“Je serai un maillon de la FFE au même titre que d’autres”, Marie-Laure Deuquet

Le week-end dernier, Marie-Laure Deuquet a accueilli une nouvelle étape du Grand National FFE/AC Print à Pernay, en Indre-et-Loire. Après les élections fédérales du 18 mars, sur proposition du président Serge Lecomte, elle a été nommée par le comité fédéral au poste de secrétaire générale de la Fédération française d’équitation (FFE). La gérante du haras de Bel Air et de l’élevage de Nantuel, situé dans le Cher, doit désormais concilier ses activités professionnelles avec ses nouvelles fonctions au sein d’une fédération, au service notamment de la reprise des compétitions.



Comment allez-vous après l’étape du Grand National qui s’est déroulée le week-end dernier au haras de Bel Air?

Un peu fatiguée après ce week-end de compétition qui a été à la fois intéressant, avec plus de mille neuf cents engagés sur les trois jours et demi, et un peu compliqué d’un point de vue logistiques parce que la météo n’a pas été très clémente. En tout cas, je suis très satisfaite. Ce concours a fait partie des derniers disputés à huis clos en raison du contexte sanitaire. Le protocole de la Fédération française d’équitation (FFE) mis en place contre la rhinopneumonie restera en vigueur au moins jusqu’au 30 mai, mais le huis clos sera très bientôt levé, ce qui facilitera la vie des organisateurs.

Le retour des épreuves Amateur, Club et Poney dès ce week-end est une excellente nouvelle pour les cavaliers, mais aussi pour les organisateurs de concours…

Bien sûr! Nous aurions d’ailleurs aimé pouvoir accueillir des amateurs le week-end dernier. Comme nous avons deux pistes au haras de Bel Air, cela permet habituellement aux amateurs de voir les meilleurs Français concourir dans de belles épreuves, mais aussi aux professionnels de venir avec leurs clients amateurs. C’est une association qui fonctionne bien, et cela contribue à la stabilité financière de nos structures organisatrices. Je dois avouer qu’organiser un concours dans ces conditions-là nous inquiétait. Pour autant, vu le succès et le nombre conséquent d’engagés, nous sommes très satisfaits du résultat!

Depuis mars, vous êtes secrétaire générale de la FFE. Comment envisagez-vous cette fonction?

J’ai été nommée par le comité fédéral entre les deux tours de l’élection à la présidence de la FFE, puis confirmée dans ces fonctions une fois que Serge Lecomte ait été élu. C’est tout à fait nouveau pour moi, mais je suis très enthousiaste de pouvoir participer au fonctionnement de cette fédération. La FFE est une grosse machine qui a besoin d’un capitaine à sa tête, ce qui est le cas avec Serge Lecomte. C’est d’autant plus rassurant en temps de crise. À Lamotte-Beuvron, il y a de belles équipes notamment autour de Frédéric Bouix, délégué général, et Sophie Dubourg, directrice technique nationale. Ce qui m’enthousiasme aussi, c’est que ces élections ont donné l’occasion au comité fédéral, et à toute l’équipe qui a été constituée, d’apprendre à bien se connaître. Sincèrement, il s’agit d’une bonne équipe qui a été largement renouvelée, féminisée et qui est vraiment compétente dans des domaines très différents, ce qui nous permettra de nourrir de bons échanges et de construire des projets visant à répondre à tous les besoins.

En quoi consistent votre rôle et vos missions au sein du comité fédéral?

Ce sont des missions assez formelles et administratives, menées en collaboration avec des salariés de la FFE. Je fais partie du bureau de la FFE, qui se réunit tous les mois pour aborder les grandes lignes de la politique fédérale, ainsi que quelques affaires courantes. Ce bureau, quasiment constitué, devrait être complètement validé lors de la réunion du comité fédéral qui se tiendra la semaine prochaine. Nous aurons également une réunion trimestrielle avec l’ensemble du comité. L’objectif est de constituer un certain nombre de commissions et d’en ouvrir d’autres, qui n’existent pas aujourd’hui. D’ailleurs, la semaine prochaine, notre réunion aura pour objectif de réfléchir à tout cela et de voir qui veut s’impliquer dans quelle commission, quelles nouvelles commissions nous créerons, etc.



