Sur la route de Tokyo, Morgan Barbançon Mestre et Maxime Collard confirment dans le Grand Prix Spécial au Mans

Après le Grand Prix de vendredi, cinq cavaliers français étaient engagés pour le Spécial, qui s’est tenu aujourd’hui en milieu de journée sur la piste du Pôle européen d’Yvré-l’Évêque, non loin du Mans. Pour ce premier CDI 4* dans la Sarthe, Morgan Barbançon Mestre et Maxime Collard ont, à nouveau, signé les meilleures performances françaises, concluant respectivement quatrième et cinquième avec leurs fidèles Sir Donnerhall II et Cupido PB. Bis repetita pour Patrik Kittel, qui s’impose aux rênes de Well Done de la Roche CMF, et mène un podium 100% suédois. 



Le CDI 4* du Mans, qui se tient ce week-end au Pôle européen du cheval d’Yvré-l’Évêque, s’est conclu aujourd’hui par le Grand Prix Spécial, dans lequel cinq Français se sont élancés. Le rendez-vous sarthois, affiché comme le dernier concours de sélection pour les Tricolores, revêt donc un enjeu tout particulier pour les couples en lice pour les Jeux olympiques de Tokyo.

Les expérimentés Suédois n’ont cependant rien laissé à leurs concurrents en s’adjugeant les trois premières places de l’épreuve. Comme dans le Grand Prix vendredi, Patrik Kittel a fait l’unanimité auprès des cinq juges, en selle sur Well Done de la Roche CMF. Avec 78,468%, le couple quatorzième mondial a ajouté une nouvelle victoire à son palmarès. Le cavalier a devancé son élève Juliette Ramel, récompensée de 76,31% aux rênes de Buriel KH. Quatrième du Grand Prix, Therese Nilshagen a, cette fois, gagné un rang avec Dante Weltino OLD, quittant le rectangle avec une moyenne de 75,447%. Les Scandinaves confirment une fois de plus qu’ils seront redoutables dans quelques semaines aux Jeux olympiques!



La confirmation de Maxime Collard et la surprise Bernard Bosseaux

Piliers du dressage tricolore, Morgan Barbançon Mestre et Sir Donnerhall II OLD ont tenu leur rang en prenant la quatrième place de l’épreuve, après être montés sur le podium du Grand Prix vendredi. L’étalon de quinze ans n’était plus apparu sur le Spécial à l’international depuis les Européens Longines de Rotterdam, en 2019, où il avait pris le vingt-septième rang avec 69,468%. Aujourd’hui, c’est la belle note de 73,362% qui a été attribué au duo, le Français Alban Tissot, juge en H, leur évaluant même à 75%.

Révélation de cette saison, Maxime Collard et Cupido PB ont signé une excellente reprise récompensée de 73,149%, validant très certainement son ticket pour le Japon. En sortie de piste, l’amazone affichait un grand sourire tandis que Céline Rozé, la propriétaire de l’étalon de quatorze ans, semblait très émue après avoir pleinement vécu la performance de son champion. “Je suis ravie d’avoir approché les 72% sur le Grand Prix. Réitérer aujourd’hui, c’est génial et c’est ici qu’il fallait réussir à le faire!”, s’enthousiasme Maxime Collard. “On s’autorise à rêver et on essayera de faire aussi bien. L’incompréhension lors du Grand Prix à Compiègne nous a énormément servi. Comme c’est un cheval bouillonnant, je ne sais jamais vraiment comment il sera, ce qui pouvait être stressant. Maintenant, j’ai mon schéma de détente, j’arrive à le répéter et cela semble bien se passer en piste. Il était bien dynamique aujourd’hui, s’il y avait une troisième épreuve demain il pourrait y aller sans aucun problème, c’est vraiment sa grande qualité! Il va maintenant avoir une semaine très calme, avec trotting et stretching. Il ne verra pas la carrière, c’est un cheval qui n’a pas besoin de trop répéter. Je profite de sa fraîcheur et de son envie. Par exemple, hier, je n’ai fait qu’une petite détente sans aller dans le rectangle. Il est essentiel qu’il soit bien dans sa tête. C’est à moi de monter au mieux ensuite.” 

Également présente à la remise des prix et chaudement applaudie, Isabelle Pinto s’est classée huitième, en selle sur La Gesse Hot Chocolat vd Kwaplas. Membres de l’équipe de France au CDIO 5* de Compiègne, tous deux ont conclu avec 69,170%, dans les points qu’ils avaient récolté en Picardie il y a trois semaines.

