“À Riesenbeck, j’espère que la roue tournera cette fois-ci en notre faveur”, Thierry Pomel

À un peu plus d'une semaine du coup d'envoi des championnats d'Europe de Riesenbeck, Thierry Pomel espère bien réjouir les supporters de l'équipe de France après la déception des Jeux olympiques de Tokyo, où les Bleus sont passés tout près de récupérer leur médaille d'or par équipes. Mesuré et prudent, le sélectionneur, qui dresse son bilan de l'aventure japonaise, aborde le rendez-vous européen avec des espoirs. Entretien.



Comment vous sentez-vous, un peu plus de deux semaines après les Jeux olympiques de Tokyo? Avec le recul, quel bilan en tirez-vous? 

Nous sommes bien rentrés! Nous avons évidemment accepté l’issue de ces JO, à laquelle personne ne peut rien changer. Nous avons cru en quelque chose car la compétition par équipes avait bien commencé, mais c’est la dure loi du sport. Et la dure loi de ce nouveau format olympique, qui peut engendrer de telles morts subites… Cela a été une immense déception pour les cavaliers et toutes leurs équipes, car tout le monde avait œuvré dans le même sens. Mais il faut que tout le monde se souvienne que les chevaux ne sont pas des machines. Vancouver (de Lanlore, la monture de Pénélope Leprevost, qui a refusé deux fois lors de la finale par équipes, ndlr) n’était pas heureux dans ce contexte. Depuis le début, il était assez gêné par les éclairages (les épreuves se déroulaient en nocturne, notamment pour éviter les pics de chaleur, ndlr) et l’aspect des obstacles. De toute manière, nous n’avions pas le choix car Urvoso (du Roch, l’alezan de Nicolas Delmotte, ndlr) ne pouvait hélas pas reprendre la compétition (après avoir souffert de coliques la veille de l’épreuve qualificative par équipes, ndlr). Quand Vancouver est rentré en piste, je n’avais toutefois pas pensé une seule seconde à ce scénario. Nous connaissons tous la régularité dont faisait preuve l’étalon (qui venait de terminer troisième d’un Grand Prix 5* à Grimaud, treizième à Saint-Gall, onzième à Rotterdam et quatrième à Chantilly, ndlr) et les qualités de cavalière de Pénélope (Leprevost, ndlr), qui se bat toujours énormément pour l’équipe de France. Hélas, ce genre de choses peuvent arriver en championnat... Toutefois, les couples ont montré de très belles choses et il ne faut pas l’oublier. 

Les championnats d’Europe se dérouleront la semaine prochaine, 2 au 5 septembre à Riesenbeck, en Allemagne. Comment abordez-vous cette nouvelle échéance? 

Ces championnats sont arrivés vite et nous sommes déjà plongés dedans! Je fonde des espoirs et j’espère que nous aurons l’occasion d’accomplir quelque chose. Nous avons une bonne équipe. Je ne dirais pas qu’elle est solide et infaillible, mais nous comptons des couples (dans l’ordre alphabétique Mathieu Billot et Quel Filou 13, Grégory Cottard et Bibici, Pénélope Leprevost et Excalibur de la Tour Vidal, Olivier Robert et Vivaldi des Meneaux, et Kevin Staut et Visconti du Telman, ndlr) qui ont réalisé de très belles prestations ces derniers mois. En tout cas, j’espère que la roue tournera cette fois-ci en notre faveur.

Dans la mesure où le rendez-vous phare de l’année était les Jeux olympiques, quels objectifs vous êtes-vous fixé ces Européens? 

À Tokyo, l’objectif était une médaille et nous l’avons entre-aperçue. On voit bien que tout peut basculer et que le sport ne tient pas à grand-chose. J’espère évidemment que nous ferons quelque chose. Je reste prudent et mesuré dans mes propos car se fixer des objectifs avec des chevaux est toujours délicat. Je m’attends à tout et je ne pars pas optimiste. Je reste calme, mais l’objectif est bien évidemment une médaille.



