“J’espère décrocher une médaille individuelle aux Jeux olympiques avec Bohemian”, Cathrine Dufour
Cathrine Dufour s’est installée ces dernières années parmi les meilleurs mondiaux, grâce à son fidèle Atterupgaards Cassidy, qui a accompagné sa progression depuis les épreuves Juniors, et plus récemment grâce au talentueux mais facétieux Bohemian. Présente avec ce dernier au CDIO 5* de Compiègne, la compétition ne s’est d’ailleurs pas déroulée comme la Danoise l’espérait, puisque le couple numéro six mondial a été éliminé dans le Grand Prix Spécial sans avoir pu entrer sur le rectangle. Néanmoins, ce dernier reste le choix numéro un de l’amazone en vue des Jeux de Tokyo, où elle espère bien réaliser une grande performance, à la fois individuelle et collective, malgré la solide concurrence qui lui fera face. Rencontrée lors des Internationaux de dressage, la sympathique cavalière évoque également son indissociable Cassidy, toujours en pleine forme à dix-huit ans, et les espoirs qu’elle place en l’exceptionnel Vamos Amigos, neuf ans.
Quel est votre sentiment d’être de retour ici, à Compiègne, où vous avez gagné l’or à deux reprises avec Atterupgaards Cassidy, en 2013 chez les Jeunes Cavaliers?
C’est génial d’être de retour, j’ai d’excellents souvenirs ici. J’adore concourir à Compiègne, même si c’est très loin de la maison. C’est une excellente compétition, bien organisée, avec de bons sols et des écuries agréables.
À dix-huit ans, Cassidy est toujours en pleine forme puisqu’il a, à nouveau, gagné les championnats danois fin mai. Quelle est votre réaction après ce titre?
Je suis tellement fière ! C’est un cheval fantastique, qui est à mes côtés depuis onze ans maintenant. C’était un bonheur de le voir gagner son huitième titre, il est une vraie superstar. Bien évidemment, il fait partie du groupe de chevaux qui peuvent potentiellement concourir aux Jeux de Tokyo. Cependant, à choisir, je préfère que ce soit l’un de mes plus jeunes chevaux qui y aillent (la fédération danoise a d’ailleurs uniquement retenu Bohemian et Vamos Amigos pour l’ultime stage d’observation, ndlr). Il m’a tout donné, et bien plus encore. J’adorerais lui épargner un mois sans pré et un tel voyage.
Cette saison sera-t-elle la dernière pour lui?
J’ai toujours dit que ce n’était pas à moi de décider de cela, c’est lui qui le nous dira, quand il ne trouvera plus cela amusant. Il est cependant certain qu’il ne concourra plus pendant trois saisons… Il était très heureux d’être présent aux championnats danois la semaine dernière (entretien réalisé le 28 mai, ndlr), donc tant que c’est le cas nous continuerons à participer à quelques compétitions. Après, il aura amplement mérité de profiter de sa vie de retraité.
Vous avez remporté ensemble des médailles de bronze en individuel aux championnats d’Europe, été sélectionnés pour les Jeux olympiques de Rio de Janeiro… Pensiez-vous pouvoir atteindre des sommets avec lui quand vous avez débuté votre aventure commune il y a onze ans ?
Absolument pas ! (Rires) Quand nous l’avons acheté à Andreas (Helgstrand, ndlr), il nous a dit avoir un cheval qui ne fera jamais le Grand Prix, mais qui sera parfait pour les épreuves Juniors. Et puis finalement…
Quel est votre plus beau souvenir?
Nous avons vécu tellement de beaux moments. Les Européens à Compiègne font parties de ceux que je n’oublierai jamais. Il était complètement excité quand nous sommes arrivés ici, et nous avons commis plusieurs erreurs le premier jour. Nous avons finalement réussi à décrocher la médaille d’or. Il y a aussi l’épreuve du Top Ten en 2019, où nous avons remporté la Reprise Libre en Musique devant Isabelle Werth avec plus de 89%. Il y a énormément de bons souvenirs, mais la meilleure chose est, qu’en onze ans, je n’ai jamais vécu un mauvais moment avec lui.
“Bohemian sera encore meilleur que Cassidy”
Parmi vos montures d’avenir, Bohemian a énormément progressé ces dernières années, remportant une épreuve sur le circuit de la Coupe du monde à seulement neuf ans, à Herning en 2019. Pensez-vous qu’il sera tout aussi bon que Cassidy?
