“Cette année 2020 a été catastrophique”, Mathieu Billot
Dimanche 6 décembre, Mathieu Billot a levé le poing à la fin de son barrage disputé avec le prometteur Lord de Muze dans le Grand Prix Pro Élite de Mâcon-Chaintré. Pour cause, le Normand y a remporté sa treizième étape du circuit français, dont il ne pourra disputer la finale cette année. Choisi par le sélectionneur national Thierry Pomel pour défendre le drapeau tricolore à l’occasion du CSIO 3* de Vilamoura mi-novembre, le cavalier de bientôt trente-cinq ans y a présenté le surpuissant Quel Filou 13, qu’il espère pouvoir présenter sur de belles pistes l’an prochain. Et pourquoi pas lors des Européens ou des Jeux olympiques ? PourGRANDPRIX, Mathieu Billot fait le bilan d’une année “catastrophique” pour le sport et évoque ses ambitions pour la saison prochaine.
Vous vous êtes imposé dans le Grand Prix Pro Élite du Grand National de Mâcon-Chaintré. Pouvez-vous revenir sur cette victoire ?
Je suis ravi d’avoir gagné à Mâcon. Lord va vraiment très bien. Il avait déjà pris part à des CSI 5* en fin de saison l’an passé. Il a connu un début d’année assez tranquille, puis le premier confinement est arrivé, ce qui lui a fait prendre du retard dans sa progression. Il a ensuite pu concourir en Grand Prix CSI 5* à Saint-Tropez (où il a écopé de cinq et douze points le 27 août et le 20 septembre, ndlr) et a remporté une épreuve à 1,45m au CSI 2* du Mans, où il était super. La semaine passée, il a manqué de gagner le Grand Prix Pro 1 à Saint-Lô, où il a été le plus rapide au barrage mais a écopé de quatre points. Vendredi passé à Mâcon, il était encore une fois tout près de s’imposer dans la Pro 1. Il a même été plus rapide que ma jument Ilena S, qui est réputée pour aller très vite et qui a remporté deux épreuves à plus de soixante-dix partants à Vilamoura. Je fonde beaucoup d’espoirs en Lord et c’est vraiment une bonne chose qu’il ait conclu son année ainsi.
Quel bilan tirez-vous du CSIO 3* de Vilamoura, où vous avez écopé de quatre et cinq points dans la Coupe des nations, avant d’abandonner dans le Grand Prix avec Quel Filou 13 ?
Le bilan est positif. Le cheval n’a quasiment rien loupé cette année. Lors du premier week-end (à l’occasion du CSI 4*, ndlr), il s’est classé quatrième de l’épreuve qualificative et sixième du Grand Prix. Lors de la Coupe, il était un tout petit peu moins frais et a écopé de quatre et cinq points. La France termine deuxième de la Coupe des nations, donc le bilan est quand même très bon. Dans le Grand Prix, le résultat est de ma faute. Nous n’étions pas vraiment d’accord dans une ligne. Je suis arrivé trop doucement devant la spa, sur laquelle il a fait une faute, ce qui n’est vraiment pas son genre. Avec des fautes sur les obstacles trois et quatre, ce n’était plus la peine de continuer car il a réalisé une belle année. À cause du confinement, les chevaux étaient beaucoup moins dans le coup. Quel Filou n’a pas sauté beaucoup, a eu un mois de repos et a fait un concours avant d’aller à Vilamoura. Il y est arrivé un tout petit peu défraichi pour le CSIO. Toutefois, il était vraiment bien dans le Grand Prix du CSI 4* la semaine suivante, alors que l’épreuve était vraiment difficile. Il était également deuxième du Grand Prix CSI 3* de Canteleu (fin septembre, ndlr). Il a réussi une superbe année tout de même. Pourtant, cette saison n’a vraiment pas été faite pour lui car il est meilleur sur les grandes pistes en herbe compte-tenu de son amplitude. Or, il n’a pu sauter que sur des pistes en sable. Même si celles-ci étaient parfois grandes, c’est tout de même différent des grands terrains en herbe.
Sur quels détails vous concentrez-vous pour améliorer encore Quel Filou 13 ?
Il a beaucoup d’action et les choix de foulées peuvent parfois être très compliqués. Il peut rapidement enlever des foulées dans les lignes et a tellement de moyens qu’il atterrit très loin des oxers et des verticaux. C’est un très gros sauteur, il sort de l’ordinaire. Je le travaille beaucoup sur le plat et tente constamment de l’améliorer. Il a fini l’année et va pouvoir se reposer désormais. Nous allons bien le travailler et il devrait faire un concours à Vilamoura avant d’aller à Vejer de la Frontera deux semaines.
“Retrouver Ilena S cette année représente une chance inouïe”
Ilena S a notamment remporté deux épreuves à barrages à 1,40m et 1,45m lors du CSI 4* et du CSIO 3* de Vilamoura. Comment se porte-t-elle ?
Ilena a été arrêtée pendant deux ans et nous l’avons retrouvée cette année, ce qui représente une chance inouïe. Elle n’a pas loupé grand-chose et a en effet gagné de belles épreuves à Vilamoura. C’est une super jument. Elle ne sautera pas sur herbe cette année et devrait concourir à Vilamoura, où elle est supposée courir le Grand Prix CSI 4*.
Vous montez depuis peu Calva Chiva Z, un hongre de dix ans par Calvaro. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette nouvelle recrue ?
Oui, il s’agit d’un nouveau cheval qui saute très bien. Je n’ai pris part qu’à deux concours avec lui à Vilamoura, je ne le connais pas du tout. Je suis donc dans l’attente et je verrai par la suite.
Quel bilan tirez-vous de 2020 ?
Pour moi, cette année 2020 a été catastrophique. Mon meilleur cheval n’a pas pu s’exprimer là où il est le meilleur, sur les grands terrains en herbe. J’avais trois super chevaux de neuf ans, dont Gatrona, une jumentque j’ai vendue en début d’année à Éric Lamaze, ainsi que Lord de Muze et Bad Boy du Bobois. Ils ont relativement peu sauté et arrivent en cette fin d’année un peu comme des chevaux de huit ans. Ils n’ont pas pris une année de métier comme lors d’une saison normale à neuf ans. Le Grand National était mon objectif. Je suis en équipe avec Vanessa Martinez qui s’est cassée deux côtes. Je n’ai donc pas le droit de faire la finale car ma coéquipière n’a pas conclu un Grand Prix du circuit. Pourtant, j’ai suffisamment de points pour y prendre part… J’ai eu la chance de pouvoir concourir à Grimaud. Heureusement que ces concours ont pu avoir lieu.
Quels sont vos ambitions pour 2021 ? Pensez-vous aux championnats d’Europe ou aux Jeux olympiques ?
Bien sûr, on y pense, mais que ce soit les Jeux ou les championnats d’Europe je ne sais pas vraiment… J’ai un super le cheval, le but est de l’amener en forme et qu’il fasse une bonne saison. J’aimerais vraiment pouvoir concourir à La Baule et Aix-la-Chapelle. Les Jeux ne concernent que trois cavaliers et je pense que trois français sont les meilleurs et indéboulonnables. Les championnats d’Europe, ce serait parfait. Les Jeux, pourquoi pas ! Mon cheval est très bon, il est capable de sauter partout et n’importe quel parcours. J’espère surtout pouvoir réaliser une bonne idée, participer au plus de CSI 5* possible, sauter sur l’herbe comme à La Baule, Aix, Dublin, Falsterbo…