Face à la pandémie, un concours virtuel pour soutenir les soignants

En 2020, sur les six CCI 5*-L initialement inscrits au programme de la Fédération équestre internationale, seul celui de Pau a pu se dérouler, et dans d’excellentes conditions qui plus est. Pour autant, la Grande-Bretagne, nation reine du concours complet, n’est pas restée les bras croisés. Le premier week-end de mai, durant lequel tous les regards sont traditionnellement braqués vers le CCI 5*-L de Badminton, un concours virtuel a été organisé, pour célébrer la beauté de la discipline, mais aussi pour récolter des fonds en faveur des soignants.



Rachel Wakefield est, avec sa “moitié” Michael Wynne, une figure majeure du commerce de chevaux dans l’univers du concours complet, œuvrant au sein d’une structure nommée Uptown Eventing. En pleine pandémie, la jeune femme a montré une nouvelle facette de son talent en initiant un projet caritatif ambitieux destiné à soutenir le personnel soignant: The NAF Virtual 5* Eventing Competition. Le principe? Un concours complet international de niveau 5*… virtuel ! Celui-ci s’est déroulé du 6 au 10 mai, le week-end initialement dédié au mythique CCI 5*-L de Badminton, et a naturellement été diffusé en live sur internet. “Je voulais impliquer les gens au sein d’un événement fédérateur d’une façon amusante et en toute sécurité”, a expliqué Rachel Wakefield lors du lancement de cette initiative. 

“J’ai pu observer dans les médias le désarroi du personnel soignant. Cela m’a donné envie de les aider. J’ai donc rédigé un post sur Facebook avec les grandes lignes du projet d’un événement sportif caritatif, et de nombreuses personnes se sont enthousiasmées. Alors les choses se sont précisées. Nous avons mis au point un format conforme aux règlementations de la Fédération équestre britannique, puis nous nous sommes lancés. Ensuite, tout s’est organisé via des groupes WhatsApp. Ça a été génial!”, raconte Rachel.

Au programme, tout ce qu’il y a de plus classique: une visite vétérinaire, une reprise de dressage, un cross et un parcours de saut d’obstacles. Sauf que.. chaque compétiteur s’est filmé de chez lui. La visite vétérinaire a consisté en un trot up, où la tenue du cavalier et la prestance du couple ont été jugées. Pour le dressage, chaque cavalier a déroulé une reprise niveau 5*, jugée à distance par Les Smith, Annabel Scrimgeour et Jane Tolley. Le cross a été remplacé par des épreuves essentiellement à pied mettant au défi les capacités sportives des cavaliers. Accompagnés de leurs chiens, ils ont dû réaliser un parcours atypique, entre changement d’équipement et slaloms. Le test hippique a également été placé sous le signe de l’humour. Les pilotes ont en effet troqué leurs montures à quatre pattes pour enfourcher… leurs vélos! Lancés à toute vitesse au-dessus des barres posées au sol dans leurs carrières, ils ont dû composer pour obtenir les meilleurs scores.



Les Français aussi ont joué le jeu

En tête à l’issue du deuxième test, Sébastien Cavaillon, vingtième du CCI 5*-L de Badminton et onzième du CCI 5*-L de Burghley en 2019 avec sa brillante Sarah d’Argouges, a alors écopé de douze points, et a été rétrogradé à la dix-septième place, avec un total de 43,2 points… Déjà impeccable lors du cross, la Britannique Kirsty Chabert a signé un nouveau sans-faute, lui permettant non seulement de conserver son score du dressage (32,8), obtenu avec Classic VI, mais aussi de remporter ce concours. Elle a devancé d’un point son compatriote Matt Heath, pénalisé d’une faute au saut d’obstacles. Pour la France, Thomas Carlile a signé une superbe remontée grâce à son parcours parfait. Le Tricolore a ainsi pu prendre la troisième place finale avec 34,4 points. Enfin, Arthur Chabert a fini onzième avec Goldsmiths Imber.

Les concurrents ont levé des fonds pour une association caritative nationale impliquée dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. Ainsi, Rachel Wakefield s’est associée à NHS Charities Together. Dans l’Hexagone, les sommes collectées ont été reversées à la Fondation de France, à destination des hôpitaux français et de l’institut Pasteur. Avec plus de 173.000 euros récoltés, ce concours a rempli plus que sa mission de divertissement. Une belle initiative, autant sur le fond que sur la forme.