Entre Steve Guerdat, Martin Fuchs et le saut d’obstacles, une amitié perpétuelle

À la fois amis dans la vie et rivaux sur les terrains de concours, Steve Guerdat et Martin Fuchs entretiennent une relation très forte, quasiment fraternelle. S’inspirant l’un l’autre, les deux Suisses ont contribué à faire considérablement avancer le saut d’obstacles.



Numéro un mondial depuis le 1er janvier 2019, exception faite de janvier 2020 lorsqu’il a été brièvement devancé par Martin Fuchs, Steve Guerdat domine le saut d’obstacles avec panache et passion. En 2012 à Londres, Steve devint champion olympique en selle sur Nino de Buissonnets. Ce fut la première médaille d’or de la Suisse en saut d’obstacles en quatre-vingt-huit ans, obtenue avec style et perfection par le couple, qui fut le seul à signer un double sans-faute en finale individuelle. En mondovision, sous la pression la plus intense là où chaque foulée comptait, leur exécution fut parfaite. L’or olympique a mis Steve Guerdat, modeste et discret, sous les projecteurs, en particulier dans son pays d’origine. Une situation à laquelle son idole sportive et compatriote, Roger Federer, ambassadeur Rolex comme lui, est habitué à la pression en tant que meilleur joueur de tous les temps.

Avec sa médaille d’or olympique autour du cou, Guerdat rendit hommage à l’inspiration de Federer en montrant que les Suisses n’avaient rien à envier aux autres au sommet du sport. Ce clin d’œil a également rappelé que la réussite au plus haut niveau dépend de bien plus de facteurs que de la capacité physique pure. Cela exige discipline, persévérance, équilibre et une volonté d’apprendre de ceux qui ont maîtrisé leur art avant soi. Ces qualités définissent les athlètes tels que Federer et Guerdat, et aident à expliquer comment il ont accompli de si grandes choses durant leur carrière. Au cours d’une période de succès continus, Steve est devenu l’un des cinq seuls cavaliers à remporter trois fois le Grand Prix Rolex du CHI de Genève (2006, 2013 et 2015). En 2019 il a également remporté sa troisième finale de la Coupe du monde. Il a également gagné un grand nombre de Grands Prix CSIO et CSI-W et CSI 5* un peu partout dans le monde.

Au fils des ans, l’homme qui admirait Roger Federer est lui-même devenu un modèle. C’est particulièrement vrai concernant Martin Fuchs, cavalier suisse qui lui a brièvement succédé en tant que numéro un mondial, en janvier 2020, avant que son compatriote ne reprenne le flambeau. “Je connais Steve depuis si longtemps, depuis que nos parents ont concouru ensemble”, rappelle Martin, vingt-sept ans, également associé à la maison horlogère suisse, qui a fini deuxième, derrière Steve Guerdat, en finale de la Coupe du monde Longines, avant de clore l’année avec une première victoire dans le Grand Prix Rolex de Genève. À cette occasion, il a devancé… Steve Guerdat et le Britannique Scott Brash de Grande-Bretagne. “Steve a dix ans de plus que moi. Il a toujours été mon modèle et cela n’a jamais changé”, ajoute Martin, sacré champion d’Europe avec Clooney 51 en août 2019 à Rotterdam. “Avant, je le regardais monter et je reconnaissais les parcours des épreuves avec lui. Puis, en 2007, il a demandé à mon père de l’entraîner. Depuis, nous sommes devenus très proches. Voir comment il s’entraîne et gère tous ses chevaux est incroyable. Il fait partie du top dix depuis tant d’années, gagnant avec tant de chevaux différents… C’est très inspirant pour moi.”



“Martin et moi avons une façon similaire de faire les choses”, Steve Guerdat

Martin Fuchs a commencé à monter avant même de savoir courir. Son grand-père était un fermier qui s’était lancé dans les chevaux et avait construit une école d’équitation. Sa mère, son père et son oncle, Renata, Thomas et Markus, ont été d’excellents cavaliers internationaux, Thomas et Markus ayant tous deux représenté la Suisse aux Jeux olympiques. L’entreprise familiale Fuchs se situe dans coin de campagne idyllique, non loin de Zurich, dans le nord-est de la Suisse, et à seulement huit kilomètres d’Elgg, où Steve Guerdat s’est installé il y a quelques années. Thomas encadre Steve, Steve influence Martin et Martin est devenu le plus sérieux concurrent de Steve. “Martin et moi passons beaucoup de temps ensemble”, confirme le Jurassien. “J’ai probablement passé plus de temps avec la famille Fuchs que la mienne ces dernières années. Passer autant de temps avec Thomas et Martin a créé une relation très forte entre nous, à la fois professionnelle et amicale. Martin et moi avons une façon similaire de faire les choses, donc nous n’avons souvent pas besoin de nous dire grand-chose. C’est important à mes yeux de savoir qu’il y a quelqu’un sur qui je pourrais toujours compter. C’est une amitié très forte, réelle et sincère.”

Steve Guerdat est également pleinement conscient que son ami proche est aussi son meilleur rival en piste. Martin le devança d’ailleurs aux derniers Européens mais aussi aux Jeux équestres mondiaux de Tryon, remportant l’argent individuel avec Clooney, et Steve le bronze avec Albführen’s Bianca. “Je m’entraîne toujours dur et je participe à toutes les compétitions en faisant de mon mieux, mais je ne pense pas que quoi que ce soit puisse me pousser aussi fort que de concourir face à un cavalier comme Martin. Le voir grandir chaque jour et gagner tellement déjà à un si jeune âge me pousse chaque jour à travailler encore plus dur pour essayer de m’améliorer. Avoir quelqu’un d’aussi bon que Martin avec qui rivaliser m’interdit la complaisance avec moi-même. Je vois déjà beaucoup de choses que Martin fait bien mieux que moi, alors ça me motive vraiment à devenir un meilleur cavalier.”

Martin Fuchs ne dit pas autre chose. “En fin de compte, j’entre simplement en piste avec la volonté de faire de mon mieux et de gagner. Évidemment, je ne veux être battu par personne, mais nous sommes toujours heureux l’un pour l’autre, et c’est formidable d’avoir Steve comme coéquipier au sein de l’équipe suisse. Pouvoir soutenir et aider cette équipe est formidable et nous pouvons nous encourager mutuellement.”