En revanche, pour le couple de France Pro Élite en titre, Anne-Sophie Serre et Actuelle de Massa, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Premières à entrer en piste à midi, toutes deux ont, comme dans le Grand Prix vendredi, été pénalisées par le dernier piaffer. La défense de la jument de onze ans a contraint la Provençale à lever la main et à se retirer. Le rêve des Jeux olympiques semble désormais s’éloigner pour le duo. “La jument a beaucoup de qualités, mais une routine en compétition est certainement ce qui leur a manqué”, explique Emmanuelle Schramm-Rossi, directrice technique nationale (DTN) adjointe en charge du dressage. 

Invités surprise de ce Spécial après leur quinzième place dans le Grand Prix, Bernard Bosseaux et Rilkadora Z ont déroulé ce test pour la toute première fois de leur carrière. Le Normand et la prometteuse alezane de neuf ans ont quitté le rectangle avec une moyenne de 66,064%, après une reprise entachée de plusieurs fautes. Mais le champion de France Pro 1 en titre s’avouait néanmoins satisfait en sortie de piste: “Ma jument a déroulé le premier Grand Prix de sa vie il y a seulement un mois et demi. Elle est encore jeune et je n’ai pas du tout travaillé le Spécial, même à la maison. Je ne pensais pas du tout être qualifié compte tenu de la forte concurrence, ce qui explique toutes les fautes que j’ai commises. Hier, à la détente, j’ai essayé de faire passage-galop à droite, c’était une première. J’ai toujours travaillé l’Inter II et le Grand Prix, notamment car je suis en train de préparer une Libre pour l’avenir. Le Spécial était le dernier de mes soucis! Se qualifier pour ce test, dans un CDI 4* en plus, c’était une belle surprise. Ma jument était aussi plus fatiguée aujourd’hui ; c’est son cinquième jour de concours car elle est arrivée mercredi. […] Pour l’instant, elle n’est qu’à 50% de ses moyens. Je ne force pas, j’effectue des petites détentes, je ne veux pas tirer dessus pour aller chercher les points. Les fautes d’aujourd’hui montrent qu’elle a encore besoin de prendre du métier et de la condition physique.”



L’équipe de France pour Tokyo officialisée le 1er juillet

Emmanuelle Schramm-Rossi tire un bilan positif de cette ultime étape de sélection. “Ces derniers concours sont toujours pleins de tensions, avec beaucoup d’enjeux. Ils sont pleins d’enseignements jusqu’au bout. Malheureusement cela a été compliqué pour l’un de nos bons chevaux, et Anne-Sophie Serre a dû abandonner après beaucoup d’incompréhensions sur la dernière ligne. Les trois autres couples ont bien fait leur travail. Isabelle Pinto a rectifié des petites choses par rapport au Grand Prix, ce qui a fonctionné, et elle finit bien son concours. Morgan Barbançon Mestre a évolué chaque fois et elle est bien dans ses points. Maxime Collard a connu une belle fin de saison, où elle a progressé à chaque sortie. C’est forcément une satisfaction et un peu la surprise de la saison. Elle a débuté en Grand Prix l’année dernière et a bien pris ses marques, avec un cheval qui a beaucoup de sang qu’il faut savoir gérer. C’est ce qui est venu petit à petit sur les derniers concours.”

Membre de la liste FFE/JOP Tokyo 2021, Alexandre Ayache n’était pas au départ avec Zo What, afin de préserver le fils de Scandic, désormais âgé de dix-sept ans, qui faisait son retour vendredi après une légère blessure. “Nous voulions vérifier qu’il allait bien, et il a fait son travail lors du Grand Prix. C’était donc déjà décidé qu’il ne prendrait pas part au Spécial. C’est un cheval qui a déjà réalisé de bonnes performances, qui est assez sur”, détaille la DTN adjointe, avant de réagir au score du Niçois, pénalisé par un juge vendredi. “Il y a un juge qui est complètement en-dessous des autres, quelque chose ne lui a visiblement pas plu. C’est toujours un peu incompréhensible pour nous. Le jugement compte, mais il y a aussi ce que nous voyons.”

Désormais, Emmanuelle Schramm-Rossi va s’atteler à la sélection de quatre couples, une équipe de trois et un remplaçant, qui voyageront jusqu’à Tokyo pour l’échéance sportive majeure de l’année 2021. Cette sélection sera proposée à Sophie Dubourg, DTN, et Serge Lecomte, président de la Fédération française d’équitation, qui la soumettront au Comité olympique. Ce dernier l’officialisera le 1er juillet prochain.

Les heureux élus vivront ensuite une période de quarantaine à Deauville, avant de prendre l’avion direction le japon. “Nous aurons une quarantaine obligatoire, qui nous sert également de regroupement final. Elle se déroulera du 6 au 14 juillet, les chevaux devront être là avant midi, c’est très précis ! Ils s’envoleront ensuite dans la nuit du 14 au 15 juillet.”

Les résultats ici