“Alizée Froment est une cavalière qui me fascine depuis plusieurs années”, Anouk Canteloup

Depuis deux semaines, Anouk Canteloup a rejoint les écuries d’Alizée Froment, en Belgique. Aux côtés de la dresseuse tricolore, également cavalière de spectacle, la jeune complétiste n’entame pas une reconversion mais “vient spécifiquement [se] perfectionner pour les championnats d’Europe” dans le premier des trois tests. Accompagnée de Daniel Del Imperméable, qui lui a notamment permis d’être sacrée double médaillée d’or aux championnats d’Europe Longines de 2018, en Juniors, vice-championne d’Europe Jeunes Cavaliers par équipes en 2019 et plus récemment championne de France dans cette même catégorie, l’amazone s’est confiée sur ce déménagement et sa soif d’apprendre, les yeux tournés avec ambition vers la saison 2021.



Vous venez d’arriver en Belgique avec votre complice de longue date Daniel Del Imperméable, où vous vous entrainez désormais avec l’amazone Tricolore Alizée Froment. Quel est l’objectif de ce déménagement? 

Je suis arrivée le 10 novembre. Mon objectif en venant ici est d’abord de me perfectionner en dressage et d’essayer de franchir un vrai cap cet hiver. Je ne perds pas de vue mon objectif principal de la saison prochaine, les championnats d’Europe en Suède (qui se tiendront du 26 au 29 août 2021 à Segersjö, ndlr). Ce seront mes derniers (en Jeunes Cavaliers. À vingt-et-un ans l’an prochain, Anouk aura ensuite atteint la limite d’âge pour concourir dans cette catégorie, ndlr). Je veux vraiment être prête à 200% et mettre toutes les chances de mon côté. Avec un cheval d’âge, c’est difficile de s’entraîner pour les trois disciplines, afin de préserver sa santé. Je ne peux pas sauter ni faire du cross tous les jours, cela n’aurait pas de sens. En revanche, je pense que j’ai vraiment de quoi m’améliorer en dressage. De toute façon, pour être performante et accrocher un titre en Jeunes Cavaliers, il faut être bon sur les trois tests, donc en dressage. La concurrence est rude, notamment du côté des Britanniques et des Allemands, qui obtiennent de très bonnes notes sur cette épreuve.

J’ai toujours aimé les trois tests, et le dressage. Je sentais cependant que je ne progressais plus. Toute seule je n’arrivais pas à trouver la solution. Mon entraîneur me donnait de très bons conseils mais ce n’était qu’en concours, or, ce n’est pas le moment pour résoudre les problèmes. Nous faisions toujours de notre mieux pour bien dérouler la reprise, mais nous avons un vrai travail à effectuer pour évoluer. J’ai bien conscience que je ne deviendrai pas Alizée Froment en deux mois. J’espère cela va nous permettre d’avancer mon cheval et moi, et de ressentir de nouvelles sensations. Et ainsi prendre encore plus de plaisir en dressage !

Pourquoi avez-vous choisi de travailler auprès d’Alizée Froment et qu’appréciez-vous chez elle? 

Alizée est une cavalière qui me fascine depuis plusieurs années, notamment par la légèreté de son équitation. Je la regarde monter ses chevaux tous les jours et j’en prends pleins les yeux, c’est incroyable. Pour moi, elle est unique. Quand on regarde son palmarès, elle a concouru jusqu’en CDI 5*. Nous en parlions justement l’autre jour: à Doha, elle participait au CDI 5* et le soir elle déroulait son spectacle avec le même cheval (Mistral du Coussoul, ndlr), en cordelette, sans aucun artifice. Cela prouve qu’elle arrive à établir une vraie relation avec son cheval et cela démontre la qualité de son équitation pour en arriver là, pour réussir à tout enlever et arriver au même résultat. C’est pour cela que j’ai choisi de travailler avec elle pendant la saison hivernale.

Ce que j’aime, c’est qu’elle reprend beaucoup plus le cavalier que le cheval lors du travail. Elle est obnubilée par la position. Quand on voit la sienne à cheval, c’est exactement ce dont il faut s’inspirer! C’est ce qui me plait, se remettre constamment en question, travailler notre position qui va ensuite améliorer le fonctionnement de notre cheval. Souvent, nous sommes obsédés par le cheval et son attitude, alors que le cavalier commet des actions parasites. Alizée se concentre justement là-dessus. Je viens de travailler sans étrier, et je pense que je vais y avoir droit un bon moment! Je sens que cela me fait un bien fou. C’est très intéressant et enrichissant.

Combien de temps comptez-vous rester chez nos voisins belges? 

Pour le moment, nous sommes parties pour travailler ensemble cet hiver, jusqu’à fin janvier, même si je n’ai pas encore de date précise de fin. Les concours vont reprendre début mars, donc je ne vois pas comment cela serait envisageable de rester plus longtemps, car cela me rajouterait beaucoup d’heures de route. Je serais beaucoup plus loin de toutes les compétitions. Après, c’est vrai que parfois nous arrivons quelque part et nous n’en repartons plus (rires). Mais le plan actuellement est de rentrer en France pour retrouver ensuite mon encadrement, réaliser ma saison de concours et être plus proche des terrains.



En quoi consiste votre quotidien et vos entraînements là-bas? 

Généralement, nous commençons le matin à sept heures. Avec Alizée, nous avons convenu de réaliser trois séances par semaine avec Daniel. Le reste du temps, j’essaie de lui faire faire un galop par semaine pour le garder en condition, des trottings, ce qui est important pour son moral. Je ne pense pas qu’il ait envie de faire que du dressage. Je vais essayer de planifier une séance de saut d’obstacles par semaine, pour lui mais aussi pour moi. Lui n’en a pas trop besoin mais si je ne vois pas de barres pendant trois mois, cela va me faire bizarre! (Rires). Alizée est notamment montée sur Kway (le surnom de Daniel Del Imperméable, ndlr) la semaine dernière, elle l’a très bien cerné et a ressenti les mêmes choses que moi. Elle va donc le travailler une fois par semaine pour le faire évoluer, tandis que je monterai un de ses chevaux, un vrai maître d’école. Si je ne mets pas la bonne énergie ou si je suis mal positionnée, il trotte très mal et ce n’est pas agréable d’être dessus! Donc cela me force à travailler vraiment sur ma position, ce qui me fait progresser.

Avec Happy, un petit nouveau de trois ans qui m’est confié par son propriétaire, j’effectuerai également deux ou trois séances par semaine. Il est jeune, il ne faut pas non plus trop en faire.

Je monte donc le matin, généralement deux ou trois chevaux par jour. Alizée me fait monter ses chevaux sur le plat ou parfois je les emmène en trotting pour la dépanner. Après, j’aide aux écuries, et je profite de l’après-midi pour travailler mes cours.

Cet entraînement en Belgique est-il compatible avec vos études de chiropractie? 

Pouvoir réaliser les cours à distance est un avantage. Déjà avant de partir chez Alizée, j’avais ce rythme-là puisque tous mes cours étaient en ligne. Cela me change la vie, je n’ai pas besoin de traverser Paris pour aller à l’école. Le problème est que j’ai aussi besoin de pratiquer manuellement pour cette profession, et je ne peux pas faire ces cours derrière mon ordinateur. Tous mes cours pratiques sont donc regroupés sur le mercredi. Je fais un aller-retour Paris-Bruxelles, je pars le mardi soir pour rentrer le lendemain en fin de journée. Cela me permet de m’absenter qu’un seul jour, je ne peux pas faire autrement.