"Je n’envisage plus du tout les choses de la même manière qu’il y a quatre ans", Marie Emilie Bretenoux
Quatre ans après avoir participé aux championnats d’Europe Longines de dressage à Göteborg, Marie Emilie Bretenoux a été sélectionnée pour intégrer l’équipe de France qui se rendra à Hagen, du sept au douze septembre, pour y disputer l’édition 2021 de cette échéance continentale. Avec la joie de vivre qui la caractérise, la cavalière est revenue sur ses récentes performances avec son fidèle Quartz of Jazz et le programme que celui-ci a suivi, mais aussi sur ses espoirs pour l’avenir.
Au début du mois de septembre, vous participerez avec l’équipe de France aux championnats d’Europe de dressage à Hagen, en Allemagne. Comment avez-vous réagi à l’annonce de votre sélection pour cet événement ?
Je suis très heureuse de pouvoir participer une deuxième fois aux championnats d’Europe, qui font partie des grandes échéances dans notre sport. Même si cette année il y a déjà eu les Jeux olympiques, c’est génial d’y prendre part, d’autant que mon cheval (Quartz of Jazz, ndlr) a dix-sept ans. Cette année, mon objectif était d’intégrer la longue liste de l’équipe de France pour Tokyo, et aussi pour Hagen. Comme cela n’a pas été le cas pour les Jeux olympiques, il fallait que je me donne les moyens d’aller aux championnats d’Europe. C’est pour cela que j’ai décidé, avant le concours du Crozet (qui s’est déroulé du 20 au 22 août, ndlr), de partir en vacances avec Quartz dans une écurie proche d’Arcachon, en Gironde. En plus de la possible qualification pour Hagen qui se jouerait là-bas, je savais que le Crozet était un joli concours avec une super organisation, qui ne nous a d’ailleurs pas déçus! Enfin, j’ai fait de mon mieux lors de ce concours, comme toujours, et cela a fonctionné, tant mieux !
Quel programme avez-vous suivi avec votre cheval lors de ce séjour en Gironde ?
J’avais donné quelques semaines de repos à Quartz après les échéances auxquelles il a participé cette année, et nous avons pu profiter des belles forêts du bassin d’Arcachon pour le remettre en route ! Je suis convaincue qu’il est très important que nos chevaux de haut niveau gardent le moral en permanence, et très intéressant pour ce faire de les sortir de leurs routines de travail.
Vous étiez déjà de l’aventure des championnats d’Europe Longines en 2017 à Göteborg. Pensez-vous que cette expérience va vous être bénéfique pour réussir le meilleur résultat possible à Hagen ?
Tout à fait, car je n’envisage plus du tout les choses de la même manière qu’il y a quatre ans. À Göteborg, j’avais l’impression d’être aux Jeux olympiques tellement j’étais heureuse ! J’étais presque trop enthousiaste à l’idée d’être aux championnats d’Europe, alors que là je suis bien plus calme, ça n’a rien à voir. Je le prends vraiment comme une compétition classique, sans doute aussi car j’ai pris part à des étapes de la Coupe du monde depuis, ce qui m’a permis de concourir contre les plus grands noms de notre discipline dans des endroits mythiques comme le hall de l’Olympia (à Londres, ndlr). En plus, ces championnats d’Europe se dérouleront à Hagen, un endroit que je connais, donc j’y vais comme si je me rendais au concours qui y est organisé d’habitude, avec l’objectif supplémentaire de représenter la France du mieux possible, ce qui me tient fortement à cœur!
“Les juges savent que ce que je propose dans ma reprise libre est difficile”
Au CDI 4* du Crozet, vous avez obtenu plus de 74 % dans la Libre, ce qui ne vous était plus arrivé en compétition internationale depuis la fin de l’année 2018. Quel est votre sentiment après cette performance ?
Cela fait partie de mes meilleurs résultats sur la Libre, je suis donc contente d’avoir eu cette note-là. Je présente cette reprise depuis un moment et je voudrais bien la changer, mais finalement, je pense que c’est une bonne chose de ne pas l’avoir fait ces derniers temps, parce que les juges la connaissent étant donné que j’ai disputé des étapes de la Coupe du monde sur ce texte. Lors de certains de ces concours, le degré de difficulté de notre présentation (une note coefficient quatre dans le Grand Prix Libre, ndlr) est calculé informatiquement, donc ma présentation a été créée de telle sorte que j’obtienne un 9,6 sur ce poste-là si je réussis à passer toutes mes difficultés. De ce fait, comme les juges m’ont évaluée sur cette reprise en Coupe du monde, ils savent que ce que je propose est difficile, donc si je ne commets pas d’erreur dans mon enchaînement, j’ai forcément une bonne note en artistique, même si je peux perdre des points après sur la partie technique.
