Béligneux Le Haras, trente-deux ans d’étalonnage
En cette période de choix du futur reproducteur pour votre jument, partons à la découverte d’un des étalonniers emblématiques du marché français : Béligneux Le Haras (BLH). Fondé voilà 32 ans en région Rhône-Alpes par Frédérique et Frédéric Neyrat, Béligneux Le Haras s’est rapidement démarqué des autres prestataires de l’époque en proposant la semence congelée des meilleurs étalons européens. Rencontre avec Sébastien Neyrat, manager de Béligneux Le Haras et gérant du centre de reproduction du Haras de Châtenay.
Béligneux Le Haras fut le découvreur de Cornet Obolensky ou encore de Baloubet alors que ces stars n’avaient que cinq et six ans. Depuis lors, le haras, désormais géré par Sébastien Neyrat, est reconnu comme une entreprise à la pointe de la demande mondiale en génétique de haut niveau.
GRANDPRIX : Le Dr Frédéric Neyrat a pris sa retraite fin 2020. Quelles sont les perspectives de développement de Béligneux Le Haras sous votre gestion ?
Sébastien Neyrat : Tout d’abord, la retraite est un bien grand mot quand on parle de mon père ! Il assure encore des actes techniques ultra-spécifiques comme les ponctions ovocytaires et gère un magnifique élevage d’une cinquantaine de chevaux, dont beaucoup sont extrêmement prometteurs pour le haut niveau. Pour ce qui est de la gestion de BLH, on ne change pas son ADN. Mon travail à la tête des entreprises familiales consistera à développer les trois grands axes stratégiques mis en place.
GRANDPRIX : Quelles sont vos valeurs pour le maintien d’un haut niveau de sélection génétique ?
Sébastien Neyrat : Il faut savoir jouer entre continuum, respect de nos valeurs, et l’extrême sensibilité à l’innovation génétique et zootechnique. C’est notre savoir-faire ! BLH jouit d’une formidable image de marque auprès des éleveurs européens. Nous l’avons cultivée avec mon père en proposant chaque année un catalogue d’étalons très complémentaires, plutôt haut de gamme, en veillant toutefois à conserver une accessibilité tarifaire pour satisfaire le plus grand nombre d’éleveurs.
Nous sommes historiquement très attachés au testage sur performances, gage de capacités physiques bien sûr mais aussi de solidité et de mental à toute épreuve. C’est la base indispensable qui sera la source d’un bon testage sur ascendance et descendance. Avec des chevaux comme Quel Homme de Hus, Mumbai, Cartani, Cristallo I, Colestus, Coros ou encore Cooper, nous nous assurons de proposer des têtes d’affiche recherchées par les cavaliers amateurs ou pro, des chevaux connus, reconnus, et dont la production est attractive.
Sébastien Neyrat : Nous sommes peut-être avant tout des techniciens de la reproduction. 450 juments sont inséminées au centre de Châtenay, dans l’Ain. La fertilité des étalons est notre préoccupation première.
Via l’amélioration des techniques de fécondation, BLH a pu étendre son catalogue d’étalons aux plus prestigieux d’entre eux. En effet, grâce à la ponction ovocytaire et l’ICSI qui fonctionnent désormais à plein régime au centre de Châtenay, en partenariat avec AVANTEA, le catalogue étalons s’étoffe de reproducteurs à la semence rare ou/et subfertile. Ainsi, nous obtenons un très grand nombre de gestations « exclusives » à des prix très intéressants pour nos clients éleveurs. Bien sûr, une telle révolution suscite la polémique, en particulier chez ceux qui ne maîtrisent pas la technique. On a déjà connu cela lors de l’avènement de l’échographie, de l’insémination artificielle, de l’insémination profonde, du transfert d’embryon, etc. Pas de panique, la polémique passera et l’innovation perdurera !
GRANDPRIX : Comment fonctionne votre syndication d’éleveurs ?
Sébastien Neyrat : Au niveau européen, le marché du cheval de sport de haut niveau est extrêmement porteur. Ainsi, les tarifs soutenus qui étaient réservés aux compétiteurs de plus de sept ans se sont progressivement étendus aux quatre, cinq et six ans, puis aux foals et désormais aux gestations et aux embryons congelés. Cela engendre un problème d’accessibilité à la très bonne génétique pour les passionnées que nous sommes. En regroupant nos forces à plusieurs éleveurs, comme nous le faisons depuis trois ans : une soixantaine de transactions (achat/vente) a pu être conduite sur des individus d’exception (poulinières, gestations et jeunes chevaux). Ces « syndications » sont un axe très important de développement. Elles permettent d’accéder à la meilleure génétique et de mutualiser les risques d’élevage. Enfin, elles rassemblent des éleveurs passionnés qui peuvent ainsi réaliser leur rêve et le vivre de manière conviviale avec d’autres passionnés.
