Zoom sur les dessous des cavaliers

Invisibilité, effet seconde peau, maintien exemplaire, douceur caresse et bel esthétisme, les dessous sportifs des cavaliers avancent aujourd’hui de nombreux arguments. Réel changement ou tendance éphémère? Zoom sur ces sous-vêtements techniques et modernes qui souhaitent évoluer, pour notre plus grand plaisir.



Couvre-selle en gel ou en mouton, pantalon et polo sans couture... Les innovations ayant pour but d’améliorer le confort du cavalier ne cessent de se développer. De fait, les sous-vêtements dédiés aux sportifs n’ont pas été en reste et nombreuses sont les entreprises à avoir effectué des recherches dans le domaine. Au même titre que les chevaux, celles et ceux qui les montent peuvent s’identifier à la Princesse au petit pois du conte danois de Hans Christian Andersen, gênée par une frêle légumineuse en dépit de vingt matelas! 

LES BRASSIÈRES DE SPORT

Si l’heure est au retour progressif des seins libres pour les femmes dans la vie quotidienne, ne pas porter de soutien-gorge dans la pratique sportive est plus délicat, et plus particulièrement en équitation, sport à intensité maximale en termes d’impacts au niveau de la poitrine. L’objectif n’est donc pas de vouloir combattre la gravité terrestre, mais d’éviter des douleurs et de s’adapter à toutes les morphologies. Les ligaments de Cooper - ligaments suspenseurs qui aident à maintenir l’intégrité structurelle du sein - ont parfois besoin d’aide pour, par exemple, supporter la fameuse séance de mise en selle au trot assis. “Les sous-vêtements de sport sont différents des sous-vêtements du quotidien”, amorce Leyla Pekdemir, responsable communication et marketing de la marque française Zsport, spécialisée dans les sous-vêtements techniques et sportifs. “Leur fonction est de maintenir la poitrine pendant l’effort, alors qu’un soutien-gorge classique la soutiendra uniquement. De fait, il y a souvent des différences de taille entre ces deux types de sous-vêtements, donc nous conseillons toujours à nos clientes de prendre leurs mesures avant de commander une brassière de sport. Les mensurations doivent se relever sur peau nue ou avec un soutien-gorge fin, en prenant une respiration régulière normale et une posture bien droite. D’ailleurs, il est souvent plus pratique de demander de l’aide à une autre personne pour ne pas fausser les mesures par un mouvement du corps.”

L’ajustement précis de la brassière est souvent minoré, comme le note Leyla Pekdemir, qui poursuit: “L’ajustement lors de l’enfilage est en effet très important. Les bretelles et l’élastique sous-poitrine doivent être bien à plat, sans comprimer. Pour notre part, le mamelon doit se positionner au niveau de la couture du soutien-gorge de sport. Au besoin, il faut remonter chaque sein pour l’y placer. Avec les coutures plates et le textile extrêmement doux, il n’y a pas de risque d’irritation et cette place est gage de bon enveloppement, pour réduire au maximum l’effet rebond. Les sous-vêtements de sport donnent l'impression de serrer plus et c’est normal, surtout lors de l’essayage. La gêne ne durera que quelques minutes, le temps que le corps s’habitue et intègre cette nouvelle sensation, pour ensuite l’oublier totalement.” Il existe deux modèles de brassière: celle qui maintient la poitrine entière, et celle qui englobe individuellement chaque sein. “Auparavant, je trouvais que les brassières de sport étaient peu esthétiques et comprimaient la poitrine en un seul bloc”, remarque la jeune cavalière professionnelle Camille CondéFerreira, qui passe quotidiennement de longues heures à cheval. “Il est intéressant de poursuivre les innovations dans ce domaine. Avec les nouvelles marques, notamment celles dédiées à l’équitation, je suis plus conquise et il m’arrive même de porter mes brassières de sport à la ville!”



UNE LINGERIE TABOUE?