Quels progrès avez-vous réalisé avec Quartz of Jazz ces dernières saisons ?
Je ne sais pas trop … Peut-être que nous nous faisons davantage confiance mutuellement. Je me fais toujours plaisir quand je le monte, les sensations que j’ai quand je suis sur Quartz sont vraiment incroyables. Je me souviens d’un stage fédéral que nous avions fait au Mans dans le cadre de la préparation aux Jeux équestres mondiaux de Tryon, en 2018, où Jan Bemelmans, le sélectionneur national, m’avait dit avoir ressenti la même chose après l’avoir monté! Globalement, le cheval sait tout faire correctement, mais nous avons gagné en sérénité.
Vous avez travaillé durant un temps avec Norbert Van Laak puis Marina Caplain Saint André. Ce n’est plus le cas aujourd’hui ?
Nous nous sommes un peu perdus de vue avec Norbert et Marina a été en soins pendant un temps car elle a été malade, donc j’ai dû travailler seule par la force des choses. J’avais mis un gros coup de collier dans mon travail en compagnie de Norbert après les Jeux olympiques de Rio de Janeiro, car j’avais été nommée deuxième réserviste pour cette échéance. Juste après ça, je me suis dit que je ne pouvais pas laisser passer ma chance une deuxième fois, et j’ai donc énormément travaillé pour aller aux championnats d’Europe en 2017. Après, pour plusieurs raisons dont la distance avec sa structure en Allemagne, j’ai voulu me diriger vers quelque chose de plus simple et je me suis donc tournée vers Marina Caplain Saint André. Avec elle, nous avions mis en place un encadrement beaucoup plus ponctuel. Nous nous voyions un peu avant les concours, pour que je sois sûre que tout aille bien et aussi car j’avais besoin d’être rassurée. Maintenant, cela fait quelque temps que je me débrouille seule et cela ne fonctionne pas si mal. Ce n’est pas que nous n’avons besoin de personne, loin de là, mais se faire encadrer génère beaucoup de frais et notre discipline est peu rémunératrice.
“Mon rêve serait d’emmener mon nouveau cheval jusqu’au Grand Prix”
Vous êtes revenue il y a quelques mois en région parisienne après avoir passé plusieurs années près d’Orléans. Qu’est-ce qui qui a motivé ce déménagement ?
Je suis revenue en Île-de-France car nous avions le projet d’ouvrir une écurie à proximité d’Orléans, où nous possédions une maison avec dix hectares de terrain, mais celui-ci n’était pas constructible. Il y avait énormément d’eau sur nos terres et l’étude de sol a été catégorique, donc nous n’avons pas gardé la propriété. Maintenant, nous cherchons des solutions et nous réfléchissons à l’avenir. Depuis que j’ai eu un enfant, et Quartz, qui est arrivé presque en même temps, je suis beaucoup axée sur mon fils et sur le sport, mais j’aimerais désormais pouvoir développer beaucoup plus ma clientèle, soit en étant cavalière dans une écurie, soit en étant propriétaire. En ce moment, je donne également beaucoup de cours en visio, ce qui est assez révolutionnaire!
Où logez-vous vos chevaux à l’heure actuelle ?
Mes parents ont trois hectares de terrain et de très jolis boxes dans de vieux bâtiments, où les chevaux sont très bien. Nous sommes au pied d’un golf, donc j’ai des chemins de balade autour du terrain, et sinon je prends mon camion et en dix minutes, je suis sur les pistes de Chantilly! L’été, elles sont hersées et arrosées, et Quartz adore y aller pour galoper, se défouler. Cela fait du bien à mon autre cheval aussi. J’ai également un ami, Lionel Gonzalez, qui m’accueille à bras ouverts pour que je puisse m’entraîner dans ses carrières quand j’ai besoin d’un rectangle à proprement parler.
Quartz of Jazz a maintenant dix-sept ans, comment envisagez-vous votre avenir sportif ?
Je mise beaucoup sur mon autre cheval, San Giovanni (OLD, Sezuan x Welt Hit II), qui a sept ans, mais le chemin est extrêmement long. En plus, il est très grand et tardif. Il a encore pris cinq centimètres l’année passée et mesure désormais 1,80m! Mon rêve serait de l’emmener jusqu’au Grand Prix car il a beaucoup de qualité dans tous les mouvements et je crois énormément en lui. J’ai toujours réussi à faire évoluer mes chevaux jusqu’à ce niveau, donc j’espère qu’il en sera de même avec lui!