“Nous avons la chance d’avoir un capitaine de navire comme Serge Lecomte”

Comment allez-vous vous organiser entre le haras de Bel Air, l’élevage de Nantuel et ces nouvelles fonctions fédérales?

Le haras de Bel Air est une entreprise assez importante, mais j’ai deux fils géniaux (Eliott et Arthur Deuquet, ndlr) qui ont vraiment pris la mesure de cet établissement. Ils gèrent très bien leurs activités de compétition, valorisation, commerce de chevaux, écurie propriétaire et coaching. Mais ils sont aussi sur d’autres fronts, notamment dans l’organisation des concours. Au niveau du poney-club, j’ai la chance d’avoir une équipe qui fonctionne vraiment bien. Tout cela me permettra de dégager du temps pour me consacrer à mes fonctions. C’est également pour moi l’occasion de prendre de la hauteur et d’être associée à une politique fédérale, ce qui me fait extrêmement plaisir.

Depuis quelques mois, également avec mes fils, je m’investis dans l’élevage puisque nous avons repris l’exploitation familiale de Nantuel, située à deux heures du haras de Bel Air. C’est parfait puisque le haras est situé près de Tours, l’élevage dans le Berry et Lamotte au milieu, donc tout cela reste concentré en région Centre-Val-de-Loire. Avant de m’engager, j’ai discuté avec Serge Lecomte parce que je ne voulais pas me retrouver dans une situation inconfortable, où la FFE attendrait une quantité de temps ou des compétences que je ne pourrais pas lui apporter. Nous nous sommes donc mis d’accord sur la teneur de mon investissement afin que cela puisse fonctionner.

Comment envisagez-vous la sortie de la crise sanitaire pour les établissements équestres?

Tous ces sujets n’ayant pas encore été abordés en comité fédéral, je pourrais en dire plus à l’issue de notre réunion de la semaine prochaine. Pour le moment, je constate que nous avons la chance d’avoir un capitaine de navire comme Serge Lecomte qui est compétent et a ses entrées un peu partout. C’est un homme de combat qui a su militer pour la TVA et va poursuivre dans ce domaine. Il a également su militer pour que nous puissions bénéficier d’aides très rapidement l’an passé, ce qui n’a pas le cas d’autres filières. Tous ensemble, nous allons réfléchir à un plan de bataille pour continuer sur ces terrains-là. De ce fait, j’espère que les structures équestres s’en sortiront au mieux. D’ailleurs, les Assises du territoire vont nous permettre de prendre la température et nous aider à définir le rôle de chacun aux niveaux national, régional, départemental et local, celui des clubs. Ce sera l’occasion de rapprocher tous les échelons et stratégies, de voir comment nous pourrons travailler et mettre en œuvre les projets afin d’aider les structures à sortir de cette crise. Nous avons la chance d’être un sport individuel d’extérieur, ce qui nous a permis de poursuivre en grande partie nos activités. Cela couplé à une importante campagne de communication à la rentrée scolaire, les clubs équestres doivent capitaliser sur ces deux points positifs.

On reprochait à Serge Lecomte son côté un peu brutal, son manque de concertation… Désormais, il a un comité fédéral à ses côtés qui veut aussi faire bouger les lignes. J’espère que nous pourrons travailler avec beaucoup d’énergie et d’efficacité en ayant chacun l’occasion d’affirmer nos idées et points de vue. L’intérêt de ce comité est sa diversité, dans le sens où il est constitué de personnes venant de milieux très différents. Je pense que cela créera beaucoup d’émulation.

Cette diversité entre en résonnance avec les attentes d’un monde équestre en pleine évolution…

Nous sommes dans une société dont les besoins et désirs évoluent. Je pense notamment à la prise en compte du bien-être animal. Nous allons aborder ces sujets devenus très importants. Par exemple, mon centre équestre a été audité il y a peu de temps en vue du renouvellement des labels, comme les autres années, dont un concerne le bien-être animal. Il faut réunir un certain nombre de critères pour l’obtenir. Je pense que nous sommes vraiment à l’écoute de l’évolution de la société et nous aurons du pain sur la planche par rapport à cela! Il y a de beaux et gros défis, mais Serge Lecomte ne sera pas seul et je serai un maillon de la fédération au même titre que d’autres.