“Les Jeux de Paris 2024 sont clairement un objectif pour nous”, Vladimir Vinchon

Vladimir Vinchon et Fidertanz For Rosi ont remporté les Championnats de France Amateur Élite de para-dressage en Grade IV, organisés au Pôle Hippique de Saint-Lô, en parallèle du Grand National FFE/AC-Print de dressage. Au terme de trois jours d’épreuves et autant de reprises notées au-dessus de 70% - 71,333% dans la préparatoire, 73,130% dans l’individuelle puis 76,017% dans le Freestyle -, les deux complices sont montés sur la plus haut marche du podium. Deux semaines plus tôt, le couple avait déjà été sacré champion de France Amateur 2, chez les valides.



Quel bilan tirez-vous de votre participation aux championnats de France de para-dressage ? 

Mon bilan est très positif. Je souhaitais valider nos acquis et pourquoi pas augmenter les notes que j’avais obtenues lors des Jeux paralympiques de Tokyo. Les championnats étaient un bon moyen pour nous de savoir si nous étions sur le bon chemin. D’après les résultats, la progression est palpable ! Mes notes ont augmenté de deux points par rapport aux Jeux et ce avec deux juges 5* en cabine. Cela a confirmé que la voie que nous avons empruntée est bien la bonne. Les notes sont le reflet de l’évolution constance de Fidertanz, un jeune cheval de huit ans qui s’installe gentiment dans ses allures. En ce qui concerne son point faible au galop, plus précisément le fait qu’il se contracte, nous travaillerons dessus cet hiver.

Pouvez-vous nous présenter votre fidèle Fidertanz For Rosi (Old, Fidertanz x Depardieu), qui vous a offert la médaille d’or ?

Fidertanz est un cheval que j’ai acheté il y a trois ans en Allemagne, lorsqu’il avait six ans. À son arrivée, je l’ai confié trois moi à Pauline Guillem, cavalière au haras de Malleret, afin de m’avancer dans son travail. Ensemble, ils ont participé à plusieurs concours qu’ils ont brillamment remportés. En septembre 2019, ils ont accédé à la finale des Jeunes chevaux de Saumur et fini troisièmes. Je l’ai récupéré mi-septembre 2019 et nous avons commencé par les championnats de France de para-dressage où nous avons terminé troisièmes. C’était très intéressant car c’est un cheval que je découvrais. Ce grand cheval (1,76m en avril, ndlr) est en constante évolution. Je pense, et j’espère, qu’il a fini de grandir. (rires) Fidertanz a une tête exceptionnelle et je pèse mes mots. En outre, il est d’une gentillesse incontestable à pied comme à cheval. Il peut avoir tendance à se contracter intérieurement mais cela est dû à son manque d’expérience. Il intériorise beaucoup mais son mental fait la différence car il cherche toujours à bien faire et apprend avec facilité. Nous l’avions acquis avec l’idée de l’emmener à Paris en 2024 et aujourd’hui il nous confirme que nous avons fait le bon choix, tant pour le cheval que pour l’objectif. 

Les championnats de France de para-dressage arrivent seulement trois mois après les Jeux olympiques, ce qui a poussé certains cavaliers à ne pas y participer. Quelle fut l’ambiance ?

J’ai pas mal été coupé de l’ambiance car j’étais dans un barns au sein de l’écurie. Charlotte (Chalvignac, championne de France Pro Élite en 2019 et médaillé d’argent cette année, ndlr) avait six chevaux et moi deux, un pour le circuit valide l’autre pour le circuit handisport. Comme le grooming et le coaching se passent au sein de l’écurie j’avais demandé à être regroupé dans le même barns mais cela n’a pas été possible. Alors, de facto, j’étais un peu à l’écart. Cela ne m’a évidemment pas empêché de retrouver mes coéquipières et coéquipiers sur les terrains et en dehors. J’avais également loué un gite à l’extérieur du site donc chacun rentrait dans ses murs le soir. Il n’est donc pas très aisé de jauger l’ambiance mais pour moi elle était plutôt bonne. Il y avait quand même deux cavaliers de Tokyo sur les quatre en plus des autres cavaliers présents. Je dirai qu’il y avait malgré tout pas mal de monde. Pour ma part, j’ai participé et remporté les championnats de France Amateur 2 du Mans juste avant et il y avait d’autres cavaliers de para-dressage de mon grade qui ne sont pas venus à Saint Lô. Je ne sais donc pas vraiment ce qui a motivé les uns et les autres dans le choix de leur participation. L’un des temps forts de ces championnats a été la réunion avec la Fédération française d’équitation au sujet de l’organisation à venir de notre discipline. Elle a eu lieu sur place et s’est très bien déroulée. La Fédération progresse encore dans l’intégration du para-dressage et propose d’excellentes idées, doublées un très bon accompagnement. La réunion avec les cadres fait partie de ces choses positives et importantes à retenir. 



