Si les habitants des pays du Nord ont parfois la réputation d’être froids, cela n’a pas été évident ce soir. À Göteborg, le public venu en nombre a en effet transformé le Scandinavium en chaudron lors du deuxième acte de la finale de Coupe du monde Longines. Il faut dire que l’épreuve imaginée par l’Espagnol Santiago Varela a été véritablement passionnante, et que pour couronner le tout, un local s’est imposé au terme d’un barrage à huit. Le champion d’Europe Peder Fredricson a en effet été le meilleur ce soir, menant son Catch Me Not S de main de maitre vers le double zéro le plus rapide. Déçu de sa prestation dans la Chasse hier, le champion d’Europe en titre et vice-champion olympique a eu de quoi se consoler, puisque grâce à sa victoire du jour, il remonte de la onzième place à la deuxième au classement général, avec un petit seul petit point au compteur.
 
Indiscutable vainqueur de la Chasse hier, Steve Guerdat a perdu le leadership provisoire en raison d’une faute sur l’oxer n°9 de la première manche. Avec Alamo, le Suisse prendra le départ de la finale en deux manches de dimanche avec deux points et à la troisième place. La tête du classement général n’est donc plus aux mains d’un Suisse, puisqu’elle a filé du côté de l’Espagne. Sixième de la Chasse, Eduardo Álvarez Aznar a en effet réalisé une superbe opération ce soir en prenant les rênes de la compétition grâce à sa deuxième place du jour. Sur son métronome Rokfeller de Pleville, le trentenaire installé à une demi-heure de Madrid et entrainé par Thomas Fuchs a réalisé un premier parcours brillant, avant de jouer placé au barrage. Une stratégie payante qui a évidemment fait son bonheur : “Honnêtement, je n’en espérais pas tant ! Je voulais évidemment bien faire car mon cheval a bien sauté toute la saison. Aujourd’hui il a été fantastique, et j’ai pu suivre mon plan au barrage. Je ne voulais rester prudent afin d’être bien classé avant dimanche. Cela a fonctionné et je ne pourrais pas être plus heureux !” Quatrième de la finale parisienne en avril dernier, l’Espagnol pourrait bien enfoncer le clou cette année… Il n’aura toutefois pas le droit à l’erreur, sa marge de manœuvre étant infime tant les écarts sont serrés. 

Pieter Devos passe du rêve au cauchemar

Dixièmes après la Chasse, Beezie Madden et Breitling LS semblent résolument fâchés avec les derniers obstacles. Après avoir déjà fait chuter l’ultime oxer hier, le duo tenant du titre a réitéré ce soir lors du barrage. L’Américaine a eu de quoi être déçue car elle avait réussi un parcours sublime, plus rapide que Peder Fredricson de plus de trois secondes. Cinquième aujourd’hui, elle est toutefois remontée au pied du podium provisoire du championnat. Avec trois points au compteur, elle est pour l’heure ex-æquo avec trois autres pilotes ! Il y a d’abord Niels Bruynseels, fautif à une reprise au barrage aujourd’hui avec son très surprenant Delux van T&L, un excellent fils de Toulon âgé de dix ans pour lequel le tour initial a été une formalité.

Martin Fuchs et Olivier Philippaerts cumulent eux aussi trois points, même s’ils n’ont pu réussir un premier parcours parfait ce soir. Sur Clooney 51, le premier a en effet laissé à terre la deuxième barre de l’oxer n°7. Une erreur infime pour le couple vice-champion du monde. De son côté, le Belge et son énergique grise ont fait une énorme faute sur le mur placé en n°12. La jument de treize ans a en effet semblé partir sur la main de son cavalier et a littéralement traversé le mur, parvenant tout de même à conclure son parcours avec cette seule faute. S’ils ont semblé intouchables hier soir, les Diables Rouges n’ont pas été à pareille fête lors de ce deuxième acte. 

