“J’espère bien remporter des médailles, par équipes comme en individuel“, Debbie McDonald
L’équipe qui défendra les couleurs des États-Unis aux Jeux olympiques a été dévoilée. À l’issue d’une semaine d’observation organisée par la Fédération équestre américaine (USEF), Adrienne Lyle et Salvino, Steffen Peters et Supenkasper, ainsi que Sabine Shut-Kery et Sanceo sont les trois couples sélectionnés pour Tokyo. Ils seront accompagnés par Nick Wagman et Don John, nommés réservistes de l’équipe. Ainsi, le couple emblématique formé par Laura Graves et Verdades, dont la retraite a été annoncée l’année dernière, ne sera pas du voyage. Mais la cavalière américaine et commentatrice officielle de la semaine de sélection l’a dit elle-même, “le dressage américain a ce qu'il faut pour monter sur le podium”. Une opinion que partage et défend ardemment Debbie McDonald, sélectionneuse de l’équipe des États-Unis et ancienne cavalière olympique. Entretien.
Comment vous sentez-vous à l’issue de cette semaine?
Cela a été un très bel évènement pour nous et les conditions étaient optimales. Les couples ont déroulé leurs reprises dans des conditions similaires à celles qui les attendent à Tokyo: de nuit, sous la chaleur et les projecteurs, et en présence du public pour certaines épreuves. L’atmosphère était incroyable, et tous les chevaux ont répondu présents. Certains d’entre eux ont même battu des records nationaux!
Dans quelle mesure le classement final de la compétition a-t-il influencé votre sélection pour Tokyo?
Cette semaine a bien sûr orienté mon choix, mais j’ai également pris en compte d’autres facteurs. Le but était d’avoir l’équipe la plus solide possible. Et ce n’est pas si simple, car nous ne pouvions choisir que trois couples et un réserviste. Il fallait donc nous assurer que tous les chevaux étaient à la hauteur, et qu’ils le restent jusqu’à cet été. Avec mes collègues, nous avons donc étudié les résultats de chacun, et l’ensemble de leurs performances de cette saison. Même si je suis la sélectionneuse de l’équipe, je n’ai pas spécifié vouloir tel ou tel couple. C’est une décision commune et réfléchie, à plusieurs.
Quels sont les points forts de chacun selon vous?
Le piaffer et le passage de la monture d’Adrienne Lyle, Salvino, sont les meilleurs atouts du duo. Ces mouvements peuvent vraiment le faire sortir du lot. Le cheval de Steffen Peters, Suppenkasper, a quant à lui beaucoup de puissance, et ses appuyers sont spectaculaires. Ils lui font gagner beaucoup de points, tout comme son trot allongé. Nous pouvons aussi compter sur la très belle harmonie qui lie Sabine Shut-Kery et Sanceo, qui se connaissent depuis plus de dix ans. Tous les mouvements sont bien exécutés, mais le passage et le piaffer sont particulièrement beaux, ainsi que les changements de pieds.
“Il y a beaucoup plus de couples susceptibles de concourir à haut niveau qu’auparavant”
Reste-t-il encore des points à améliorer?
Très honnêtement, je ne pense pas. Il y a des choses meilleures que d’autres, mais je n’irai pas jusqu’à dire que les chevaux de l’équipe ont des points faibles. L’équipe de Tokyo est très différente que celle que nous avions à Rio.
Aviez-vous beaucoup de candidats à votre disposition, ou est-ce qu’au contraire, le choix a été rendu difficile par un nombre restreint de couples de haut niveau?
Je dois dire qu’il y a beaucoup plus de couples susceptibles de concourir à haut niveau qu’auparavant. Il faut donc faire la part entre ceux qui sont très talentueux et ceux qui sont exceptionnels. Et aujourd’hui, ils sont nombreux aux États-Unis.
Le calendrier a-t-il été difficile à élaborer cette année, à cause des restrictions liées au Covid-19?
Malgré les difficultés, la Fédération a beaucoup œuvré pour que tout se passe pour le mieux, en vue des Jeux. La direction a travaillé pour que la sélection des couples olympiques ait lieu dans les meilleures conditions, malgré le Covid et les restrictions. Ils font en sorte que mon équipe et moi puissions nous concentrer sur deux choses: réaliser de bonnes performances et rester en bonne santé. Sans avoir à gérer les contraintes logistiques.
“Depuis un an et demi, nous n’avons pas pu nous mesurer à la concurrence”
Quels sont vos ambitions pour les JO? Avez-vous fixé un objectif précis?
Le but est de faire de notre mieux. Je suis très confiante et persuadée que nous ferons de très bons résultats. Je suis d’ailleurs certaine que nos performances nous permettront d’aller jusqu’à la Reprise Libre. J’espère bien remporter des médailles, aussi bien par équipes qu’en individuel!
Quelles nations craignez-vous le plus?
C’est difficile à dire, car à cause de la pandémie, depuis un an et demi, nous n’avons pas pu nous mesurer à la concurrence. Nos cavaliers n’ont pas été autorisés à se déplacer en Europe. Nous avons seulement pu comparer nos performances via les notes des reprises, données lors des compétitions. Quand nous irons à Aix-la-Chapelle pour effectuer notre quarantaine, nous essaierons d’assister, en tant que spectateurs, aux compétitions sur place dans le pays. Je pense que cela sera intéressant à voir et très instructif pour la suite. Évidemment, nous savons que l’Allemagne est très forte, et très difficile à battre, surtout pour la première marche du podium. Mais pour eux aussi, la compétition se jouera sur place, en quelques jours. Tout le monde a sa chance.
Y a-t-il encore d’autres échéances en vue des Jeux olympiques? Comment vont se passer ces prochaines semaines avant le départ?
Après cette semaine très chargée, les prochains jours seront beaucoup plus tranquilles. Comme tous les chevaux, les nôtres vont passer du temps au pré et se détendre. Ensuite, nous reprendrons doucement l’entraînement, sans trop les pousser physiquement. Ils doivent rester en forme pour le long voyage qui les attend. La première semaine de juillet, ils prennent l’avion pour l’Allemagne, où ils resteront en quarantaine. Puis ils prendront un autre vol direction le Japon. Nous devons donc les maintenir en pleine forme pour qu’ils puissent supporter à la fois le voyage, et la compétition elle-même. Sur place, l’entraînement sera adapté selon les besoins de chacun, car certains chevaux ont besoin de travailler plus que d’autres. Mais tout cela se fait dans un seul et même objectif: qu’ils soient heureux et prennent du plaisir à faire ce qu’on leur demande.