Dans une étude publiée en début d’année, les chercheurs de l’Université d’Oxford, au Royaume-Uni, ont décidé de se pencher sur les bénéfices de la truffe – noire dans ce cas – sur l’organisme et les performances sportives du cheval. Leurs conclusions ont été rendues publiques en début d’année après cinq ans de recherche. Parmi les bénéfices mis en lumière: des équidés avec plus d’énergie, mieux protégés de l’arthrose, un renforcement des ligaments ou encore une meilleure acuité visuelle.

Trois séries de tests ont été mises en place pour juger des effets positifs ou négatifs de la consommation de truffe par les chevaux de sport. Un panel de deux cents chevaux, de tous les âges, évoluant en compétitions amateurs ou professionnelles outre-Manche, en complet, dressage ou saut d’obstacles, ont été suivis tant en termes de résultats en compétition que sur le plan vétérinaire entre 2013 et 2018. Dans un premier groupe, les équidés n’ont jamais consommé une seule truffe. Le deuxième groupe a reçu une ration par jour de granulés complémentée avec de la truffe fraîche râpée, tandis que le dernier groupe a absorbé la truffe une fois par jour sous forme d’huile, également dans une ration de granulés. Les chercheurs ont ensuite comparé la grande quantité de données obtenues pendant les cinq ans du test, et les résultats sont édifiants.

Une acuité visuelle plus développée

Les Britanniques ont mis en avant une baisse des risques liés à l’arthrose précoce, de 30% pour le deuxième groupe, amateur de truffe rapée, et de 18% pour le troisième groupe, qui consommait de l’huile de truffe. Moins sujets à l’arthrose, ces équidés présentent en plus des ligaments plus solides. Des examens aux rayons X effectués chaque année ont mis en évidence leur renforcement pour les deuxième et troisième groupes, malgré des saisons sportives complètes, et ce de manière répétée. Un autre effet mis en avant est l’énergie apportée aux équidés par la truffe, notamment lors des changements de saison. Parallèlement, ils ont noté que les groupes 2 et 3 présentaient aussi moins de problèmes de santé à cette période – respectivement 60 et 35% – que les équidés du groupe 1, ne consommant pas de truffe.

Enfin, les chercheurs ont voulu vérifier que la truffe améliore bel et bien l’acuité visuelle des chevaux de sport. Pour cela, ils ont fait sauter aux trois groupes plus de six cents obstacles différents pendant cinq ans. S’ils savaient déjà que les obstacles de couleur unie, claire ou sombre, tombaient plus souvent que les obstacles bicolores, ils ont remarqué que les chevaux du groupe 2 ont commis 55% de fautes en moins sur les obstacles unis que ceux du premier groupe. Concernant le deuxième groupe, ce pourcentage tombe à 40%. La mesure de l’acuité visuelle chez les équidés peut se faire grâce à un système de bandes verticales plus ou moins séparées les unes des autres; le cheval est entraîné à distinguer des zones grises (fusion des barres noires et blanches) de celles où les barres blanches et noires sont vues séparément. Tous les groupes ont effectué ce test en 2013 puis en 2018. Si tous ont obtenu un score moyen de 6/9,9 la première fois, signifiant que le cheval ne peut discerner que jusqu’à six mètres ce qu’un homme peut encore discerner à 9,9m, cinq ans plus tard, les résultats n’ont été similaires que pour le groupe qui n’a pas consommé de truffe. Pour le deuxième groupe, le score moyen est passé à 7/9,9, et à 7,5/9,9 pour le troisième, montrant que l’acuité visuelle de ces chevaux s’était améliorée. Une nouvelle étude est en cours pour déterminer l’impact précis de cette amélioration sur les performances sportives dans chaque discipline olympique.

Truffe noire ou blanche, au choix

En 1988, Roberto Coli, Angela Maurizo Coli, Bruno Granetti, Pietro Damiani avaient écrit dans un compte-rendu intitulé “Composizione chimica e valore nutritivo del tartufo nero (Tuber melanosporum Vitt.) e del tartuffo bianca (Tuber magnatum Pico) raccolti in Umbria” que “nous devons souligner la bonne teneur en acides aminés essentiels, particulièrement la lysine et les acides aminés soufrés, leur taux élevé de disponibilité et, parmi les acides gras, la prédominance d’un essentiel comme l’acide linoléique.” Un concentré de nutriments bénéfiques aux chevaux de sport, comme le confirme le professeur Andrew Watts, en charge de l’étude: “Pris séparément, ces différents acides n’auraient certainement aucun effet sur les chevaux. Mais les qualités nutritionnelles que présente la truffe, avec cette combinaison de différents acides aminés et gras, parfois dans des doses très concentrées, a montré de manière probante des bénéfices visibles sur l’organisme des chevaux et leurs performances sportives.”

La composition nutritive de la truffe blanche n’étant pas significativement différente de celle de la truffe noire, les chercheurs britanniques en déduisent que les deux types de truffes apporteront énergie et renforcement immunitaire aux chevaux. Les chercheurs mettent cependant en garde sur la différence de goût, certains chevaux ayant le palais plus sensible que d’autres. Ainsi, il est conseillé de les initier à la truffe blanche, dont le goût est bien moins prononcé, pour habituer les équidés en douceur à cet aliment bien-être.

Cette étude prouve donc que la truffe, fraîche ou sous forme d’huile, est plus que bénéfique aux chevaux de sport, moins sujets à l’arthrose et présentant une meilleure acuité visuelle. Un super aliment qu’il ne faut donc surtout pas hésiter à donner sous forme de cure de deux à trois semaines aux chevaux de sport, mais également aux équidés les plus fragiles lors des changements de saison. Et pour les plus gourmands, la truffe est un excellent aliment plaisir puisque son goût se marie parfaitement avec celui de la carotte ou du panais. Votre cheval ne pourra que vous remercier... si vous avez les moyens de leur en offrir!