Édouard Schmitz, Elin Ott et Mathias Schibli, les rookies du cadre Élite suisse
Au début du mois, la Fédération suisse des sports équestres (FSSE) dévoilait la liste des cavaliers de saut d’obstacles composant le cadre Élite pour la saison 2021. Parmi les vingt-quatre sélectionnés, le Genevois Édouard Schmitz et la Zurichoise Elin Ott sont promus du cadre Espoir au cadre Élite, tandis que le Saint-Gallois Mathias Schibli et le Bernois Niklaus Schurtenberger, en bronze par équipes avec Cantus aux Jeux olympiques de Hong-Kong en 2008, font leur entrée dans ce cadre de haut niveau aux côtés notamment des actuels numéro un et deux mondiaux au classement Longines des cavaliers, Steve Guerdat et Martin Fuchs. Édouard Schmitz, Elin Ott et Mathias Schibli ont accepté de revenir sur cette évolution dans leur carrière et leurs objectifs pour la saison 2021.
“J’ai déjà mis un petit pied dans le haut niveau, mais j’espère maintenant en mettre un grand!”, Édouard Schmitz
Déjà membre du cadre Espoir, le Genevois Édouard Schmitz, vingt-et-un ans, intègre désormais le cadre Élite. Le prometteur cavalier s’entraîne depuis trois ans chez Martin et Thomas Fuchs, à Wängi, à quarante minutes de Zurich. Alors qu’il a débuté l’équitation à huit ans, il a montré une progression impressionnante au fil des années, marquée par deux échéances européennes à Poneys avec Roughan Sparrow (Conn, Glenayre Silver Fox x Gun Smoke) en 2013 et 2014, puis cinq échéances continentales chez les Jeunes avec son fidèle Cortino 46 (Holst, Coriano x Caretino) - trois chez les Juniors avec notamment une dixième place en individuel en 2017 puis deux chez les Jeunes Cavaliers. Il compte également plusieurs participations aux CSIO 5* de la Baule et Saint-Gall ainsi qu’au CSI 5* de Genève.
“Intégrer le cadre Élite est l’objectif de tout cavalier qui passe par les cadres de la relève et y parvenir est une énorme satisfaction pour moi. Mon objectif est de continuer à avancer sur un plan personnel. Quand on sort des épreuves Jeunes Cavaliers, on a parfois l’impression d’être plus avancé qu’on ne l’est vraiment. Il s’agira aussi de se mesurer aux autres membres du cadre et voir où j’en suis, pour pouvoir avancer individuellement le plus loin possible. Après, le rêve de tout jeune cavalier est de pouvoir disputer des Coupes des nations et c’est bien entendu le mien aussi! J’ai déjà mis un petit pied dans le haut niveau, mais j’espère maintenant en mettre un grand! (Rires) Pour l’instant, j’ai six chevaux à disposition pour faire du concours, dont deux m’appartiennent : Balenciana K (Han, Balou du Rouet x Grosso Z) et Cortino 46 sont mes deux chevaux de tête. Ils ont un assez bon niveau maintenant et j’espère pouvoir faire de belles performances avec eux l’année prochaine. J’ai un très bon cheval de huit qui m’est confié par Arturo Fasana et en qui je place de grands espoirs, Gamin van't Naastveldhof (sBs, Chacco Chacco x Toulon). Il y a également une jument de neuf ans qui s’appelle Babylone des Érables (cheval suisse, Chai D x Kashmir van het Schuttershof), que je monte depuis peu. Elle s’est classée dans le Grand Prix du CSI 2* de Chevenez il y a trois semaines et montre de très bonnes choses. Monsieur Fasana me confie également un cheval de sept ans (Illusion (KWPN, Don Diablo HX x Voltaire), ndlr), que j’aime personnellement beaucoup mais qui est encore inexpérimenté. Je pense qu’il a un bel avenir devant lui. Enfin, j’ai un second cheval de sept ans, en copropriété avec Thomas Fuchs (Cerolino (Holst, Cero x Come On), ndlr). Nous avons tous deux de grands espoirs, mais l’objectif est de le commercialiser. Concernant cette saison 2020, j’ai de la chance d’avoir des chevaux qui ne sont pas trop vieux. J’ai l’impression qu’elle nous a donné l’opportunité de prendre le temps de les travailler correctement à la maison, de faire plus d’exercices. Maintenant, quand l’on pense aux chevaux de sept ans, ce n’était pas l’idéal car ils ont besoin de faire des concours et voir de nouvelles choses. Pour les chevaux plus âgés, avoir eu l’opportunité de souffler un coup et de faire un peu autre chose à la maison, ce n’était pas plus mal. En tant que cavalier, c’est vrai que c’était très frustrant de rester à la maison.”
“J’aimerais participer à des CSI 4*, et peut-être avoir l’opportunité de participer à mon premier CSI 5*”, Elin Ott
Également promue du cadre Espoir au cadre Élite, Elin Ott, vingt-et-un ans, a elle aussi fait ses armes chez les Jeunes. La fille d’Andreas Ott, cavalier helvétique de haut niveau, compte à son actif trois championnats d’Europe, chez les Enfants en 2013, puis les Juniors en 2016 et l’an passé avec les Jeunes Cavaliers, où elle a terminé septième en individuel avec Nanu II (Holst, New Time x Corofino 2). Dans cette dernière catégorie, l’amazone zurichoise compte également deux titres de championne nationale. Elin Ott a d'ailleurs effectué ses débuts en Coupe des nations hier lors du CSIO 3* de Vilamoura, signant un parcours à huit points avec Remix (DWB, Quidam de Revel x Come On).