“Perdre un élément aussi important et prometteur que Berlux à trois ans des Jeux olympiques de Paris est regrettable”

Comment avez-vous établi la préparation des couples sélectionnés, étant entendu que ces championnats se dérouleront cette fois-ci sur herbe? 

Tous les chevaux ont déjà sauté sur herbe et s’y sont bien comportés, donc nous ne devrions pas connaître de surprise. Nous avons pu tester Vivaldi des Meneaux au CSI 5* de Madrid et au CSIO 5* de La Baule, GFE Excalibur de la Tour Vidal aux CSIO 5* de Rome et La Baule, Bibici au CSIO 5* de Rome et au CSI 5* de Dinard, Visconti du Telman aux CSIO 5* de Madrid et de Rome, de même que pour Quel Filou 13. En plus, le terrain de Riesenbeck est normalement de haute qualité donc nous ne devrions pas avoir de problème. 

Vos cavaliers ont-ils défini des objectifs individuels? S’il s’agira du premier grand championnat pour quatre des cinq chevaux, ils semblent avoir des chances de réussite. 

Avant tout, à cette heure-ci, je ne veux pas annoncer de réserviste. J’attends de passer les prochaines étapes car il reste encore nos deux jours de préparation, le trajet, la visite vétérinaire et la warm-up. Il y a toujours un couple ou deux qui pourront sortir du lot et espérer bien figurer au classement individuel. En tout cas, ils en sont tous capables, qu’il s’agisse de GFE Excalibur de la Tour Vidal, qui a montré de très bonnes choses, de Vivaldi des Meneaux, qui a signé d’excellents résultats dernièrement, de Quel Filou, qui est vraiment dans le coup, de Bibici, qui est très en forme et bien revenue après un bête incident au CSIO 5* de Rotterdam (où Grégory Cottard a chuté dans le Grand Prix après un excellent début de parcours, ndlr), ou de Visconti du Telman, qui reste celle ayant le moins d’expérience mais qui pourra compter sur celle de Kevin. 

La vente du génial Berlux Z, qui a fait sensation avec Simon Delestre à Tokyo et que tout le monde imaginait déjà à Paris 2024, a été officialisée la semaine dernière. Comment avez-vous réagi à cette annonce? 

À un moment donné, nous ne pouvons pas lutter contre le commerce. Je suis le premier à être attristé par cette vente, parce que perdre un élément aussi important et prometteur à trois ans des Jeux olympiques de Paris est regrettable, mais nous ne pouvons rien n’y faire. La France est un pays vendeur de chevaux car nous avons d’excellents cavaliers, qui préparent et forment des athlètes pour le haut niveau, donc il y a une forme de logique. Nos cavaliers sont des chefs d’entreprise, qui ont des affaires à faire tourner, de même que les propriétaires, qui investissent dans ce sport. De toute manière, d’ici les deux années restantes avant Paris 2024, les enchères vont continuer à monter. Depuis quelque temps, nous manquons tous de chevaux de très haut niveau, donc il y a forcément beaucoup de sollicitations. La preuve en est, Berlux était réputé pour ne pas être à vendre… Hélas, c’est la loi de l’offre et de la demande! Début octobre, il y aura également la finale des Coupe des nations à Barcelone, en Espagne. 

Quelle sera votre stratégie en termes de composition d’équipe?

Je préfère attendre d’avoir passé les deux étapes qui sont les Jeux olympiques et les championnats d’Europe. Barcelone sera notre dernier objectif de la saison. L’objectif est de bien y figurer. Le niveau y sera élevé, les parcours gros et exigeants, et c’est une finale mondiale, où il y aura les meilleures équipes de la planète. Nous disposons d’un certain nombre de couples susceptibles d’y participer, donc nous verrons lesquels seront les plus en forme.