régulièrement selon son ressenti, mais je remarque qu’il revient souvent à la selle de Zenith, qu’il garde surtout pour les championnats, comme un porte-bonheur. Il réserve également les mêmes paires de bottes et d’étriers pour les grands rendez-vous.” 

Gageons que Morgane aura la chance d’achever sa carrière de groom, dans quelques années, sur une énième médaille avec le redoutable Jeroen Dubbeldam!

Cet article est paru dans le magazine GRANDPRIX heroes n°118.