Jessica von Bredow-Werndl illumine Tokyo de son talent, Alexandre Ayache répond présent pour la France
Le coup d’envoi des Jeux olympiques de Tokyo, reportés d’un an en raison des mesures décrétées pour endiguer la pandémie de Covid-19, et privés de public, a été donné ce matin à dix heures, heure française, pour les sports équestres. Comme il est de tradition en grand championnat, les dresseurs ont ouvert le bal. Trois groupes, composés de dix couples chacun avant le forfait de l’Autrichienne Victoria Max-Theurer, quelques heures avant la compétition, se sont succédé sous la lumière artificielle du stade de Tokyo. Une partie des favoris, dont fait partie l’Allemande Jessica von Bredow-Werndl, idéalement lancée pour décrocher plusieurs médailles, ou encore la Danoise Cathrine Dufour ont déroulé leurs reprises. Côté français, seul Alexandre Ayache a pris le départ de l’épreuve. Déçu par son score final, le Tricolore a pourtant rempli son contrat avec une reprise fluide, présentée aux rênes de Zo What. Retour sur les enseignements de cette première journée de compétition.
Il était 17 heures à Tokyo lorsque le Brésilien Joao Victor Marcari Oliva a lancé les hostilités pour les sports équestres aux Jeux olympiques d’été. S’il n’était pas le plus expérimenté de son groupe, le cavalier d’Escorial est tout de même sorti de piste avec 70,149%. Sans véritable surprise, Charlotte Fry, représentante britannique, a dominé la première rotation, avec Everdale. L’amazone a été créditée de la très bonne note de 77,096% par les sept juges présents. Pour signer cette performance, l’Anglaise a pu compter sur le travail au trot très expressif de son compagnon olympique. Accompagnée au Japon par Carl Hester, auteur de deux fautes assez franches avec En Vogue et crédité du score de 75,124%, Charlotte Fry sera aussi épaulée par l’ultra talentueuse Charlotte Dujardin, qui s'élancera demain, aux rênes de Gio.
Toujours dans le premier groupe, la Danoise Nanna Skodborg n’a pu espérer mieux qu’une note de 73,168%, après des erreurs commises aux rênes de Zack. En revanche, sa compatriote Cathrine Dufour, en quête d’une médaille avec son délicat Bohemian, a relevé son défi haut la main, faisant oublier l’incident survenu au CDIO 5* de Compiègne. Impeccable de bout en bout, la paire a décroché l’excellente moyenne de 81,056%, synonyme de première place dans le Groupe B et de qualification pour la Reprise Libre en Musique. Pour le Danemark, une concurrente devra encore faire ses preuves demain.
Alors que la Suède a perdu son pilier, Patrik Kittel, Therese Nilshagen a lancé idéalement son équipe dans la compétition. Avec Dante Weltino Old, la dresseuse a décroché la deuxième place du premier groupe, ainsi que la note de 75,140%. Mais la joie a été de courte durée pour le drapeau bleu à la croix jaune. Antonia Ramel et Brother de Jeu ont peiné sur le rectangle, se faisant sanctionner par une moyenne de 68,540%.
Auteur d’une reprise plaisante et appréciée à 78,649%, le Néerlandais Edward Gal a confirmé tous les espoirs fondés en son fils de Totilas, Glock’s Total US. À tout juste neuf ans, l’étalon noir a paru serein au milieu de l’arène, enchaînant sans peine toutes les difficultés. Vêtu de son frac orange, nouveauté pour les Pays-Bas, le dresseur n’aura pas brillé uniquement pour le choix de tenu extravagant opéré par son équipe ! Son compagnon, tant à la ville qu’à l’écurie, Hans Peter Minderhoud, placé dans le Groupe C par le tirage au sort, a continué le travail débuté par son compatriote. Aux rênes de Glock’s Dream Boy, le Oranje s’en est tiré avec une note de 76,817%. Pourtant, face à une concurrence très élevée, cela n’a pas suffi au pilote pour se qualifier directement pour la finale individuelle.
En effet, l’Américaine Sabine Schut-Kery, associée à Sanceo, a rappelé la grande forme des États-Unis et de leur redoutable trio. Deuxième avec une reprise appréciée à hauteur de 78,416%, l’amazone a été largement supplantée par la favorite du jour : Jessica von Bredow-Werndl.