Également très bien parti avec Casanova de l’Herse hier, François Mathy Jr. avait décidé comme trois autres cavaliers de changer de monture aujourd’hui. Sur le surpuissant Uno de la Roque, l’immense belge n’a pu éviter la première barre de l’avant-dernier oxer de tomber. Il a ainsi troqué sa quatrième place au classement du championnat contre la neuvième. Une déception relative lorsque l’on compare sa prestation à celle de son compatriote Pieter Devos. Ce dernier a vécu une soirée cauchemardesque, puisqu’après sa deuxième place à l’issue de la Chasse, il a tout bonnement été éliminé aujourd’hui. Pourtant bien lancé sur le parcours, Apart n’est pas parvenu à prendre son appel pour franchir la spa d’entrée du triple n°10, dans laquelle il s’est spectaculairement écrasé. Le pilote a bien tenté une deuxième fois de lui faire franchir la combinaison, mais le résultat a été le même. La dure loi du sport… 
S’il y en a un autre qui a tout perdu ou presque aujourd’hui, c’est Christian Ahlmann. En embuscade à la septième place après la Chasse, l’ancien numéro un mondial a aujourd’hui laissé trois barres à terre sur Clintrexo Z, visiblement encore tendre pour une telle échéance du haut de ses dix ans. Considéré pour beaucoup comme l’un des favoris, Daniel Deusser s’est fait piéger sur l’entrée du très délicat double de palanque n°8 avec Tobago Z. Provisoirement dixième, il est à six point de la tête du championnat, ex-æquo avec l’Autrichien Max Kühner, troisième ce soir sur l’exceptionnel Chardonnay 79. Autre cavalier de l’écurie Stephex, Lorenzo de Luca a quant à lui abandonné après plusieurs fautes d’Ensor de Litrange LXII, visiblement vraiment sur la retenue. 

Le barrage d'Olivier Robert lui laisse un goût amer

Troisièmes des deux dernières finales du circuit et récents vainqueurs du difficile Grand Prix CSI 5* de Bois-le-Duc, Henrik von Eckermann et Tovek’s Mary Lou n’ont pas retrouvé le même liant dans le Scandinavium. Pourtant à domicile, ils sont apparus moins sereins qu’à l’accoutumée en accusant une faute sur la sortie du triple, qui les a rétrogradés au quatorzième rang du championnat. Pour sa toute première finale, leur compatriote Irma Karlsson aurait de toute évidence souhaité une autre issue. Exemplaire jusqu’alors, sa bondissante Ida van de Bisschop a en effet violemment refusé le double n°8 à deux reprises, entrainant leur élimination. 

Du côté des bonnes surprises, soulignons la superbe quatrième place du polonais Jaroslaw Skrzyczynski et de sa fille de Chacco Blue, Chacclana. Troisièmes du Grand Prix CSIO 5* de Sopot l’an passé, tous deux ont remporté trois Coupes du monde Longines en Europe de l’Est cet hiver. La concurrence et le niveau des épreuves y étant moins relevé, on aisément peut dire que leur huitième rang provisoire est un petit exploit ! 
 
Du côté des Bleus, on ne pourra que louer le parcours initial d’Olivier Robert et Tempo de Paban, qui ont littéralement survolé leur parcours avec une maitrise totale. Malheureusement, le barrage laisse un goût amer à l’Aquitain qui n’a pu franchir l’ultime oxer sans faute. “Je n’ai peut-être pas suffisamment appuyé la distance”, a-t-il regretté en fin de course. Septième de l’épreuve, il remonte toutefois à la douzième place du classement général, à sept points de la tête. 
Pour Kevin Staut, le podium qu’il espérait tant semble désormais bien loin. Sur Edesa’s Cannary, le numéro un français a aujourd’hui accusé trois fautes sur les n°4, 7 et 8A. S’il devrait tout de même être au départ de la finale dimanche, le champion olympique n’a pu cacher sa déception à l’issue de l’épreuve… 
 
Demain, cavaliers et chevaux auront droit à un peu de répit avant que les vingt-huit meilleurs ne s'élancent dans une première manche dimanche. La deuxième sera réservée aux vingt premiers du championnat. “Vingt-cinq obstacles et trente-et-un efforts les attendent”, a souligné le chef de piste Santiago Varela. La route est encore longue... 

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