GRANDPRIX : Cette année, votre catalogue contient un n°1 mondial (Quel Homme de Hus), un champion du monde (Coros) et des étalons très en vue. La production de Cooper Van de Heffinck a fait sensation aux JO et au ranking mondial. Quels critères orientent votre sélection ?
Sébastien Neyrat : Pour la plupart des étalons, nous nous flattons d’avoir été pro-actifs. Prenons les exemples que vous citez : Quel Homme et Cooper étaient des étalons prometteurs lors de leur entrée au catalogue BLH mais ce n’est qu’en 2020 et 2021 que leur côte a explosé grâce à leurs résultats sportifs ou à ceux de leur production. Pour Coros, nous savons que notre partenaire possède dans ses écuries des jeunes chevaux taillés pour le très grand sport. Coros est champion du monde des six ans, mais c’est, avant tout, un cheval géré et entraîné pour le futur haut niveau.
Lorsqu’un étalon commence à performer à haut niveau et montre des choses peu communes, nous nous y intéressons mais nous ne sommes pas les seuls. Pour convaincre un propriétaire que son étalon doit intégrer notre catalogue, il faut faire preuve d’attractivité et, pour cela, nous avons des arguments de poids :
- notre force de vente est de plus de 1500 saillies chaque année en France et s’appuie sur un des plus gros centres d’insémination français. Remercions au passage les très nombreux éleveurs qui nous font confiance chaque année et nous contactent pour des conseils de croisement.
- notre station d’étalons basée à Servas (01) est une écurie de rêve pour un reproducteur en fin de carrière sportive. Les chevaux y sont groomés comme durant leur quotidien de compétition, ils vivent au calme (sans jument à proximité) et travaillent chaque jour sous le contrôle de femmes et d’hommes de chevaux. Nous jouissons, entre Lyon et Genève, d’un emplacement géographique qui est un nœud logistique européen. Cela permet d’envoyer facilement la semence partout en Europe.
- notre gestion familiale est aussi très appréciée par les éleveurs, les propriétaires d’étalons et le microcosme des cavaliers internationaux. Si notre haras bénéficie désormais d’une reconnaissance mondiale, c’est que nous sommes des hommes de chevaux, pas des marchands. C’est à mon sens le meilleur moyen de pérenniser la confiance qu’éleveurs et propriétaires d’étalons nous accordent désormais. Cette confiance est notre plus grande richesse.
GRANDPRIX : Les éleveurs sont souvent perdus face à la profusion des offres. Quels conseils donneriez-vous ?
Sébastien Neyrat : Dans un premier temps, je leur conseillerais de discuter avec des étalonniers qui ont un catalogue assez riche et complémentaire pour prodiguer des conseils de croisement les plus précis et les moins orientés possible. Une grande partie de mon temps est consacré à observer des jeunes poulains au haras de Châtenay et ailleurs, à me déplacer sur les concours de jeunes chevaux et sur les terrains internationaux ou encore à visionner des heures de vidéos. C’est ainsi que nous reconnaissons les croisements qui fonctionnent et apprenons à connaître la production des pères après avoir connu celle des pères de mères. Dès lors, nous pouvons orienter nos clients vers le bon reproducteur, celui qui est adapté à sa jument.
Sébastien Neyrat : En effet, notre offre WAHOO consiste à proposer chaque année un ou deux étalons de renommée internationale à un tarif de saillie correspondant à celui d’un jeune étalon de trois, quatre ou cinq ans. Pour quelle raison ? Parce que, pour nous, les éleveurs qui ne veulent ou ne peuvent pas investir beaucoup d’argent ne doivent pas jouer à la roulette russe en étant obligés de choisir un jeune étalon non encore testé en concours. Sur cent jeunes étalons, combien seront réellement améliorateurs ? Une demi-douzaine, au maximum. Cela signifie que ces éleveurs vont presqu’à coup sûr payer les pots cassés. Même si la saillie est gratuite, ce sera toujours trop cher payé après quatre années d’élevage. Tandis qu’en utilisant un étalon brillamment et longuement testé sur performances au niveau 5*, le risque de produire une non-valeur sportive est quasi nul et, d’autre part, le poulain présenté à la vente a une carte de visite qui fait envie aux acheteurs potentiels.
Béligneux le Haras a un portefeuille d’étalons suffisamment épais pour pouvoir proposer ce type d’étalons 5* au prix d’un tout jeunot. C’est notre force ! Cette année, nous avons sélectionné Argento, numéro 1 mondial en 2015 et détenteur du record du nombre de classements en Grands Prix 4 et 5*, ainsi que Firth of Lorne, un magnifique fils de For Pleasure, gagnant de Grands Prix 5*. Cette offre rencontre toujours un franc succès auprès des éleveurs, en particulier ceux ayant beaucoup de juments à faire saillir.
À suivre sur GRANDPRIX.info, les sires qui ont marqué l’histoire de BLH et les plus grands espoirs actuels.