“Je souhaite garder l’équitation en passion, je ne prévois pas d’en faire mon métier”, Zazie Gardeau
À seulement vingt ans, Zazie Gardeau semble inarrêtable cette saison! Médaillée d’or et de bronze, à chaque fois en Juniors et par équipes, respectivement aux championnats d’Europe de Fontainebleau en 2018 puis à Maarsbergen l’année suivante, l’amazone de vingt ans s’est imposée fin avril dans le CCI 3*-S de Saumur avec son hongre César de Commarin LA (SF, Nouma d’Auzay LA x Idéal de la Loge), auparavant monté par le Français Ugo Provasi. Une semaine plus tôt, elle avait déjà remporté le CCI 3*-L de Vairano avec sa deuxième monture, Udine Jolimon Bearn (AA, Don Giovanni de Bearn x Laudanum). L’ancienne complice de Laure Alegri lui a ainsi offert une qualification en vue des championnats d’Europe, qu’elle pourrait courir pour la première fois en Jeunes Cavaliers. La complétiste installée près de Toulouse au sein des écuries Chev’el espère désormais obtenir une sélection afin de poursuivre sa moisson de succès et fournir un peu plus son palmarès.
Le 29 avril dernier, vous avez remporté le CCI 3*-S de Saumur avec César de Commarin LA (SF, Nouma d’Auzay LA x Idéal de la Loge), quelques jours seulement après avoir gagné le CCI 3*-L de Vairano avec Udine Jolimon Bearn (AA, Don Giovanni de Bearn x Laudanum). Un mois plus tôt, vous aviez remporté une médaille de bronze à Pompadour dans le championnat de France Pro 2. Comment analysez-vous ces nombreuses performances?
Comme tous les cavaliers français, j’ai été contrainte de faire une longue pause compte tenu de l’annulation de nombreux concours, cette année comme l’année dernière, en raison de l’épidémie de Covid-19 et de l’épizootie de rhinopneumonie. Cette “saison blanche” m’a néanmoins permis de bien m’entrainer avec mes chevaux, et, à l’écurie Chev’el, nous n’avons à aucun moment perdu de vue nos objectifs. Nous étions ainsi dans d’excellentes dispositions pour la reprise des compétitions, ce qui a pu se remarquer. Le travail a payé, et nous avions envie d’en découdre (rires)! À Vairano, l’enjeu était de taille, puisqu’il s’agissait pour Udine et moi de nous qualifier pour les championnats d’Europe Jeunes Cavaliers. C’était donc très motivant! Concernant le CCI 3*-S de Saumur, il s’agissait de la première épreuve 3* de César. J’ai été ravie de voir qu’il s’est parfaitement comporté, il n’a cessé de nous impressionner, c’était vraiment magique.
Vous êtes propriétaire des deux chevaux avec lesquels vous évoluez. Cela constitue-t-il pour vous plutôt une liberté?
N’étant pas issue du milieu du cheval, je fonctionne de façon plutôt simple. Il s’agit pour moi avant tout de partager une aventure avec mes chevaux, de progresser ensemble, ce qui fait que je n’ai aucunement l’envie ni la nécessité de les vendre à terme. Je souhaite véritablement profiter avec eux, et je ne prévois d’ailleurs à ce jour pas de concourir avec d’autres montures.
Quelles sont les principales qualités et défauts de vos chevaux?
Udine est une vraie jument, elle a son caractère bien à elle, au point d’être parfois un peu têtue. Cependant, c’est une vraie guerrière, et quand elle a confiance en quelqu’un, comme c’est je crois le cas avec moi, elle ne le déçoit jamais. Elle se donne à cent pour cent et peut se surpasser lors des épreuves. Les filles des écuries me disent souvent qu’on ne dirait pas la même jument en concours qu’à la maison. C’est comme si elle se transcendait! César pourrait quant à lui plutôt être qualifié de “force tranquille”, il est vraiment facile au quotidien. Il est très proche de l’homme et extrêmement gentil, à pied comme à cheval. Il est également beaucoup plus classique qu’Udine, plus froid dans sa tête alors que c’est le plus jeune! Mes deux chevaux sont donc vraiment différents, et cela se ressent aussi en concours. César reste calme, fidèle à lui-même, tandis qu’Udine a davantage tendance à se laisser impressionner.
