“Nous avons besoin de cavaliers bien suivis, de propriétaires et d’éleveurs français qui nous confient des chevaux”, Olivier Bost
Après les belles performances des équipes de France Juniors et Jeunes Cavaliers, respectivement deuxième et première de leurs Coupes des nations à Opglabbeek, en Belgique, Olivier Bost est revenu sur la rentrée convaincante de ses cavaliers, récompense des efforts et du travail mis en place ces derniers mois. Le sélectionneur national des Poneys, Enfants, Juniors et Jeunes Cavaliers a également évoqué la suite de la saison, son optimisme pour les championnats d’Europe et le réservoir des jeunes talents tricolores, tout en réaffirmant sa volonté de l’étoffer et de laisser sa chance à tous.
Premiers rendez-vous par équipes de la saison, à Opglabbeek, en Belgique, les Coupes de nations ont souri aux Jeunes Cavaliers, qui se sont imposés, et aux Juniors, deuxièmes. Malgré l’absence de nombreuses nations et une concurrence qui n’était pas des plus rudes, cela lance idéalement les couples… Quel bilan tirez-vous de cette reprise ?
Nous avons accéléré la formation effectuée depuis deux ans sur le plan technique, sur le plat et à l’obstacle, ce qui fait que les résultats d’Opglabbeek sont bons. C’était également le cas à Fontainebleau, il y a six mois, où les cavaliers avaient été performants. En Belgique, nos chevaux ont très bien sauté, les cavaliers ont répondu présent techniquement et ont réalisé de très bonnes deuxièmes manches dans les deux Coupes des nations. J’étais donc content de leurs résultats. Bien sûr, on aime toujours gagner, mais la manière dont ils ont monté et réagi, par rapport à ce qu’on leur avait demandé de mettre en place cet hiver, s’est vraiment ressentie lors de ce concours.
Comment avez-vous fait pour qu’ils soient prêts malgré le peu de compétitions ces derniers mois ?
Nous avons eu la chance de pouvoir réaliser quelques stages cet hiver avant que la France ne soit confinée. Bien évidemment, le protocole sanitaire a été respecté, et nous avons fait attention. De plus, tout le staff est allé d’écurie en écurie pour continuer à suivre la préparation du groupe un. C’est un peu triste qu’il n’y ait pas de concours Amateurs, car les cavaliers Enfants et Poneys ont également été suivis. Je souhaiterais que ces derniers puissent reprendre fin mai ou mi-juin si possible, en faisant attention aux protocoles sanitaires, pour que tout le monde soit opérationnel pour la suite.
Aucun cavalier Poneys ni Enfants n’a fait le déplacement en Belgique. Pourquoi ?
Aujourd’hui, le ministère des Sports ne donne pas l’autorisation aux enfants non professionnels de concourir. Avec tout ce qu’il se passe, j’ai préféré ne pas les emmener. Nous ne pouvons pas concourir en France, donc nous n’allons pas le faire à l’étranger.
Vous avez sélectionné des couples expérimentés et d’autres en devenir. Comment avez-vous fait vos choix ?
Certains cavaliers, avec leur statut de professionnel, ont pu concourir cet hiver avant l’épisode de rhinopneumonie équine. Chez les Jeunes Cavaliers, Jeanne Sadran et Nina Mallevaey sont notamment allées à Oliva, en Espagne, quand Ramatou Ouedraogo et Leona Mermillod Baron sont allées à Gorla Minore en Italie. Leurs chevaux étaient prêts pour ce niveau et c’était une équipe solide. Chez les Juniors, Rose de Balanda avait sauté à Valence. Nous avions bien suivi Alice Lainé cet hiver : son cheval a répondu présent lors des stages et la préparation qu’elle a mise en place avec Timothée Anciaume était bonne. Ilona Mezzadri n’avait pas refait de compétition, mais nous nous sommes déplacés chez Éric Denarnaud, où elle s’entraîne. De son côté, Éden Leprevost Blin-Lebreton a performé à Vejer, donc je n’avais pas de souci là-dessus. Elle n’a pas pris part à la deuxième manche de la Coupe des nations car nous pensions avoir un barrage face à l’équipe belge, et j’ai préservé le couple dans cette optique. Finalement, cette configuration n’a pas eu lieu puisque les Belges nous ont devancés d’une barre.
“Les cavaliers savent pourquoi ils sont là”
Ces Coupes des nations ont-elles été le théâtre de bonnes ou de mauvaises surprises ?
Je n’ai pas eu de mauvaises surprises. Je laisse toujours leur chance aux enfants. C’était un concours de reprise. Il a d’ailleurs été très bien géré, car il ne faut pas oublier qu’on est en plein cœur d’une crise sanitaire. Les tests PCR étaient obligatoires avant le concours, un test antigénique a été effectué à la moitié de la compétition pour être certain de l’absence de cas positif, et la température des chevaux était prise tous les jours. Les couples Juniors et Jeunes Cavaliers sont suivis depuis longtemps, et nous sommes à leur écoute. Ils connaissent le fonctionnement des équipes de France. Les cavaliers savent pourquoi ils sont là. Nous étions venus pour gagner les Coupes des nations, ils n’avaient pas de pression par rapport au Grand Prix. Je suis très content de la manière dont ils ont tous répondu présent, pendant les reconnaissances, au paddock, etc. Tout était en ordre.
Quel regard portez-vous sur la troisième place de Mathilde Pinault dans le Grand Prix Jeunes Cavaliers avec Sea Coast Kira (BWP, Emerald x Querlybet Hero) ?