Dernière à s’élancer en piste, l’Allemande avait la lourde tâche d’ouvrir le score pour la Mannschaft. Dans une forme impressionnante ces derniers mois, avec des performances qui ne cessent de s’améliorer, les championnes d’Allemagne en titre ont continué sur leur lancée exponentielle. Avec sa superbe TSF Dalera BB, la Germanique n’a montré aucune faiblesse, enchaînant les difficultés dans une harmonie remarquable. Finalement, l’ultime arrêt du couple, pas parfaitement carré pour quelques millimètres est sans doute le seul et infime reproche qui pourrait être fait. En plus d’une qualification pour la finale, le duo s’est offert un record personnel sur ce test. “Quel début génial ! Merci Dalera, tu es formidable”, s’est enthousiasmée l’Allemande sur ses réseaux sociaux, résumant parfaitement l’impression laissée en piste.
Alexandre Ayache remplit le contrat malgré une note en deçà de ses espérances
Côté Français, seul Alexandre Ayache était au départ aujourd’hui. Le réserviste des derniers Jeux olympiques de Rio avait sellé son Zo What. À dix-sept ans, l’alezan n’a pas commis de faute majeure et a enchaîné les mouvements sans difficulté. En début de reprise, le KWPN est apparu quelque peu tendu, reculant précipitamment après son arrêt le long de la lice. Malgré tout, le son pilote est parvenu à composer avec la chose, terminant sa reprise de belle manière. Affichant un grand sourire en sortie de piste, le Niçois a confié être déçu par sa note de 68,929%, très légèrement en dessous de ses prestations habituelles.
“Nous avons manqué de concours cette année. Et cela n’a pas aidé puisque Zo What avait été arrêté après sa blessure à Ornago. De fait, il est clair que les juges n’ont pas assez vu le cheval cette saison pour savoir ce qu’il est capable de faire et à quel moment il sait prendre les points”, a jugé Jan Bemelmans, sélectionneur national de l’équipe de France de dressage. “Le cheval a fait son job et a produit de belles figures à la moitié de la reprise comme le passage, le piaffer… mais les juges n’avaient pas de recul suffisant pour être plus généreux.” Et Emmanuelle Schramm, Directrice technique nationale (DTN) adjointe en charge du dressage d’ajouter : “On sait tous combien ce couple est capable de performer pour atteindre plus de 70%. Zo What était tendu au début de la reprise et il faut savoir que c’est un cheval très émotif, même si Alexandre a beaucoup travaillé sur ce point. Partis d’assez bas, ils sont tout de même parvenus à remonter en retrouvant rapidement leur aisance habituelle sur les principaux mouvements, jusqu’à atteindre pratiquement 69%. Même si nous partageons la déception d’Alexandre, cela fait partie du sport.”
Pour la DTN Sophie Dubourg, il ne s’agit pas d’une contre-performance. “On reste dans la course et on attend l’entrée en compétition des deux cavalières de l’équipe demain. Rien n’est perdu pour l’équipe de France. Il faut y croire jusqu’au bout”, assure-t-elle.
Les temps forts de dimanche
Demain, la dernière moitié des cavaliers dérouleront à leur tour leur Grand Prix. Parmi eux, deux Français seront au départ. Engagées respectivement dans le Groupe E et F, Morgan Barbançon Mestre, leader des Bleus et meilleur espoir pour une finale individuelle, et Maxime Collard auront le sort de leur équipe entre leurs mains. Avec Sir Donnerhall II Old et Cupido PB, les deux amazones tricolores s’élanceront respectivement à 12h48 et 13h57.
S’il faudra garder un œil sur les deux représentants américains, la star Charlotte Dujardin, tenante du titre avec Valegro, débutera sa reprise à 14h06 avec le jeune Gio. Isabell Werth arrivera peu de temps après, à 14h51. Cette dernière tentera de vaincre sa compatriote Jessica von Bredow-Werndl, en forme olympique. Côté allemand, Dorothée Schneider sera également à surveiller, avec son Showtime FRH.
Les deux meilleurs de chaque groupe, ainsi que les six meilleurs scores, seront qualifiés pour la finale individuelle. À l’issue de l’épreuve de demain, les huit premières équipes défendront leurs chances dans le Grand Prix Spécial. Pour l’heure, les Pays-Bas tiennent la corde, devant le Danemark, la Grande-Bretagne et la Suède. Toutefois, une partie des trios, dont celui des Allemands, ne compte le score que d’un seul couple. Tout reste donc à jouer.
Les résultats provisoires individuels ici.