Malgré la rhinopneumonie, l’optimisme reste de mise dans les centres de reproduction

Depuis fin février, une épizootie de rhinopneumonie équine HEV-1, dont la propagation semble être partie de Valence, inquiète la communauté équestre. Les mesures prises pour tenter de la contenir pourraient entraîner un léger décalage du coup d’envoi de la saison de monte. Celle-ci avait déjà débuté en retard l’an passé, en raison du confinement décrété pour tenter d’endiguer la pandémie de Covid-19, ce qui n’avait pas empêché les centres de reproduction de vivre un très bon cru. Comment la filière élevage appréhende-t-elle cette période et quels protocoles ont été mis en place afin de garantir la sécurité des chevaux? Éléments de réponses avec les haras de Douai, de Gravelotte et de Saint-Lô.



La prudence est de mise dans les centres de reproduction mais leurs responsables restent optimistes face à l’épizootie de rhinopneumonie équine de type HEV-1. La saison de monte, qui a démarré aux alentours du 1er mars, se poursuit actuellement, avec l’application de mesures de précautions supplémentaires, notamment dans les centres accueillant des chevaux de sport. Cependant, dans ses communiqués datés du 3 puis du 9 mars, le Réseau d’épidémiosurveillance des maladies équines (RESPE) “conseille vivement de suspendre l’accueil [des chevaux de sport] jusqu’à début avril”. Pour rappel, ce virus peut provoquer un avortement des juments gestantes, même si le vaccin permet de limiter fortement ce risque important pour les élevages. Ces derniers sont d’ailleurs déjà sur le pont pour protéger au maximum leurs pensionnaires. 

Les centres de reproduction assurent prendre très à cœur cette recommandation du RESPE. Beaucoup de haras ont déjà suspendus les sorties ou arrivées de chevaux et ont mis en place des protocoles stricts pour les arrivées futures dans leurs structures, à l’instar du haras de Douai, dans le Nord, antenne de Gènes Diffusion spécialisée dans la reproduction des Trotteurs et chevaux de sport. “Nous devions ouvrir le 15 mars et deux étalons étaient déjà présents sur le site. Nous avons décalé le début de notre saison au 29 mars. Le protocole mis en place pour l’arrivée des juments comprend une exigence de primo-vaccination et d’un rappel un mois plus tard, ainsi qu’une prise de température à l’arrivée, directement sur le parking, avant même leur descente du camion.” Même protocole au haras de Gravelotte, à Varennes-Jarcy dans l’Essonne. “Tout le monde nous demande comment cela va se passer et je pense réellement que les cavaliers ont pris la mesure des choses, avec une incontestable organisation pour les transferts d’embryons. Il y a une véritable confiance, dont découle une vraie efficacité dans nos partenariats, et les clients sont vraiment réceptifs à nos demandes pour la protection des chevaux”, assure Claire Bresson, dirigeante de la structure.

Le haras de Saint-Lô, dans la Manche, respecte, lui aussi, les recommandations de la Société hippique française (SHF) et de la Fédération française d’équitation (FFE) “Nous appliquons les directives données par la SHF et la FFE. Chacun reste chez soi. Nous n’avons pas grand-chose à faire et beaucoup à gagner à adopter ce protocole. Chez nous, il n’y aura pas de mouvement d’ici fin mars. Certes nous n’avons pas eu d’ordres à proprement parler mais je ne vais pas déplacer mes étalons. Il est de notre intérêt à tous de rester sur nos propres sites”, rappelle le Dr Denis Hubert, vétérinaire, éleveur et responsable du centre de reproduction. 

 



Des protocoles renforcés en cas de contamination

Comme dans toute la filière, la prudence reste le maître mot chez les éleveurs. Cependant, vu toutes précautions prises, l’inquiétude ne règne pas outre-mesure dans les centres de reproduction. Dans l’éventualité d’une contamination au sein d’un établissement, tout semble prévu. “Dans ce cas, nous fermerions complètement le centre pour éviter toute sortie supplémentaire. Nous serions également très attentifs à tous les animaux avec des prises de température plusieurs fois par jour. Nous mettrions en place des pédiluves. Bref, nous appliquerions tout le protocole sanitaire requis. Dès aujourd’hui, afin de limiter au maximum les risques de contamination, les juments arrivées en amont pour les poulinages sont déjà à l’écart des autres”, détaille Claire Bresson. 

À Saint-Lô, les protocoles déjà en place seraient renforcés en cas d’apparition de symptômes de la rhinopneumonie chez un pensionnaire. “Dans un premier temps, nous effectuerions un signalement au RESPE, qui est œcuménique dans ce cas, pour prévenir le plus grand nombre de l’apparition d’un nouveau foyer. Nous serions ensuite encore plus stricts. Nous testerions tout le monde plusieurs fois, même dans le cas d’un retour négatif. Nous avons également prévu de fournir des combinaisons au personnel car au-delà des chevaux, nous devrions être encore plus pointilleux nous-mêmes, car nous pourrions transmettre ce virus à des chevaux sains”, prévient Denis Hubert.



Pas d’inquiétudes pour la saison 2021

Les mesures prises par la SHF et la FFE sont bien accueillies dans les centres de reproduction, où la sécurité sanitaire est essentielle. “Ce qui a été décidé pour nous préserver est très bien. En quelque sorte, des incendies se sont déclenchés en Espagne, et des braises sont arrivées jusqu’à nous. Désormais, nous avons juste à attendre que les feux s’essoufflent d’eux-mêmes”, analyse Denis Hubert. “Nous ne doutons pas de la reprise de la saison de monte. Même si l’épizootie est de plus grande ampleur cette fois, il y a des signalements de cas de rhinopneumonie chaque année. Nous sommes optimistes pour une reprise début avril, après la prise de ces sages décisions de la part des instances.” Même son de cloche au haras de Gravelotte. “Nous avons réussi une très bonne saison en 2020 et j’ai bonne confiance dans le fait que ce sera également le cas en 2021. Certes, la rhinopneumonie retarde encore une fois le coup d’envoi, mais si nous travaillons comme l’an passé, il n’y a pas de raison de s’inquiéter.”

Le haras de Douai affiche le même degré de confiance en l’avenir. “Nous croisons les doigts mais il n’y a aucune raison que cela ne se déroule pas aussi bien que l’an dernier. L’avantage pour nous est que le début de la saison de monte avec les chevaux de sport est décalé par rapport à celui des Trotteurs. Je trouve seulement dommage que le vaccin ne soit pas obligatoire pour les chevaux concourant à l’international, et que cela nous impacte, dans une certaine mesure, les autres secteurs de la filière équine”, conclut Gènes Diffusion.