Ses chevaux ont bien sauté à Valence et j’étais très content de la retrouver sur le podium du Grand Prix. Elle fait partie de nos très bons Jeunes Cavaliers. L’année dernière, elle a gagné la Coupe des nations Juniors de Fontainebleau. Elle avait donc largement sa place ici. Elle a également réalisé un beau sans-faute avec un point de temps dépassé avec la deuxième équipe de France Jeunes Cavaliers, qui était au départ dans un objectif de formation.
Quelles conclusions portez-vous sur le week-end de Ramatou Ouedrago, quatrième de cette même épreuve avec Up To You*GFE (SF, Calvaro FC x Olisco), puis pénalisée d’un seul point dans la Coupe des nations ?
C’est une élève de Manuel Henry que nous suivons depuis de nombreuses années maintenant. Elle est soutenue par ses parents et le GFE (Groupe France Élevage, ndlr), qui lui permet d’avoir de très bons étalons français dans ses écuries. Nous avons cette chance, notamment grâce à Arnaud Évain (président du GFE, ndlr), de pouvoir nous appuyer sur de bons chevaux avec de bons cavaliers pour aller chercher des performances. Nous avons besoin de cavaliers bien suivis, de propriétaires et d’éleveurs français qui nous confient des chevaux.
De manière générale, que pensez-vous du réservoir de jeunes en France ?
Nous avons la chance d’avoir de très bons cavaliers et chevaux. Bien sûr, on aimerait toujours en avoir plus, mais je trouve que tous les feux sont au vert. Nous avons de très bons enseignants et formateurs par l’intermédiaire de la fédération et de la DTN (direction technique nationale, ndlr) mise en place. Il y a également de bons élevages. Je veux vraiment arriver à montrer qu’après les épreuves Poneys, il y a une suite avec les catégories Juniors et Jeunes Cavaliers, et qu’il y a pleins de beaux projets à mettre en place à cheval. Il faut que les gens n’hésitent pas à se rapprocher de nous, staff fédéral et DTN, pour que nous les aidions à trouver le bon chemin après les années Poneys pour intégrer l’équipe de France à cheval.
Aujourd’hui, le groupe Enfants et Poneys est un petit peu resserré, avec des cavaliers qui ont bien travaillé. Je veux vraiment leur faire passer le message d’être patients, les concours reprendront. Dès que ce sera le cas, il ne faudra pas qu’ils soient pressés de retourner sur les terrains. Il faut qu’ils continuent de travailler au sein de leurs structures. Nous ne les lâcherons pas. Nous avons prévu dès l’automne d’aller dans toutes les régions pour revoir tout le monde. Pour certains, un an ou un an et demi sera perdu, mais nous avons la volonté que tout le monde puisse à nouveau avoir sa chance. Je me mets à la hauteur de ceux qui rongent leur frein, nous sommes tous pareils. Nous ne gagnerons pas des médailles seuls dans notre coin, mais avec toute la France.
“Nous n’allons rien lâcher”
Comment s’annonce la suite de la saison pour la relève ?
Certains vont participer à des CSI 2*, 3* et 4*. D’autres vont s’aligner sur le circuit du Grand National, qui est à mes yeux une très bonne préparation pour les épreuves Juniors et Jeunes Cavaliers. Rendez-vous ensuite à Cabourg pour le CSIO de France, où deux équipes expérimentées seront présentes. Elles auront eu un mois et demi supplémentaire de préparation.
Pour la première année, le CSIO des Jeunes se tiendra à Cabourg. Que pensez-vous de ce changement de lieu pour cet Officiel de France ?
Pour la première fois, il est associé à un CSI 3*, donc cela va permettre de montrer qu’après les épreuves Jeunes Cavaliers, il y a des CSI 2* et 3* avec tout un système autour. Je pense que nous aurons la chance d’engager nos Jeunes Cavaliers français avec leur seconde monture, capables de sauter 1,50m ou 1,60m, dans le CSI 3*.
Êtes-vous optimiste concernant la tenue des championnats d’Europe à Vilamoura, du 18 au 25 juillet pour les Enfants, Juniors et Jeunes Cavaliers, et à Strzegom pour les Poneys, du 11 au 15 août ?
Depuis le début de cette pandémie, je suis toujours vigilant car à mes yeux, beaucoup de gens en souffrent et en sont morts, et il faut être prudent. Mais si nous faisons attention et que les gens peuvent être vaccinés, nous arriverons à mettre en place tous ces gros championnats, dont nous avons besoin et qui nous donnent tous envie de progresser. C’est l’objectif de la saison pour certains. Le sport de haut niveau demande encore plus de travail. Plus nous avons d’occasions de participer à de telles échéances de confrontations avec les nations étrangères, plus cela nous oblige à devenir meilleurs.
Si les événements se tiennent, comment jugez-vous vos chances de médailles ?
Je suis d’un naturel très optimiste, et cette année, nous avons de très belles équipes. Les Enfants sont très affûtés, les Poneys aussi. Chez les Juniors et les Jeunes Cavaliers, nous avons de bons chevaux et cavaliers, dont certains sont présents sur le circuit des CSI 4* et 5*. D’autres sont régulièrement classés dans des épreuves à 1,50m et dans des CSI 3*. Nous n’allons rien lâcher, nous allons insister sur le travail. Tout va bien, mais il ne faut pas que quelque chose nous arrive d’ici-là car la route est encore longue. Il nous faudra aussi un peu de chance, mais elle ne vient qu’avec le travail. Il y a une bonne ambiance de groupe, donc je pense que cela va aller.