Passionnément Genève : Steve Guerdat et son Nino avaient retourné Palexpo en 2015

Si la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 n’en avait pas décidé autrement, le CHI de Genève se serait achevé aujourd’hui à Palexpo. À travers quatre émissions retransmises en direct sur GRANDPRIX.tv, la dernière cet après-midi à 14h, les organisateurs ont souhaité entretenir la flamme de cet événement majeur, qui attire chaque automne le gratin du saut d’obstacles, mais aussi du concours complet et de l’attelage. De son côté, GRANDPRIX a choisi de remettre en lumière, texte, photos et vidéos à l’appui, quatre des nombreuses victoires qui ont marqué l’histoire récente du rendez-vous suisse. Aujourd’hui, retour sur l’électrisante victoire de Steve et Nino des Buissonnets dans le Grand Prix de l’édition 2015.



© Scoopdyga

Il y a cinq ans jour pour jour, Steve Guerdat a marqué pour la troisième fois de sa carrière le palmarès du Grand Prix du mythique du CHI de Genève. Après un premier sacre avec l’inoubliable Jalisca Solier en 2006, Steve Guerdat avait déjà réitéré l’exploit en 2013 avec son fidèle Nino des Buissonnets. Deux ans plus tard, le couple champion olympique de Londres s’était une fois de plus imposé. Là encore, Nino n’avait pas laissé tomber l’Helvète, qui avait traversé une année 2015 particulièrement éprouvante, notamment marqué par de faux soupçons de dopage. 

“Ce n’est pas une revanche, je ne suis quelqu’un de revanchard”, avait affirmé Steve Guerdat après sa victoire, ce fameux 13 décembre 2015, avant de poursuivre : “Mais c’est vrai que j’ai beaucoup de peine à oublier ce qu’il s’est passé, alors j’espère avoir autant de peine à oublier cette victoire [Sourire]!” Ce qu’il s’est passé? Des soupçons de dopage dont il a finalement été blanchi, mais qui l’ont notamment empêché de participer aux Européens d’Aix-la-Chapelle et surtout marqué profondément. En piste, le talent de l’enfant du pays a finalement parlé, puisqu’il est parvenu à obtenir autant de victoires que Rodrigo Pessoa dans l’incontournable grande messe dominicale du CHI de Genève.  

Presque encore sur un nuage, Steve Guerdat peinait encore à réaliser au lendemain de son exploit. “J’ai l’esprit encore totalement à Genève et il est temps de fêter cette victoire !”, avait-il dit à GRANDPRIX. Pour se démarquer en 2015, Steve et son Nino avaient dû se battre face à trente-neuf autres couples, dont la fine fleur de l’époque. Pour preuve, seize d’entre eux s’étaient fait une place au barrage, parmi lesquels Pedro Veniss et le presque parfait Quabri de l’Isle, Marcus Ehning et le puissant Cornado NRW, Roger-Yves Bost et le bien nommé Pégase du Mûrier, ou encore Éric Lamaze et Fine Lady 5, décorés du bronze individuel aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro l’année suivante.



“Je place le Majeur de Genève au même niveau qu’un championnat”, Steve Guerdat

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Au barrage, le Canadien Lamaze demande à sa si généreuse baie d’enlever des foulées ci et là, puis d’effectuer des tournants au cordeau. Tous deux prennent la tête de l’épreuve en concluant le barrage en 41“45. Alors que Janika Sprunger sort de piste avec une faute sur Aris CMS, son compatriote Steve Guerdat la croise, sous les hourras d’un public acquis à sa cause. Son Selle Français franchit parfaitement le premier mur, mais plus difficilement l’oxer numéro deux, pédalant légèrement, heureusement sans conséquence. La suite du barrage n’est plus qu’un enchaînement fluide de virages serrés et d’énormes sauts du bai. Lorsqu’il franchit la ligne d’arrivée, en 40’’94, les tribunes de Palexpo exultent et le speaker de l’épreuve Michel Sorg s’égosille pour confirmer que “Steve Guerdat et Nino des Buissonnets prennent la tête!” Le cavalier lève le poing et félicite son complice, toujours aussi volontaire, même après de tels efforts. 

S’en suit une attente interminable. Une poignée de concurrents est toujours au départ de l’épreuve. Ni Luciana Diniz avec Winningmood, ni Bertram Allen sur Molly Malone V, ou même Rolf-Göran Bengtsson avec Casall Ask ne parviennent à faire mieux que les locaux. Pour l’actuel numéro un mondial, “[les minutes] paraissent être des heures! Cela semble une éternité et vous ne pouvez plus rien faire. Il ne vous reste qu’à regarder les autres cavaliers et espérer que vous avez été assez rapide pour l’emporter”. Lors du passage de Simon Delestre, Steve Guerdat a dû particulièrement trembler, ce dernier concluant finalement l’épreuve à la deuxième place, pour trois centièmes de retard, sur son Qlassic Bois Margot, retraité depuis 2017. Au terme du barrage, le Suisse peut finalement laisser éclater sa joie et savourer son troisième sacre genevois entouré de ses proches. “En arriver à un tel point, c’est inimaginable pour moi”, déclarait-il lors de la remise des prix, avant d’ajouter: “Le Majeur de Genève est très particulier pour moi, je le place au même niveau qu’un championnat. Je me suis préparé au mieux et j’ai fait en sorte que mes chevaux soient au meilleur de leur forme et frais pour ce concours. Je suis maintenant très heureux de ce succès. Nino est un cheval hors du commun, il est tout simplement génial. J’ai beaucoup de chance!”

Généreux et à jamais lié au destin de ce concours si singulier et si attachant, le Jurassien n’a pas hésité à inviter à dîner les sept cents bénévoles qui se sont affairés à Palexpo pendant une semaine! Comme il l’a encore prouvé depuis, cet homme-là est décidément aussi grand et digne dans la défaite que dans la victoire. 

Un an plus tard, après une huitième place dans ce même Grand Prix, Nino des Buissonnets a dit au revoir à son public, effectuant un ultime tour de piste sous la selle de son cavalier aux yeux emplis de larmes. Depuis, il profite de ses vieux jours dans les charmantes installations de Steve, à Elgg. 

Revivez cette magnifique victoire