“Évoluer sur le circuit valide représente un très bon exercice pour nous tirer vers le haut”

Quels sont vos objectifs sur le court, moyen et long terme ? 

À court terme, j’aimerais que nos résultats se maintiennent à au moins 72% pour les confirmer sur chacune de nos épreuves internationales. J’aimerais également revenir avec une médaille des championnats du monde de Herning, en août prochain, peu importe la couleur. Il faut savoir ne pas être trop gourmand. La progression de mon cheval est un objectif de tous les jours, à la maison bien sûr mais aussi et surtout sur les rectangles. Mon objectif à plus long terme est bien évidement Paris !  

Comment gérez-vous la préparation et l’entraînement de votre cheval ? En montez-vous un autre en parallèle ? 

Nous sommes deux à monter les chevaux aux écuries de Charlotte Chavignac, Thomas Martin et moi-même. Thomas est arrivé au mois de septembre, après les Jeux. Il monte Fidertanz deux fois par semaine. La préparation du cheval est simple. Je travaille quasiment quotidiennement à renforcer ma technique et l’osmose avec mon partenaire, même s’il n’est vraiment pas compliqué de s’entendre avec lui. Il possède une grosse locomotion et est très fort. Pour l’instant, il n’est pas très confortable. Cette particularité m’a permis de progresser dans mon équitation, alors, c’est une bonne chose. Généralement, le cheval est monté en fin de semaine par Thomas. Il travaille ce sur quoi je peux avoir du mal, notamment sur les exercices sur l’équilibre type rassemblé, car je n’ai qu’une jambe.  Le reste du temps, c’est moi qui m’en occupe, à l’exception du dimanche, qui est notre jour de repos à tous les deux. À côté, nous sortons aussi sur le circuit valide ce qui représente un très bon exercice pour nous tirer vers le haut. De plus, les reprises sont différentes de celles du para-dressage ce qui nous apporte beaucoup et nous permet de sortir à l’extérieur sans attendre les concours internationaux du circuit handisport.
Pour parfaire ma formation j’ai un autre cheval, Tarantino Fleuri (SF, Hohenstein x Weltmeyer II) âgé de quinze ans maintenant. Il prendra bientôt sa retraite internationale. Nous avons fait un bon bout de route ensemble. Nous avons notamment décroché trois titres de champions de France en para-dressage et un supplémentaire sur le circuit valide. Tarantino a bon caractère malgré sa sensibilité. Je ne l’ai pas forcément compris au départ mais cela a fini par arriver. Je continue de le monter dans mon travail au quotidien mais nous n’avons plus aucun objectif ensemble ; nous les avons déjà remplis. Aujourd’hui, ma fille le sort en concours de saut d’obstacles Amateur 2 et c’est une autre façon passionnante de poursuivre l’aventure familiale même si c’est dans une autre discipline. 

 N’est-ce pas trop contraignant de concilier vie professionnelle et vie sportive au quotidien ?

Je suis agent Enedis à la ville, père de famille dans la vie personnelle et cavalier à mes heures perdues. (rires)Avec la qualité du cheval que nous avons, j’aimerais tendre vers une CIP (Convention sportive d’insertion professionnelle, permettant d’établir un contrat entre un sportif, sa Fédération et son employeur, ndlr) afin de travailler à mi-temps. Ce serait vraiment l’idéal. Cela me permettrait d’avoir du temps pour monter à cheval et surtout de travailler sur ma préparation physique car j’ai du mal à trouver du temps pour ça. Concilier ma vie professionnelle et sportive est parfois un peu compliqué en termes d’organisation, surtout quand on a deux chevaux à monter. 

 Les Jeux olympiques de Paris 2024 représentent-ils une perspective excitante pour vous?

Les Jeux de Paris 2024 sont clairement un objectif pour nous. Y participer représenterait la concrétisation de tout le travail fait en amont avec le cheval, et aller chercher une médaille serait le Graal. Pour l’instant, nous n’avons pas encore gagné de médaille en para-dressage alors en décrocher une, voire plus, à la maison, serait merveilleux. En attendant, nous continuons notre formation pour être fin prêts le moment venu.