Les Allemands font forte impression avant la finale par équipes, la France tout près d’une qualification
L’équipe allemande a continué à monter en puissance en se hissant au sommet du classement du Grand Prix de dressage aux Jeux olympiques de Tokyo aujourd’hui. Deux belles reprises, de Dorothee Schneider avec Showtime et de la légende vivante Isabell Werth avec Bella Rose 2, ont décroché la pole position à l’issue d’une épreuve qui a désigné les huit meilleures nations qui se retrouveront mardi pour le Grand Prix Spécial en musique, où toutes les équipes repartiront de zéro. Malheureusement, la France, neuvième à un cheveu de l’Espagne, n’en sera pas. Et Morgan Barbançon, pénalisée par plusieurs fautes en selle sur Sir Donnerhall II, n’a pas réussi à se qualifier pour le Libre de mercredi.
Après une journée de pause, mardi, les équipes d’Allemagne, de Grande-Bretagne, du Danemark, des États-Unis, des Pays-Bas, de Suède, du Portugal et d’Espagne se disputeront les trois médailles par équipes de dressage aux Jeux olympiques de Tokyo, l’occasion d’un Grand Prix Spécial qui se courra pour la première fois en musique. Aujourd’hui, en cette seconde journée de Grand Prix, la Danoise Carina Cassøe Krüth et l’Américaine Adrienne Lyle ont été les meilleures dans le groupe D, puis Dorothee Schneider a gagné le groupe E au terme d’un joli test. L’Allemande a déclaré que son cheval, sacré par équipes en 2016 à Rio mais de retour tardivement à haut niveau, était “un peu tendu, ce qui est normal pour lui le premier jour. Showtime a participé aux championnats d’Europe de 2019 puis il est resté à la maison parce que je voulais le garder en sécurité pour les Jeux olympiques de 2020, et puis il n’y a pas eu de Jeux en 2020! Je voulais reprendre la compétition début 2021 mais j’ai eu un accident en avril (elle s’était cassé la clavicule à la suite d’une chute lors d’une tragique remise de prix, ndlr). Quant à Showtime, c’est un cheval expérimenté auquel trois ou quatre concours suffisent pour être en forme. Tout va bien maintenant. Cela a pris un peu de temps pour revenir et ce n’était pas si facile mentalement, mais nous sommes de retour maintenant et je suis à nouveau heureuse.”
Quant à sa glorieuse compatriote, Isabell Werth, dernière à entrer en piste, elle a pris la tête du sixième groupe, presque sans forcer. Avec sa bien-aimée Bella Rose, qui a obtenu 82,5%, elle a fait mieux que la Britannique Charlotte Dujardin, double championne olympique individuelle en titre, en selle sur le charmant petit hongre alezan Gio (80,963%). Pour autant, les vice-championnes olympiques de Rio semblent avoir beaucoup plus en réserve pour les prochains jours. Et Dujardin, dont le règne avec le grand Valegro a fait grandement évolué le dressage ces dernières années, est clairement surexcitée par sa dernière étoile montante. “Je suis tellement heureuse. Gio est un cheval inexpérimenté, très vert, donc il y avait une part importante d’inconnu. Le CDI 4* de Hagen (en avril dernier en Allemagne, ndlr) était son plus grand concours jusqu’à aujourd’hui, et tout s’était bien passé. Je ne pouvais pas lui en demander davantage aujourd'hui, il est entré en piste et il m’a tout donné. Il est incroyable. Je me suis sentie émue dans le dernière ligne centrale parce que, que la victoire soit au rendez-vous ou pas, c’est cette sensation qui compte vraiment pour moi. Gio est comme une petite centrale électrique: il est petit mais puissant, qui plus est au point où il en est de sa formation. Je sais qu’il peut donner encore plus et cela me rend tellement contente de lui.”
“Il y aura de la musique, mais pas de public pour porter chevaux et cavaliers”, Isabell Werth
Werth apprécie clairement la rivalité renouvelée avec son homologue britannique. “C’est toujours très important d’avoir un solide peloton de compétiteurs car ensuite nous nous poussons les uns les autres vers de meilleures performances. C’est cela l’esprit de compétition”, a-t-elle souligné. Elle a décrit Bella Rose, dix-sept ans, comme “ma jument de rêve. Quand elle est en pleine forme, elle est la meilleure quant à sa façon de bouger, son caractère, son charisme et son piaffer/passage sur la ligne médiane. Bien sûr, Weihegold (son autre jument de tête, ndlr) est super, de même que mes plus jeunes chevaux, mais avec Bella j’ai le sentiment que quelque chose de plus est toujours possible!” Évoquant ces “Jeux pas comme les autres” à Tokyo, la cavalière la plus médaillée de l’histoire des JO a déclaré que le manque de public pouvait avoir une influence. “On le verra surtout lors des finales, en particulier la Reprise Libre en Musique. Il y aura de la musique mais pas de public pour porter chevaux et cavaliers. Cela fera une grande différence. Pour autant, nous sommes tellement heureux de pouvoir être ici et de pouvoir concourir à ces Jeux olympiques. Notre discipline dépend vraiment des Jeux, qui nous mettent plus que toute autre compétition au centre de l’attention des médias et du public, ce qui donne aux jeunes cavaliers restés à la maison la motivation et le soutien, donc c’est un gros enjeu, et nous sommes très reconnaissants d’être ici.” Si Isabell Werth remportait deux médailles d’or, elle deviendrait l’athlète allemande la plus décorée de tous les temps aux JO.