Qu’appréciez-vous particulièrement dans le concours complet? Avez-vous pensé à vous concentrer sur une seule discipline?
J’apprécie avant tout l’adrénaline du cross. Cette épreuve nous procure des sensations incroyables et j’adore la vitesse. Nous avons toujours une certaine appréhension en nous lançant sur le parcours, et c’est quelque chose qui me fait vibrer. Je me suis toujours vue faire du complet, même si j’ai pu être amenée à concourir en saut d’obstacles pur ou en dressage. Lorsque c’était le cas, j’étais toujours frustrée de ne pas avoir fait de cross! (rires)
“Aux écuries Chev’el, nous nous tirons vraiment vers le haut”
Vous avez, à l’occasion des championnats d’Europe Juniors Longines de Fontainebleau en 2018 et des championnats d’Europe Juniors de Maarsbergen en 2019, concouru sous les couleurs de la France, et vous êtes à nouveau qualifiée pour les championnats d’Europe Jeunes Cavaliers en août prochain. Quelles sont vos ambitions si vous parvenez à être sélectionnée à nouveau?
La sélection se fera en juillet, et j’aimerais évidemment en faire partie. Si j’y parviens, mon objectif sera clair: ramener à la France une médaille par équipe. À ce jour, seule Udine est qualifiée pour ces championnats d’Europe Jeunes Cavaliers, mais j’aimerais idéalement parvenir à qualifier César également.
Vous êtes installée aux écuries Chev’el, aux côtés de jeunes cavalières de saut d’obstacles, telles Jeanne et Louise Sadran, ou encore Nina Mallevaey. Que vous apporte ce cadre? Échangez-vous beaucoup au quotidien? Avez-vous également eu l’occasion de travailler avec Julien Épaillard?
J’échange énormément avec les cavalières des écuries Chev’el, et elles m’ont d’ailleurs beaucoup fait progresser. Depuis plus d’un an maintenant, c’est Jeanne qui m’entraîne à l’obstacle. Elle a une vraie expérience et une réelle maturité à cheval, qu’elle transmet extrêmement bien. Elle sait nommer et expliquer les choses, et elle me connait par cœur ainsi que mes chevaux. Au-delà de cette dimension technique, je dois dire qu’aux écuries Chev’el, nous nous tirons vraiment vers le haut au quotidien. Nous avons toutes envie d’être performantes dans notre discipline, ce qui crée une véritable émulation entre nous. Je tiens d’ailleurs à remercier les écuries Chev’el, sans qui je n’aurais certainement pas atteint mon niveau actuel. À cet égard, j’ai eu la chance de parfois bénéficier de l’expertise de Julien Épaillard. C’était pour moi fantastique de travailler avec l’un des meilleurs cavaliers français de saut d’obstacles.
Les compétitions Amateurs sont suspendues depuis plusieurs mois mais la reprise est prévue pour le 19 mai. Que pensez-vous de cette nouvelle ? Êtes-vous en contact avec des cavaliers de ce niveau ?
J’ai beaucoup d’amies qui concourent au niveau Amateur, et qui sont bien sûr ravies de reprendre à partir du 19 mai. Je suis très contente pour elles! Les cavaliers amateurs ont beaucoup de mérite car ils n’ont pas relâché leurs efforts. Je pense qu’il est grand temps pour eux de reprendre la compétition et de ressentir le même plaisir que nous, les professionnels.
Du haut de vos vingt ans, vous suivez actuellement des études d’ingénieur à Toulouse. Prévoyez-vous de vous consacrer à l’équitation à l’avenir?
Je souhaite garder l’équitation comme une passion, un plaisir, mais je ne prévois pas d’en faire mon métier. Je ne veux pas tout mélanger! Je sais que ce n’est pas un discours habituel, mais en ce qui me concerne, je ne me vois pas travailler dans le domaine des chevaux. J’aime avoir ma vie à côté, fréquenter des gens qui ne sont pas du milieu, ce qui me permet de préserver une ouverture d’esprit qui est pour moi très importante. Je n’ai néanmoins pas de projet professionnel précis. À l’heure actuelle, je prévois de valider mon diplôme d’ingénieur, puis d’éventuellement faire un master en commerce, pour ensuite monter ma propre entreprise. À long terme, j’aimerais tout de même poursuivre ma progression à cheval en atteignant un jour le niveau 5* et en participant peut-être à des Jeux olympiques, qui sait!