© Zsport

En 2017, deux athlètes complétistes multimédaillés, Astier Nicolas et Thomas Carlile, posant en sous-vêtements pour une publicité, ont attiré l’œil de nombreux médias et personnes. “Parler de sous-vêtements est encore assez tabou, en particulier chez les hommes”, analyse Joséphine Bigo, co-fondatrice de la marque française Hästko. “Le fait que deux personnalités du sport l’exposent et en discutent en toute décontraction a désensibilisé le public masculin, me semblet-il. Désormais, nous avons plus de particuliers et de professionnels qui viennent se renseigner ou acheter nos produits. Nous équipons actuellement une trentaine de cavaliers professionnels ambassadeurs. Étant donné le nombre d’heures passées en selle, leur confort et l’absence de douleurs deviennent vite une priorité.” “C’est mon kinésithérapeute qui m’a alerté sur mes douleurs et les mauvaises postures que j’avais adoptées pour les contrer”, rapporte William, un moniteur d’équitation de longue date. “Il est vrai qu’il nous arrive de parler entre collègues masculins des problèmes de gênes, mais pas vraiment des solutions! Un ami m’a glissé un jour à l’oreille que les sous-vêtements masculins sportifs avaient bien évolué et qu’il serait temps que j’y rejette un œil… Plus de couture à l’entrejambe qui risque de serrer ou frotter, une optimisation à l’arrière qui réduit le glissement du pantalon, et une minimisation des plis au niveau de l’aine en position assise. Il avait raison (rires)!”

Si les sous-vêtements masculins sont encore peu célébrés, il en est autrement pour la mode féminine, qui a depuis longtemps mis la lingerie en avant. Un temps en partenariat avec une marque de dessous sportifs, Camille Condé-Ferreira s’exprime à ce sujet: “Je n’étais pas forcément à l’aise au début, il est vrai. Cela relève de l’intime, d’autant plus qu’avec la pratique de l’équitation, nous sommes couverts des pieds à la tête. Mais je me suis vite rendu compte que la tenue sportive féminine est maintenant exposée partout, sans que cela ne choque qui que ce soit.”



LA TENDANCE DE L’UNISEXE

Outre une mise en avant des consommateurs masculins, la société Hästko a également développé un système de gel amovible et unisexe - à glisser dans une poche dédiée sur leurs modèles de slips et boxers - qui protège des chocs et des pressions au niveau du plateau pelvien et des ischions. “Les cyclistes ont le même genre de protection, mais celle-ci est épaisse et génère des points de pression si on l’utilise à cheval”, commente Joséphine Bigo, la co-fondatrice. “En outre, le cavalier perd la haute sensibilité de son assiette. Nous souhaitions aussi mettre en place un élément mobile pour les cavaliers qui n’ont pas le temps de se changer en journée. Nous avons dans un premier temps testé la mousse, mais nous avons trouvé que le gel était plus adapté par rapport à sa densité, son épaisseur et sa durée de vie. Le Ridingpad s’achète une fois et peut se glisser dans tous nos modèles, masculins ou féminins. Étant donné qu’il y a habituellement deux centimètres d’écart entre les hommes et les femmes concernant la distance entre les os des ischions, nous avons tablé sur les mesures féminines pour générer le pad.” 

La marque, qui propose actuellement un modèle de boxer masculin et deux modèles de culottes féminines, espère développer d’autres configurations. “Le fait que les boxers aient maintenant un maintien impeccable sur les cuisses tente les consommatrices, en particulier celles qui pratiquent l’endurance”, reprend Joséphine Bigo. “Nous avons également 1/5 de nos clientes qui aimeraient un modèle string. Nous souhaiterions pouvoir les commercialiser un jour pour répondre à tous les besoins.” S’il ne vient pas forcément à l’esprit des équitants de prime abord, le caleçon unisexe est néanmoins présent sur le marché depuis plus de dix ans. “Nous proposons en effet dans notre catalogue un caleçon d’équitation unisexe depuis 2007”, détaille Diane Degardin, responsable marketing et communication au sein de l’équipementier français T de T. “Nous sommes d’ailleurs régulièrement en rupture de stock, en particulier pour le coloris noir.” Avec un fond et entrejambe sans couture et une protection renforcée au niveau du pommeau de la selle, le caleçon répond bien aux exigences du sport. “Nous notons que nos clients le portent aussi parfois au quotidien, étant donné sa discrétion, son confort et son modèle court. Le tissu moulant convient aussi bien aux hommes qu’aux femmes, sans distinction, et tout en maintien.”

Cet article est paru dans le dernier numéro du magazine GRANDPRIX.