Quels changements pour le règlement FEI de complet en 2021 ?
En perpétuelle évolution pour s’adapter aux nouveaux enjeux de la discipline, le règlement de la Fédération équestre internationale (FEI) relatif au concours complet a fait l’objet de nombreuses discussions en 2020. À l’approche de son assemblée générale annuelle, la FEI a publié un récapitulatif des principaux changements qu’elle soumettra au débat et aux votes aujourd’hui, lundi 23 novembre.
C’est dans un dialogue avec les fédérations nationales et l’ensemble des parties-prenantes de la discipline, que le Comité de la FEI en charge du complet a fait émerger un nombre conséquent de pistes de modification de son règlement.
Plus de couples sélectionnés pour les championnats du monde
Après la dernière édition des Jeux équestres mondiaux à Tryon (USA), en 2018, le modèle même des JEM et la possibilité qu’il soit porté par aucun organisateur a été remis en cause. Si bien que la FEI a depuis autorisé que les championnats du monde de chacune des huit disciplines équestres concernées se tiennent sur des sites séparés, individuellement ou par petits regroupements. Aujourd'hui, le règlement prévoit que chaque nation puisse présenter cinq couples (soit quatre en équipes et un en individuel, ou trois en équipe et deux en individuel) dans chacune des disciplines concernées par les championnats du monde. Mais, déplorant la réduction du nombre de couples de quatre à trois par pays qualifié aux Jeux olympiques, la fédération allemande a proposé que chaque nation puisse présenter six couples au lieu de cinq (soit un individuel de plus) au tournoi mondial, lorsque le site hébergeur a la capacité d’accueillir des candidats supplémentaires. Ceci pour ouvrir davantage d’opportunités aux meilleurs compétiteurs mondiaux. En réponse, la FEI proposera que le nombre de compétiteurs par nation soit limité à cinq lorsque plusieurs championnats ont lieu simultanément sur le même site, et six sinon.
Des amendements pour l’organisation de concours
Première proposition concernant les organisateurs de concours : l’obligation d’élaborer deux scenarii de distribution des allocations par épreuve en fonction du nombre de concurrents au départ, étant entendu que l’ensemble des sommes annoncées au programme doivent être distribuées. Ainsi le nombre, et par conséquent, le montant, des allocations, seraient-ils fonction de la longueur de la start-list.
Autre proposition prochainement soumise au vote : la mise en place d’un examen vétérinaire obligatoire pour tous les couples à l’arrivée d’un cross. Le praticien, nommé par le comité organisateur en accord avec le vétérinaire délégué, déciderait d’autoriser tout cheval ayant franchi la ligne à retourner en marchant à son box, de lui prescrire des soins avant cela, ou de demander à ce qu’il soit transféré en camion à l’écurie ou dans un centre vétérinaire. Cependant, il n’aurait aucun pouvoir pour éliminer un cheval quel que soit son état, mais devrait reporter au jury et au vétérinaire délégué tout soupçon d’abus commis sur l’animal. L’examen vétérinaire resterait par ailleurs obligatoire pour tout cheval ayant fait les frais d’une chute, d’une élimination ou d’un abandon, avant qu’il ne quitte le site de la compétition.
Enfin, le rôle du chef de piste de cross pourrait être étendu. Jusque-là responsable de la préparation du parcours, de la construction et du balisage des obstacles, il pourrait être amené à travailler avec le délégué technique et le jury de terrain pour répondre à des requêtes, distribuer des sanctions (monte dangereuse, abus et bien-être du cheval, comportement incorrect), ou encore modifier le parcours ou un obstacle pendant l’événement en cas de chutes répétitives ou de nécessité liée à la météo. Il serait également chargé de vérifier la conformité des dispositifs frangibles avec les exigences de la FEI.
La sécurité toujours
Du côté des cavaliers, le Comité se montre favorable à la proposition du Groupe de pilotage du management du risque de la FEI, visant à durcir des conditions d’accès des athlètes les moins expérimentés aux CCI 3*, 4* et 5*-L, ainsi qu’aux CCI 4*-S ; ceci afin d’éviter des accidents liés à l’impréparation de certains d’entre eux. En pratique, la FEI classe l’ensemble des compétiteurs internationaux de complet en quatre catégories (de D à A), plus les non-catégorisés faute de résultats significatifs suffisants, en se fondant sur leurs performances au cours de huit années précédentes (huit ans et demi par exception au 1e juillet 2020 en raison de la crise du Covid et de la suppression de nombreux événements pour la saison écoulée, ndlr). Appartenir à une catégorie implique d’avoir fait la démonstration de compétences à un niveau donné d’épreuves en en ayant bouclé un nombre suffisant dans des critères de performance définis par la FEI. Par exemple, pour intégrer la catégorie D, il faut avoir rempli ces critères sur au moins quinze CCI-S ou CCI-L de niveau 2* ou plus, ou cinq de niveau supérieur. Et à titre d’exemple toujours, alors qu’un cavalier non catégorisé, D ou C, doit aujourd'hui pour accéder à un CCI 4*-S, avoir réalisé les minimums requis sur deux CCI 3*-S, il devrait dorénavant l’avoir fait sur trois événements de ce niveau. Si cette proposition a d’ores et déjà été saluée par un certain nombre d’acteurs de la discipline, les fédérations nationales allemande, américaine et hollandaise ont regretté que sa mise en œuvre soit prévue pour le 1er juillet 2021, à la clôture des qualifications pour les Jeux olympiques de Tokyo. Arguant que la Covid-19 limiterait certainement le nombre d’événements organisés en 2021, elles souhaitaient qu’elle soit repoussée au 1e janvier 2022. La FEI a cependant maintenu la date initiale proposée.
Toujours dans une perspective sécuritaire, la FEI confirme les dispositions relatives aux cas de monte dangereuse mais souhaite qu’il soit précisé qu’en plus d’un avertissement (rappelons que deux cartons jaunes collectés en douze mois entraînent une suspension de deux mois, ndlr), le cavalier puisse écoper de vingt-cinq points de pénalité ou être éliminé en cours d’épreuve, et non les deux comme le stipule le règlement 2020. Elle propose également que la monte dangereuse constitue dorénavant un cas d’abus du cheval, au même titre que la monte d’un animal indubitablement boiteux ou épuisé, d’une pression excessive exercée sur un cheval fatigué, ou de traces de sang témoignant d’un usage excessif de la cravache, entre autres.
Concernant la construction des obstacles, 2020 avait été marquée par l’introduction obligatoire de dispositifs frangibles, c'est-à-dire susceptibles de tomber en cas de choc important et d’éviter ainsi la chute du cheval, sur certains profils d’obstacles en 4 et 5* et championnats. Dès 2019, le Comité en charge du concours complet avait pour objectif que cette disposition soit étendue à tous les niveaux à partir de 2021. Et c’est bien ce qu’il soumettra aux votes. En cas de validation, cette proposition entrerait en vigueur dès le 1er janvier prochain. Cette décision s’avère a priori fermement soutenue par nombre de fédérations nationales, en particulier celle des États-Unis.
Par ailleurs, toujours dans le but de maximiser la sécurité des compétiteurs, le Comité suggère que tout obstacle de cross soit désormais muni d’une barre de pied, aidant le cheval à mieux évaluer la difficulté et à trouver le bon point d’appel. Enfin, tout parcours devrait comporter au moins un effort lié à l’eau, sans que cela ne soit nécessairement un gué.