Je pense qu’il sera encore meilleur. Bien sûr, cela va être un gros travail à accomplir. Cependant, après avoir obtenu trois fois 83% en Grand Prix, le futur s’annonce radieux sachant qu’il a seulement onze ans. Avec lui, j’espère décrocher une médaille individuelle aux Jeux olympiques, et peut-être même dès cet été. Bohemian est d’ailleurs mon premier choix pour Tokyo. Réaliser cet objectif sera extrêmement dur face à la concurrence actuelle mais j’ai confiance en lui. Il est actuellement en excellente forme. Il me fait vivre un rêve et nous allons travailler pour cela.
Justement, pensez-vous pouvoir ramener une ou plusieurs médailles du Japon?
Concernant les chances collectives du Danemark à Tokyo, nous monterons pour une médaille. En obtenir une serait un rêve devenu réalité, mais on ne sait jamais ce qu’il peut se passer et l’équipe n’est pour l’heure pas définie. En individuel, je travaille pour cela, même si nous savons que faire partie des trois meilleurs est un vrai challenge. Mais sans rêve, rien n’arrive. Alors je rêve grand, et je m’entraîne.
Bohemian semble avoir une sacrée personnalité. Pouvez-vous nous le décrire?
Complètement, oui ! Il est tout toujours fidèle à lui-même. Cassidy cherche à plaire tandis que Bohemian décide de lui-même ce qu’il doit se passer. C’est un coquin, un peu effronté, mais quand il entre en piste il se bat pour moi, ce qui est important.
Vous êtes proche de la famille Zinglersen, propriétaire de Bohemian. La situation est donc idéale, afin de garder Bohemian sous votre selle?
Bohemian appartient à l’une de mes meilleures amies, Louise Zinglersen. Elle ne souhaite plus vraiment concourir à haut niveau mais toujours faire partie de l’aventure. C’est une famille fantastique, nous nous connaissons depuis de longues années et c’est un très bon partenariat.
“Vamos Amigos irait décrocher les étoiles pour moi s’il le pouvait”
Si Bohemian est votre premier choix pour les Jeux, les Européens viendront ensuite en septembre. Quels sont vos plans à ce sujet?
Je ne pense pas que le même cheval fera les deux championnats. Cassidy fait partie des plans, tout comme Vamos Amigos. Je n’y ai pas encore vraiment réfléchi. Les Jeux olympiques sont de toute façon mon objectif principal. Pour les championnats d’Europe, j’emmènerai celui qui sera le plus en forme sur le moment.
Que pensez-vous de la concurrence que vous devrez affronter, aux JO et aux Européens?
Il y aura un solide peloton de cavaliers. Isabell Werth a plusieurs très bons chevaux, tout comme Jessica von Bredow-Werndl, Dorothee Schneider, Charlotte Dujardin ou Carl Hester… La compétition sera féroce lors de ces deux échéances.
Vamos Amigos, qui est avec vous à Compiègne, a débuté en Grand Prix international la saison passée. Que pouvez-vous nous en dire? Vous affirmez qu’il est l’un des meilleurs chevaux que vous ayez monté…
C’est un cheval en devenir, qui est encore jeune comme il n’a que neuf ans. Il appartient à la famille Pidgley, qui sont de très bons clients. Je suis très heureuse avec lui, il m’a donné un de mes meilleurs sentiments lors du Grand Prix CDI 3* de Compiègne (le couple a terminé deuxième, ndlr). Il progresse énormément et est vraiment fantastique. Il est pétri de qualités, bien que ce soit encore délicat d’avoir totalement le contrôle. Parfois, il se sent totalement libre, avec de grands mouvements. Il doit encore comprendre qu’il peut s’économiser. Il a une excellente personnalité, il irait décrocher les étoiles pour moi s’il le pouvait. Il fait encore un peu “bébé” à côté de Bohemian, mais il est extraordinaire. Beaucoup de ses mouvements sont excellents, notamment le piaffer ou le trot allongé, et il présente des réelles aptitudes pour les mouvements rassemblés. Il possède vraiment tout ce qu’il faut pour le grand sport. À moi de parvenir à faire ressortir ses qualités.