“J’ai grandi avec les chevaux, ma passion vient de mes jeunes années. L’an passé, j’ai fait partie de la Young Riders Academy, ce qui a été une très bonne opportunité pour moi d’améliorer mes compétences à cheval. J’ai passé quatre mois chez Émile Hendricks et un mois avec Marco Kutscher. Mon père m’entraîne depuis que je suis petite, et à seize ans j’ai aussi commencé à travailler avec Jessica Kürten (ancienne cavalière de haut niveau Irlandaise, ndlr), qui est mon entraîneur principale maintenant. Intégrer le cadre Élite est une belle reconnaissance, car c’est toujours compliqué de faire ce grand saut entre les Jeunes Cavaliers et l’Élite. Je suis très heureuse et c’est une chance pour faire avancer sur ma carrière. Concernant mes objectifs pour l’année prochaine, je souhaite grimper dans le classement mondial, afin de pouvoir participer à de beaux concours. Et bien évidemment, garder mes chevaux en forme! J’aimerais participer à des CSI 4*, et peut-être avoir l’opportunité de participer à mon premier CSI 5* comme celui de Saint-Gall, par exemple. Cela serait génial. Pour cela, je peux compter sur Remix, la jument qui m’a permis de remporter les championnats nationaux cette année, ainsi que sur mon autre jument Nanu II, avec laquelle j’ai concouru aux championnats d’Europe en 2019 et obtenu le titre national en 2018. Un jeune cheval de huit ans m’a aussi rejoint il y a deux mois, Caracoles (Han, Chacco-Blue x Lifestyle 16), donc je suis pressée de voir ce que la saison prochaine nous réserve. Les propriétaires de Remix me confient également deux autres bons chevaux, un hongre de neuf ans qui évolue jusqu’à 1,45m et qui commencera les 1,50m l’année prochaine (Unato (CH, Uno II x Carolus), ndlr) et un cheval de vitesse (Denzel Quantum Leap (KWNP Cantos x Indoctro), ndlr). Mon rêve est de devenir cavalière professionnelle. Actuellement je travaille en parallèle. J’ai étudié l’économie et j’ai fini mon apprentissage à l’été 2019, et j’ai continué ce travail. J’espère qu’à l’avenir je pourrai uniquement monter et gagner ma vie grâce à cela.”
“La saison prochaine, je souhaite simplement faire mes preuves”, Mathias Schibli
Mathias Schibli, trente-neuf ans, intègre le cadre Élite pour la première fois de sa carrière. Le père de famille possède ses propres écuries à Henau, entre Zurich et Saint-Gall, à dix minutes de celles de Thomas Fuchs, son entraîneur. Soixante chevaux y vivent et appartiennent pour la plupart à des cavaliers de loisirs. Arrivé assez tard dans le sport de haut niveau, le Saint-Gallois a notamment remporté le Grand Prix du CSI 3* de Gorla Minore en novembre 2019 avec Quno (Holst, Quo Vados I x Cashandcarry), le seul cheval qui puisse actuellement lui permettre de courir de belles épreuves.
“Je suis né ici mais petit, je ne montais pas vraiment. Je n’ai jamais participé aux épreuves Jeunes. À vingt-deux ans, je ne savais pas trop ce que je voulais faire. J’ai eu la chance de pouvoir partir aux États-Unis. Je suis resté trois mois dans une écurie en Floride, à Ocala. Je ne montais pas, mais je m’occupais de préparer les chevaux pour les cavaliers. Après ça, j’ai passé huit mois à Hambourg, où j’ai énormément appris et pour la première fois, j’ai vraiment beaucoup monté à cheval. À vingt-trois ans, je suis revenu à la maison et à cet âge-là seulement j’ai participé à ma première compétition, une épreuve à 1,20m. J’ai commencé à sauter 1,40m vers vingt-six ans, je suis plutôt tardif ! Je suis basé à dix minutes des écuries de Thomas et Martin Fuchs, ce qui est une très bonne chose pour moi. Ils m’aident beaucoup et je m’entraîne avec Thomas Fuchs, et parfois avec Martin. Thomas est devenu un bon ami et je les remercie tous les deux pour ce qu’ils m’apportent. Cela m’a permis d’intégrer le cadre Élite. Je suis en partie un amateur, un ou deux jours par semaine j’enseigne dans une école à des jeunes gens qui veulent devenir professionnel dans le milieu équin. Entrer dans ce cadre Élite est très bien, je suis excité par ce que cela signifie pour moi. Cela va être une chance d’apprendre énormément grâce à différentes personnes très intéressantes. C’est un changement et je verrai ce que cela donne pour moi ! La saison prochaine, je souhaite simplement faire mes preuves. L’un des rêves de ma vie est de faire partie de l’équipe pour une Coupe des nations, monter une fois pour la Suisse. J’espère que la saison prochaine, il y aura plus de compétitions que cette année. La majorité du temps, je concours dans mon pays et assez peu à l’international. J’aime monter sur l’herbe, peut-être qu’un jour j’aurais l’occasion de concourir sur la grande piste d’Aix-la-Chapelle. C’est aussi un rêve ! Je n’ai qu’un seul bon cheval pour la saison prochaine, Quno. Il a énormément de qualités et saute très bien. Il a des moyens, du sang, n’a pas peur de grand-chose et est simple à monter, ce qui est parfait pour moi ! (Rires) J’ai récemment vendu deux de mes bons chevaux, donc il ne me reste que lui pour les grosses épreuves. J’ai également trois jeunes chevaux. Pour moi, l’année prochaine sera intéressante et j’ai hâte que cela débute.”
En vidéo, le parcours initial de Mathias Schibli et Quno lors du CSI 2* de Chevenez fin octobre, où le couple s’est classé huitième