“J’ai dû imaginer une bonne vingtaine de parcours pour en arriver à ce résultat”, Santiago Varela

Outre les cavaliers et chevaux, s’il est un acteur de la finale de la Coupe du monde Longines de Göteborg qui réalise un sans-faute jusqu’alors, c’est bien Santiago Varela. Le chef de piste espagnol a en effet imaginé deux premiers parcours qui ont offert au public un scénario passionnant. Pour sa quatrième finale du circuit hivernal, – après celles de Paris l’an passé, de Göteborg en 2016, et d'Omaha en tant que délégué technique en 2017 – et à la veille de l'utilme épreuve en deux manches, le sympathique quinquagénaire, membre du comité de jumping de la Fédération équestre internationale, a répondu à quelques questions de GRANDPRIX. 



Le parcours de Chasse de la finale de Coupe du monde Longines de Göteborg.

Le parcours de Chasse de la finale de Coupe du monde Longines de Göteborg.

Qu’avez-vous pensé du déroulé des deux premiers actes de la finale de la Coupe du monde Longines de Göteborg?
Je pense que nous avons assisté à deux belles épreuves. Les chevaux ont très bien sauté, de façon régulière. Je crois que cela a été intéressant à suivre. Les couples qui tiennent la tête de la compétition semblent très affutés donc je pense que la compétition sera encore passionnante demain!
 
Comment aviez-vous imaginé le parcours de la Chasse? 
Tout d’abord, il faut bien souligner qu’il ne s’agit pas réellement d’une Chasse, comme c’était le cas par le passé. Le règlement est clair là-dessus, il s’agit en réalité d’une épreuve de type barème A qui se court au barème C. Concernant le parcours en lui-même, il y avait une option importante pour aborder le triple. Passer devant le n°1 pour franchir la palanque n°11 n’était clairement pas une option, je ne sais pas pourquoi Beat Mändli a tenté cela (le Suisse a été éliminé, ndlr). Avec un tel virage, il était ensuite impossible d'aborder en cinq foulées le double n°12. 
 
Avez-vous pris en compte le fait qu’il n’y ait que trente-trois partants?
Normalement, il y a en effet plutôt entre trente-huit et quarante partants. Pour autant, les trente-trois engagés sont de très bons cavaliers, avec de l’expérience, donc cela n'a rien changé à mon travail.
 


“Maintenir le suspense jusqu'au dernier moment”


Vos deux parcours pour demain sont-ils fin prêts? Avec quel esprit les avez-vous imaginés?
Oui, je les ai d’ailleurs dans les mains (rires)! Il y aura donc bien vingt-cinq obstacles et trente et un efforts en tout. Comme toujours, je veux que les chevaux sautent bien. Comme le stipule le règlement, le degré de difficulté des deux manches doit être similaire. Il faut maintenir le suspense jusqu’au dernier moment donc je tente de designer les tours dans ce sens. Il ne s’agira pas d’un Grand Prix - il y aura quasiment autant d’obstacles sur les deux parcours: treize dont un triple et un double en première manche, puis douze dont un triple et un double dans la seconde. En cas de barrage, sept obstacles seront encore à franchir. 
 
Depuis quand travaillez-vous sur l’élaboration des parcours de cette finale, et combien en avez-vous imaginé pour obtenir la version final?
J’ai commencé à travailler sur ces parcours en novembre, puis j’ai changé plusieurs fois d’avis. J’ai notamment tout refait en janvier, puis j’ai encore effectué des modifications la semaine dernière. J’espère que je me rapproche de la version définitive pour demain (rires)! J’ai dû imaginer une bonne vingtaine de parcours pour en arriver à ce résultat. 
 
Dans quelle mesure devez-vous vous adapter à cette piste ovale et à l’ambiance du Scandinavium?
Cette piste est très spéciale! Elle est ovale, ce qui la rend complètement différente de ce à quoi nous sommes habitués lors des autres concours indoor. Je dois donc prendre en compte qu’elle n’est pas rectangulaire, et qu’il n’y a donc pas de diagonales. Elles sont en tout cas trop petites pour pouvoir placer les mêmes lignes que sur une piste traditionnelle. En revanche, on peut positionner des obstacles d’une façon complètement différente de ce à quoi nous sommes habitués. Par exemple, on peut en disposer dans l’arrondi de la piste et ils se sautent très bien. Cela remodèle complètement le parcours. Par exemple, je n’aurais jamais pu positionner l’obstacle n°5 comme je l’ai fait hier sur une autre piste. D’ailleurs, c’était un gros oxer à 1,60m. Construire des parcours ici est donc vraiment inédit, d’autant que l’ambiance dans le Scandinavium est très spectaculaire. Cela rend la compétition magique et c’est un véritable honneur pour moi d’être le chef de piste de cette finale.
 


“J’étais le chef de piste du premier championnat national qu’Eduardo a remporté”


Aviez-vous l’habitude de travailler sur cette piste?
J’avais déjà travaillé ici en 2015 et 2016. Cette année, c’est plus simple pour moi car la toute première fois que je suis venu, le premier jour, je me suis demandé bien où j’allais mettre les obstacles (rires). Sans obstacles, cette piste ne m’avait pas donné l’impression d’être petite, mais une fois que j’avais placé les trois premiers obstacles, j’avais l’impression qu’elle était déjà pleine ! J’ai donc dû m’adapter et m’améliorer. 
 
Ils seront donc vingt-cinq au départ de la première manche puis vingt dans la seconde demain. Quel serait pour vous le scénario idéal?
Il n’y a pas vraiment de scénario idéal, si ce n’est que tous les chevaux sautent bien. L’avantage avec notre sport, c’est qu’il y a toujours un vainqueur. Le plus important pour moi est que les choses se déroulent bien. À mon avis, beaucoup de cavaliers ont leur chance car les scores sont très serrés. Je pense que celui qui gagnera aura fait un sacré bon travail car les parcours seront difficiles, au niveau d’une finale en définitive!

Votre compatriote Eduardo Álvarez Aznar est en tête du championnat. Espérez-vous le voir triompher?
La tâche ne sera pas aisée. Il faut toujours un peu de chance pour s’imposer et tous les cavaliers en haut du classement ont beaucoup d’expérience. C’est évidemment le cas pour Eduardo, qui avait réussi une très bonne finale l’an passé à Paris, où il avait terminé quatrième. Il n’y a pas de hasard, s’il a obtenu un tel résultat en 2018 et qu’il est en tête du classement général à ce jour, cela veut dire quelque chose. Son cheval (Rokfeller de Pleville, ndlr) est bon, lui est très professionnel. Ils auront simplement besoin d’un petit coup de pouce du destin. Si l’on regarde le résultat de l’épreuve d’hier, seuls trois centièmes ont séparé Eduardo de la victoire (l’épreuve a été remportée par le Suédois Peder Fredricson sur Catch Me Not S, ndlr), ce qui ne représente rien du tout! Bien sûr, je connais bien Eduardo depuis plus de trente ans. J’étais même le chef de piste du premier championnat national qu’il a remporté à poney!