Les juges ont attribué la note maximale de 10 à quatorze reprises lors de la seconde moitié de ce Grand Prix. On en a compté treize pour Bella Rose et Isabelle Werth: sept pour piaffer, cinq pour le passage et la transition vers le piaffer et un pour l’arrêt. Un 10 a été attribué à Gio et Charlotte Dujardin pour les changements de pied aux deux temps.
La France en restera là
Hélas, on ne reverra plus aucun dresseur français sur le rectangle des Jeux olympiques de Tokyo. Les couples sélectionnés par Jan Bemelmans et encadrés par Emmanuelle Schramm-Rossi ont fini à la neuvième place du classement par équipes issu du Grand Prix, soit à la porte du Grand Prix Spécial en Musique, support de la finale par équipes. Ayant fini devant la Belgique, le Canada, le Comité olympique de Russie, l’Australie, le Japon et l’Autriche, qui ne comptait plus que deux paires après le forfait de Victoria Max-Theurer, Alexandre Ayache, Morgan Barbançon-Mestre et Maxime Collard, respectivement associés à Zo What, Sir Donnerhall II et Cupido PB, ont terminé à un cheveu, 34,5 points pour être précis, de l’Espagne, huitième et dernière nation qualifiée pour cette deuxième épreuve.
Morgan Barbançon Mestre a obtenu 70,543% avec son fidèle Sir Donnerhall II. La reprise du couple a été marquée par de beaux mouvements fort bien réalisés, mais aussi par quelques imprécisions et trois fautes, concédées au trot allongé, au pas allongé et lors d’un changement de pied au temps. Quatrième du groupe E, elle n’a pas pu prendre le wagon des six repêchées pour la Reprise Libre en Musique au mérite de leur moyenne. Quant à Maxime Collard et Cupido PB, la paire la moins expérimentée de la sélection tricolore, elles ont montré de belles promesses, mais pas assez de constance et de précision franchir la barre des 70%. Leur reprise a obtenu la note moyenne de 69,068%. On n’a guère vu qu’une faute aux changements de pied au temps, mais la cavalière a aussi montré des difficulté à maintenir le très énergique Cupido au piaffer, tandis que son passage avait fière allure.
Ce Grand Prix, disputé en deux jours, a également désigné les dix-huit cavaliers en lice pour les médailles individuelles, qui seront distribuées mercredi lors de la Reprise Libre en Musique. Ont obtenu leur ticket les deux meilleurs de chacun des six groupes de dix de cette épreuve: les Britanniques Charlotte Fry et Charlotte Dujardin, les Suédoises Therese Nilshagen et Juliette Ramel, les Danoises Cathrine Dufour et Carina Cassoe Kruth, le Néerlandais Edward Gal, les Allemandes Jessica von Bredow-Werndl, Dorothee Schneider et Isabell Werth, ainsi que les Américaines Sabine Schut-Kery et Adrienne Lyle. Sont également qualifiés les six meilleurs cavaliers suivants au classement général: la Danoise Nanna Skodborg Merrald, l’Espagnole Beatriz Ferrer-Salat, le Néerlandais Hans Peter Minderhoud, le Britannique Carl Hester, le Portugais Rodrigo Torres et l’Américain Steffen Peters. Le barre de qualification s’est établie à 72,096%, score obtenu par Beatriz Ferrer-Salat. Meilleure Française, Morgan Barbançon Mestre a obtenu 70,543%, soit à un peu plus d’un point et demi.
Les résultats
La réaction de Morgan Barbançon Mestre
La réaction de Maxime Collard
La réaction de Jan Bemelmans
La réaction d’Emmanuelle Schramm-Rossi
La réaction de Sophie Dubourg
Toutes les épreuves des trois disciplines équestres seront diffusées en direct et en rediffusion sur le site internet de France Télévisions. Certaines épreuves commentées seront également disponibles sur la chaîne télévisée et le site internet d’Eurosport.